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 to breathe filth (grace)

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Elias Roth
Elias Roth
/ pseudo / : belispeak, anaïs
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MessageSujet: to breathe filth (grace)   to breathe filth (grace) EmptyMar 23 Fév - 22:13

you buried me in the backyard
it hurts to breathe filth


Deux jours qu'il a perdu ses roues et que, de façon subséquente, ses ailes ont été coupées. Ça aura eu l'effet immédiat de kickstart un instinct de survie qu'il pensait mort et enterré pour de bon. Depuis l'autre côté de la route, c'est la ligne d'horizon qui regarde Elias plus qu'Elias ne regarde la ligne d'horizon et, progressivement, l'angoisse s'est logée juste entre ses molaires. Question d'échelle. Rien de plus familier à un Midwest kid que la peur de se faire avaler par les distances. Dans le fond, il est presque reconnaissant : précédée par l'urgence de se casser d'ici, l'urgence de se casser d'ici parait soudainement moins impérieuse. Sur le volet descendu du garage, une note manuscrite lit "be back in 15". Or, ça fait exactement vingt-sept minutes qu'Elias attend. Sous l'assaut du vent, même le Stoïque Soldat de plomb s'érode. Ça souffle et les pans de son blouson battent l'air derrière lui—amputation, exhibit b. Il se crispe et frissonne ; ignore si c'est le froid littéral qu'il doit craindre ou celui, métaphorique, d'avoir les deux flancs à découvert. On cue, le méchant hématome, planqué entre la laine et le dur des côtes, pulse, bien que vieux de presque une semaine. Par mesure de précaution, Elias range ses omoplates contre la grille métallique et s'achète une sécurité aussi vaine qu'illusoire. Balance un coude dans la cage externe pour la satisfaction de l'entendre rattle, pour trouver un écho à la flûte de pan interne. Symphonie de détresses multiples et variées, elles se manifestent de la seule façon qu'elles ont jamais connue : smoke signals cryptiques contre un ciel indifférent. La clope dans une main, l'autre palme le briquet dans le fond de la poche ; Elias tend la gorge vers les nuages, exhale et, gris sur gris, ajoute sa pierre à l'édifice.

Lorsque qu'une voiture s'engage dans l'allée, il ne la reconnait pas mais est néanmoins certain qu'il s'agit d'elle derrière le volant. Call it un pressentiment, le flair du prophète, ou la loi de Murphy—innocence died screaming et le bûcher a laissé la terre en friche dans son sillon. Des cendres, il n'y a que le pessimisme qui pousse ; ou la monoculture du Toujours Préparé pour Le Pire. Ergo, pour s'ancrer, Elias raffermit sa prise sur son briquet. Le serre suffisamment fort dans son poing pour que les phalanges virent au blanc. Se redresse, carre les épaules. Pourtant, la portière clique, et il ne faut que ça pour qu'il flinch visiblement. Une chaussure rencontre le gravier et il écrase son mégot sous la sienne. Une tête blonde émerge et, naturellement, ses yeux à lui basculent aussitôt vers le sol par la force de la physique élémentaire. Dans un exploit tout Grace-esque, leurs regards parviennent tout de même à se croiser ; elle d'être Mulder, larger than life, et Elias d'être lui-même, éternellement prisonnier de son champ magnétique. Fatalement, il est le premier à s'en détourner, lui présente son profil et le vit comme une admission de culpabilité. Le mouvement tient pourtant de la mémoire musculaire, une relique d'un passé cruel de paraître si lointain tandis que lui demeure inchangé. Pudique quand confronté à sa propre adoration, il a appris que contempler le soleil trop longtemps équivaut à risquer de s'y brûler les rétines. Et, assurément, lorsque son regard se perd sur la plaine, ça fait des jours que la lumière n'a pas percé la couche nuageuse, mais les phosphènes dansent avec les contours de sa vision. "I'm waiting for Coop." L'excuse sonne exactement comme ça, des excuses. Ça veut dire, il fallait une Force Majeure pour qu'il se permette de mettre les pieds sur son turf. Ça veut dire, tout plutôt que s'imposer ça. Ça veut dire, pitié, m'en veux pas. Par-delà le silence, leur dernière conversation résonne dans le bruit et la fureur, et c'est seulement pour lui couper court qu'il s'empresse d'ajouter : "He said to come by by five." Which was over half an hour ago, lui est stoppé par un bout de fierté en travers de la trachée. Et entre Grace et lui, il y a dix pas. Cinquante kilomètres, un continent, le foutu océan Pacifique. And nowhere to run.
Rien de plus familier à un Midwest kid que la peur de se faire avaler par les distances.
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Grace Mulder
Grace Mulder
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/ faceclaim / : s. leithold, kidd ; clementine von radics.
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MessageSujet: Re: to breathe filth (grace)   to breathe filth (grace) EmptyJeu 25 Fév - 20:11

you are a church of broken glass and hallelujahs.
you are haunted like every other holy thing.
what tried to destroy you didn't have the strength.
still you stand.
sturdy and smelling of smoke.

