retard / elijah

bip bip bip. le bruit de ton réveil qui dérange. pour la troisième, quatrième, cinquième fois ? ou plus t'en sais rien. et tu t'en fiches. là, t'es juste dans le dur. l'impression que ton crâne va exploser sous la pression. qu'un troupeau d'éléphants y danse la zumba. les bribes de souvenirs qui affluent, le puzzle qui se forme. — puta madre ! la langue pâteuse. tu te redresses, étonné de sentir une présence à côté de toi. un corps chaud. merde ! t'es à moitié nu, ne portant qu'un caleçon. tes yeux s'habituent peu à peu au pénombre de la chambre, illuminée seulement par le rayon de soleil qui traverse les rideaux mal-tirés. c'est ... un gars. mais c'est bon, tu reconnais, et tu soupires. c'est elijah. rien à voir avec un plan cul, ou un truc foireux. ton meilleur ami. une soirée improvisée chez toi hier soir, quelques joints, une bouteille de rhum. et bam, tout part en couilles, comme d'habitude. — hombre ! un coup de poing amical sur l'épaule pour le tirer des bras de morphée, et tu tentes tant bien que mal de te redresser. une main sur la tête comme pour empêcher la douleur de te faire vaciller, tu cherches ton téléphone. pour savoir l'heure. rien que ça.

a moitié défoncé, y'a la lumière qui t'réveillerais mais t'as claqué l'premier coussin sur ta gueule pour t'protéger de l'astre qui transperce la fenêtre, t'entends de l'espagnol dans tes oreilles, putain qui insulte et gueule dès l'matin ? d'toutes manières y'a qu'une réponse possible à tout ça, enfin deux: ton père et izan. mots mâchés, plus du genre a ronchonner de devoir se lever quand le coup de poing sur l'épaule te donneras l'effort d'retirer l'coussin. du peu que tu vois le soleil qui te brule la rétine au passage. t'as ton téléphone qui vibre dans tout les sens, la jumelle qui s'plains que tu l'aies laissée en plan et qu'elle ait du prendre le bus. ptêt même qu'il y'aura une ou deux notifications d'june dans le lot, mais impossible d'y répondre depuis l'autre soir, que des vus où des messages pas encore ouverts. t'es pas un chien à qui on fout l'coup de bâton en croyant qu'il va remuer de la queue et tirer la langue. souffler et bailler comme un putain d'animal, la foutue barre au crâne d'après soirée comme si y'avait putain de the rock qui s'était posé sur ton crâne pendant deux jours. la voix rauque du matin qui lâche simplement " qué hora es ? " se relever simplement pour s'asseoir sur l'bord du pieu d'son meilleur pote, qu'un simple survêtement enfilé, les mains qui s'écrasent sur le crâne pour presque le masser -comme si ça allait faire quelque chose-. " hoy es viernes? " parce-que si c'est vraiment vendredi, t'avais un putain d'entrainement ce matin, et un devoir à rendre. bon en sportif t'arrives toujours à t'arranger a demander à un prof de déposer le devoir dans un dossier du professeur. mais merde.
y'a la tête qui tambourine,
a l'aide putain.
y'a pas un foutu médicament quelque part?

la voix endormie d'elijah t'arrache un sourire douloureux, parce que tu entends bien qu'il est autant dans le dur que toi. — no lo sé. dónde está mi teléfono ? le bruit du réveil qui te tape sur le système, l'envie de tout péter. finalement tu le trouves sur la table de nuit, sous ton bordel. le silence revenu, tu soupires, laissant la quiétude t'envelopper. tes yeux qui souffrent face à l'agression de l'écran, trop lumineux. plein de notifications. bien trop pour que tu puisses tout lire maintenant. tu feras ça en cours. merde. les cours. — sí ! nueve, mierda ! tu quittes ton lit qui grince, soulagé de ton poids. faut que tu boives. et que t'avales un cachet contre le mal de crâne. tu dois aussi te doucher. tu pues le matin. mais ... vous êtes très en retard. tu titubes jusqu'à ta commode, y attrape des sous-vêtements propres. — sers-toi, je file à la douche, rápido ! plus aucun gêne entre vous depuis des années maintenant. mais toi, t'as plus que trois minutes pour te doucher. alors tu cours.

