[west/quartier vert] poumon atrophié dans une ville qui respire déjà beaucoup trop vu la quantité de vides laissés partout, legion park apporte sa dose de verdure et de loisirs, oasis dans le désert pour les parents qui viennent encourager le match de football, pour les joggers qui adorent faire cent fois le même parcours ennuyeux. on raconte que big john, le mec pas futé que personne connait réellement mais dont tout le monde parle a un jour planté sa bagnole au fond du point d'eau, et on s'donne parfois le défi d'y plonger après un ou deux verres d'alcool pour vérifier.
[lycée] les briquettes rouges, tranchées des pierres de taille qui parent les ouvertures donnent des allures de château-fort dessiné par un enfant au lycée qui trône comme le point culminant de l'ennui pour tout adolescent peu studieux. passage obligé pour tous ceux qui se cherchent un avenir ou à qui on ne laisse pas le choix, il se prétend chic et propre comme si toutes les personnes qui l'ont fait construire et l'entretiennent ne réalisaient pas qu'il ne s'agit rien de plus qu'un lycée dans une ville poussiéreuse.
[ centre-ville ] ;; il faut y aller fort, pour appeler ça une ville, ou un centre mais faute de mieux il faudra faire avec, avec le quadrillage linéaire des rues qui n'apportent que peu de palpitants, parce que t'as du grandir dans un endroit où on peut choper la dernière moissonneuse-batteuse mais certainement pas les dernières jimmy choo, alors tu connais sans doute les magasins de matériaux, pour y avoir traîné à la recherche d'une distraction, d'un truc à faire exploser, à cramer. c'est aussi là où tu finis quand tu te fais attraper par les forces de l'ordre, pas franchement la définition du paradis.
[ east ] ;; countryside morne qui n'a d'intérêts que pour des adolescents qui cherchent à se planquer loin des parents, s'assurer de n'avoir aucun réseau pour leur téléphone, quand ils se réfugient dans les bâtiments abandonnés, hauts lieux du frisson, des fêtes interdites, de l'alcool acheté par les aînés, et du deal des petites frappes en manque d'argent de poche qui promettent des champignons à qui veut bien les écouter. c'est sinistre et c'est précisément ce qui ravi ce public désoeuvré.
[mother road] elle est dans tous les bouquins pour les touristes, comme si c'était incroyable, et à el reno c'est juste l'artère qui traverse, qui apporte son lot de nouveauté, qui donne envie de fuir, qui n'est qu'un vaste sillon de décrépitude avec lot d'industries et de commerces où tu croises ennuis et touristes qui se seraient perdus depuis oklahoma city. la longue langue de bitume est aussi alléchante qu'assassine quand tu rêves de disparaître, mais jamais elle fera la promesse de te vendre du rêve, avec son trafic paresseux, sa boutique de souvenir, et rien de plus que de la tôle qui chauffe au soleil.
[rehabilitation center] quelques bouches cruelles prétendent qu'il y a que les abrutis qui se retrouvent là, d'autre que c'est juste le nid d'une petite délinquance que les parents auraient mieux fait de noyer à la naissance. dans tous les cas ça fleurit rarement de mots doux, pour ce centre qui accueille des jeunes qui n'ont pas encore atteint la majorité mais qui ont déjà croisé les forces de l'ordre. c'est pas un camp de vacances, c'est pas le bagne non plus, avec des cours pratiques pour te remettre les idées à l'endroit, un couvre-feu, des règles et nettement moins de clémence que tes parents.
[environs et plus loin] lorsque tu quittes l'artère, lorsque tu t'éloignes du quadrillage géométrique du centre de la ville, tu trouves quelque chose entre le rien et le désertique, des champs à plus savoir où poser tes yeux pour ne pas être pris de vertige, des fermes, quelques industries abandonnés, des baraques qui vont du taudit à la propriété mieux entretenues que la ville toutes entières. tu peux aller par de-là les frontières, pour une raison obscure ou pour chasser les tornades avec tes presque-amis.