Sous la buée des cils chargés en regrets, les chiffres défilent. Et si Mulder fixe l'horloge numérique du tableau de bord intensément, c'est seulement dans l'espoir qu'elle rejoindra les rouages de l'esprit, définitivement immobilisés sur le bouton pause. A côté d'elle, le téléphone est posé face contre siège mais, condamnée à la force d'une mémoire à toute épreuve, les mots ont laissé une marque indélébile. Elias will be waiting at the body shop by five. Can't make it, please be there. Les lettres valent autant pour prétexte que pour piège qui, malgré les doigts qui pianotent impatiemment contre le volant dans l'essai vain de brouiller les secondes qui s'égrènent, se referme inexorablement sur elle avec la force d'une paume implacable contre sa gorge. Elle hoquète ; ça l'empêche de prendre de vraies inspirations, aussi se contente-t-elle des bouffées de nicotine et des volutes de courage qui partent en fumée dans la percée d'une vitre baissée. Insensible à la morsure du vent qui s'y engouffre, parce que le froid est maintenant p a r t o u t en elle, Mulder l'accueille dans les mèches blondes avec le lénifiant de l'habitude. Dehors, comme dedans, tout se décline en anthracite — la veste, le ciel, la bruine, la mine — parce qu'elle a perdu l'écarlate quand les dernières bribes d'une colère sourde se sont mues en nostalgie perçante. Et quelque part entre l'écho de ses doigts contre le volant et le bourdonnement infernal à ses oreilles, la mélodie du monde qui tourne sur lui-même résonne. C'est triste parce que c'est hurlant de vérité ; ni le soleil ni la lune n'ont arrêté leurs courses du fait qu'elle ait perdu son satellite, ou qu'elle se précipite à sa rencontre exactement comme on court à sa perte. La tête baissée, la nuque offerte, et les doigts qui pianotent frénétiquement dans la vaine tentative de retenir les grains du temps.

Le moteur et la respiration coupés, elle demeure un temps derrière le volant. Pas que l'instant ne se soit pas suffisamment fait attendre, elle qui le fantasme depuis des semaines, seulement qu'elle se cherche et revêt une contenance. Mais c'est peine perdue, et quand elle s'extraie de l'habitacle, elle ne sait pas encore si elle est Grace ou Mulder ; seulement un cœur dans la gorge, deux mains dans les poches de son blouson, des jamais-dits éparpillés ça et là dans les iris and then some. Sous le regard furtif d'Elias, elle s'arrête, paumes et bassin contre la carrosserie. Son corps croît dans la droiture et l'immobilité d'une cible, défaut d'une mémoire qui s'est rejoué en boucle les derniers échanges. Inspire une grande gorgée d'oxygène, qui lui sèche les lèvres, parce qu'elle se blinde. Et si toutes les flèches touchent le centre, souple et malléable, c'est le désappointement d'être si étroitement familière à quelqu'un qui ne l'est plus que par les circonstances qui tiraille le plus douloureusement quelque part sous la côte. Pas même le temps de la réflexion, de s'humecter les lèvres ou de faire un pas en preuve de sa témérité qu'elle est interrompue par le baryton. Le ton neutre fend l'air comme il fend sa peau, lui fait l'effet d'une entaille si réelle qu'elle est surprise de sa gorge immaculée alors qu'elle y attendait, du bout des doigts porté à l'endroit même de l'incision, la trainée tiède du sang. Elle lève les yeux, croise le profil et ce qu'elle interprète comme un gouffre insurmontable et, assommée par le r i e n là où elle lisait de bonne grâce une étincelle d'adoration, acquiesce. "I know." Le factuel pour seule riposte — pas de quoi faire des dégâts — elle se redresse, comprend dans la manoeuvre qu'Elias se raccroche aux banalités, et s'aligne. "He couldn't make it so he sent me," prononcé dans le détachement d'un staccato car trop empressée d'en finir avec les courtoisies. Retient in extremis le sorry qui lui démange la langue, in aeternam ce qui lui démange les entrailles. Et parce que l'immobilité est un confort, et qu'elle se refuse ce cadeau, elle se décolle. Quitte le terrain neutre dans un crissement de bottines, s'approche et rompt la distance en parquant son épaule contre la grille métallique où il est réfugié. Leur octroie tout de même la sécurité d'une distance probablement raisonnable. Main gauche dans la poche de son blouson, Mulder — parce que c'est elle qu'Elias a invoquée — s'accroche à un vieux briquet en plastique. "You've been avoiding me." Sous la langue, le ton est plus près du reproche que de la vérité générale. "So much so that I've been contemplating the idea of destroying your windshield but —" here we are. La bravade scintille pour rien, sinon l'espoir de le réattacher à elle par la force d'une dispute. Alors, elle se tend en attendant les flèches ; la tête haute, la nuque dressée, et les doigts qui pianotent frénétiquement dans la vaine tentative de dépenser les grains du temps.
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MessageSujet: Re: to breathe filth (grace)   to breathe filth (grace) EmptyMar 2 Mar - 20:48