putain t'sais plus vraiment avec quoi vous avez carburé hier soir, mais ça a l'air d'vous avoir tué tout les deux. alors que tu souffles pour essayer d'pas retourner voir copine morphée, y'a la question d'izan qui t'arraches un simple "no lo sé izan." assis sur l'rebord du pieu t'as vraiment l'air d'être encore sur une autre planète, quoique tout les réveils ressemblent à ça de toutes manières. tu retournes la tête l'air apeuré à la réaction de izan. PUTAIN LES COURS. l'entrainement. tu vois déjà le coach t'arracher la gueule. "mierda!" que tu t'exclames en te jetant sur tes fringues pour les enfiler aussitôt. puis l'premier cachet trouvé avalé en vitesse. "grouilles-toi izan on va s'faire éclater sinon." surtout tes parents qui vont t'éclater, du genre à au moins vouloir te voir en cours, même si tu bosses quasiment pas là-bas. t'enfiles ton tshirt qui était prévu pour l'entrainement dans la salle de musculation, pull à capuche enfilé aussitôt, sac sur l'dos.
deux minutes et t'voilà prêt, une foutue course contre la montre. sauf que la montre elle avance étrangement trop vite. et qu'votre pourcentage de chance de gagner l'défi là, il est presque équivalent à zero.

tu cours à moitié dans l'appartement, enlevant ton caleçon en trébuchant presque. tu t'en fous, il n'y a que vous deux à cette heure, ton petit frère a déjà dû partir. sinon il n'aurait pas hésité à vous gueuler dessus pour vous réveiller. le con, tu lui rappelleras ses devoirs de cadet, ce soir. l'eau n'est même pas encore chaude que tu files déjà sous le jet, gueulant que c'est trop froid. mais t'as pas le temps d'attendre. déjà elijah qui s'impatiente, qui t'ordonne de te dépêcher. — sí, ya voy, carajo ! t'essuyant, tu déboules à poil dans la chambre, glissant à moitié et manquant de t'éclater au sol. ça aurait été ... embêtant, en plus de gênant. ignorant la présence de ton pote, t'attrapes des vêtements propres, t'as l'impression t'être un contorsionniste. c'est la course folle. — bueno. les cheveux humides, le souffle comme si t'avais couru un marathon, mais t'es prêt. moins rapide qu'elijah, mais la douche c'est obligatoire, sinon t'as l'impression de ne pas te réveiller. putain t'as mal au crâne. t'avales aussi un médicament, imitant ton ami. — t'as intérêt à conduire vite. parce que de toute façon vous êtes foutus. alors autant en profiter, non ? déjà tu quittes ta chambre, sans attendre. parce qu'à cause de vos conneries de la veille, vous allez prendre cher, une fois arrivés à l'école. mais vous avez l'habitude, right ?

tu vois izan qui manque de s'vautrer et putain t'sais pas si c'est la situation où l'reste d'hier qui te fait avoir un fou-rire, parfois tu d'vrais prendre une caméra pour la moindre journée avec izan, parce que comme les deux cons que vous êtes, ça manque pas d'se lancer des défis débiles en plein cour, devant les flics, où même face a vos propres parents, l'genre d'gamin turbulent parce qu'il gueule haut et fort profiter de sa jeunesse, le cliché des 'boys' à l'américaine qui peuvent pas toucher à une budweiser avant la vingt-et-unième année. tu l'regardes parler seul, courir en caleçon maintenant pour se jeter sur les médocs que tu viens d'prendre. clés du bolide en main. en parlant de ça, pas besoin d'attendre plus longtemps pour entendre c'que t'adores entendre, alors les clés qui tournent sur ton index un instant comme si t'étais un putain d'cow-boy dans un film sergio leone. "j'conduis mieux que n'importe quel mec dans fast and furious izan." t'aurais peut-être eu la blague de trop, celle sur la conduite de paul walker si seulement c'était pas ton acteur préféré, alors tu la fermes, mais dans l'fond t'es quasiment sûr qu'il sait la connerie que t'allais sortir. descendre les escaliers quatre à quatre après avoir volé son sac et son téléphone d'un coup de pouce, la veste en jean enfilée sur le dos. se jeter dans ta caisse pour démarrer le moteur, voiture qui monte dans les tours. "vamos!" que tu gueules comme un cowboy en passant la première comme un malade, comme si tu te prenais pour un putain de pilote de rallye automobile, tu vas vraiment finir par te buter en conduisant elijah.

elijah qui vante ses talents de chauffard, tu te perds de lui envoyer un beau doigt d'honneur. parce que tu ne tiens pas à crever dans un stupide accident de voiture. mais faut bien avouer que lancé à pleine vitesse, ton pote est plutôt doué. vous déboulez les escaliers en courant, manquant de vous briser les jambes en glissant, comme deux crétins qui font la course. sautant dans la voiture, tu souris en entendant le moteur ronronner fort. t'adores ce bruit. mieux, t'adores être en voiture avec elijah, cette sensation de liberté, d'être les deux rois du monde. rien ne peut vous arrêter. alors quand il gueule en appuyant sur l'accélérateur, tu lâches un hiha de cow-boy, te calant confortablement dans le siège. tu luttes pour reprendre ton souffle, trop de temps que tu cours sans t'arrêter. depuis ton réveil, et ta migraine qui ne fait pas mine de se calmer. et ton corps qui réclame une dose de caféine, que tu ne pourras pas t'injecter avant un bon moment au distributeur du collègue. nerveusement tu regardes l'heure. — ça va être chaud. tu grimaces, parce que les minutes défilent bien trop vite à ton goût. — es una tortuga elijah. alors qu'au contraire, t'as l'impression que vous allez tous les deux mourir tellement il conduit vite. et tout à coup, c'est le drame. un bruit de ferraille qui gueule devant vous, en provenance du capot. — mierda. t'es pas mécano, mais tu sens tout de suite qu'il y a un problème avec la voiture. et vous ralentissez. tu fermes les yeux, maudissant les cieux, cette impression que le destin s'acharne sur vous, qu'il ne veut pas de vous à l'école aujourd'hui. parce que tu te doutes que c'est pas juste un manque d'essence. que c'est plus que ça. et que vous ne pourrez jamais réparer ça en deux minutes. — y ahora qué hacemos ? tu soupires, reposant ton crâne sur l'appuie-tête.

tu r'garderais l'doigt d'honneur brandi par le frère de toujours en riant où presque si seulement vous étiez pas en retard, anyway vous avez pas vraiment le temps de débattre sur le fait que tu sois un pilote d'exception où non -même si tu l'es et que personne ne l'avouera-. les escaliers de la maison moreno pourraient céder sous le bruit et le poids des deux adolescents qui dévalent trois à trois les marches comme des éléphants en rut. sauter dans la caisse encore endormi, de toutes manières c'est pas illégal de dormir la tête encore dans le cul. les clés tournées, contact allumé et moteur qui vrombit, belle mécanique digne d'un bolide de fast and furious, vous êtes deux putains de rois du monde, un pilote et son copilote, si y'avait pas cours, vous seriez surement partis sur un coup de tête là où votre connerie vous guiderait, à s'retrouver quelques heures plus tard sur le sable californien à regarder les nanas de là-bas. la voiture qui gueule, moteur qui fait envoler les roues où presque, gomme laissée dans un élan de fumée quand la bagnole part en trombes vers le lycée. tu grilles les feux, les priorités, tout c'que tu peux pour aller le plus vite possible au lycée, rien a perdre réellement ça t'étonnerait pas qu'on annonce que ton permis est invalide pour excès de vitesse, puis peut-être que tu finiras vieux en prison en attendant qu'on te juge pour le danger de la route que t'es. mais c'est loin encore, infinimement loin, alors tu profites. "je gère izan !" qu'il lâche des plus sereins, les deux mains sur l'volant à faire crier l'moteur dans les rues d'el reno. la ville n'a jamais été aussi active depuis bien longtemps. et pourtant t'as les yeux qui s'écarquillent quand l'tacot gueule et que la fumée sors du moteur. "que pasa?" que tu gueules presque en arrêtant la caisse sur le bas côté. tu pars presque instinctivement sur le capot de la voiture que t'as refait du début à la fin de l'alphabet avant de souffler des jurons seul devant la mécanique. de mauvaise augure. alors que tu retournes dans la caisse en soufflant. "no lo sé." que tu réponds à ton meilleur ami.
les dieux s'acharnent et vous disent de pas aller en cours.