Elle approche et, plus que jamais, il est the deer in the headlights : surnaturellement immobile dans l'attente de la collision. Rien de nouveau, précisément. Ça ne sert qu'à prouver que la dynamique entre eux a fini par les dépasser, si bien qu'elle leur attribue leur rôle respectif de son propre chef, même après six mois d'interruption. Grace, la dynamite. Lui, la montagne ; éternellement immuable si un poil trop désireux de voir ses entrailles s'effondrer, pourvu que ce soit elle qui appuie sur la détente. True to form, elle ouvre la voie. Les paupières fermées en préparation à l'impact, Elias counts his losses. Le vent continue à rager conte le grillage et procure la soundtrack idéale. Le métal froid tremble et hurle. C'en est presque réconfortant : c'est tout le globe qui donne l'impression de tressaillir. La surprise survient uniquement de la détonation en différé. Et, de fait, si surprise il y a, Elias choisit de l'imputer aux circonstances. Moins qu'il la connait mal et plus qu'il la connait mal ici et maintenant. Le simulacre de small talk —le "it's his bad leg again, isn't it? figures, god-awful weather", mort contre ses lèvres avant d'avoir pu être prononcé, frémit pour la dernière fois sous sa langue— aura réussi à brouiller les pistes. L'aura, l'espace d'un instant, presque convaincu qu'elle lui avait laissé la main. Qu'ils auraient pu naviguer la conversation dans sa zone de confort personnelle, tout ce qui est distant et poli. Juste l'espace d'un instant, ou juste suffisamment longtemps pour qu'il en oublie l'agilité prodigieuse de la boxeuse. Comme ça, ils plongent dans son territoire à elle. Elle assène le coup de grâce et il se prend la chute la tête la première, dents vs. béton. Il s'entend gasp. Contre le climat apocalyptique, le son en paraît trop délicat. Lyrique. Une ode élégiaque pour célébrer leur amitié sur le déclin, pour toutes les fois où l'audace de Grace lui aura ôté le souffle des poumons. Et n'est-ce pas précisément de cette façon qu'elle s'est faufilée sous sa peau, à repousser toutes ses limites une à une, conquérante, jusqu'à toutes les annihiler. Dans les trois millimètres de rétrospective qui lui sont alloués, ça semble désormais éclatant de bon sens. Faire du breathing space une barrière sacrée, ça n'a jamais été que son modus operandi à lui. It's all fair game to her. "But that wouldn't make for great business now, would it?" Puisqu'Elias aussi est fidèle à sa persona, il balaye les débris. Soudainement exténué, il pose une tempe contre le volet tandis que son visage s'angle de manière à, à son tour, chercher son regard. Il espère désespérément y trouver un peu d'humour, une trace de connivence, n'importe quel liquide duquel s'abreuver pour diluer les reproches. N'y lit que la cristallisation de ce qu'il redoutait déjà à demi-mot, sans oser donner trop de poids à l'idée : savoir qu'il mérite son ressentiment ne le rend pas plus supportable. Néanmoins, même au pied du mur —dans tous les sens du terme—, le silence tient bon. A ses yeux, fardés aux épopées bibliques et à la Souffrance majuscule, le mutisme passe pour noble, encore plus pénitent que l'aveu, nécessairement self-pitying, l'aurait été. Personne n'a autant besoin de croire en la solidité d'Elias qu'Elias lui-même car, de fait, personne ne teste les seuils de son endurance avec une telle ferveur. Les dernières minutes auront démontré qu'il avait raison depuis le départ : il était impératif de s'éloigner de Grace et de sa manie à jouer avec ses loose ends. Trois phrases échangées, elle tire sur le fil. Et, déjà, Elias unravels à ses pieds. "You got to know how sorry I am. I had no right to yell at you like that. None of that was your fault." Arraché comme un pansement alors que, à nouveau, le menton pivote et ses pupilles retournent fixer la route, de peur qu'elle parvienne à détacher de son expression une confession qu'il n'est pas tout à fait prêt à lui tendre. A la place, il lui présente une offrande. Turns out, c'est plus facile à dire qu'à assimiler. Pour elle, il le croit véritablement. Comprend aussi que, objectivement, c'est vrai pour eux deux. Mais constate dans les faits, dans leurs regards qui s'éludent, que ça ne change strictement rien. S'il n'est pas en mesure de lui promettre l'Absolution, il peut au moins lui livrer son pardon à lui, à cueillir de ses paumes ouvertes comme un rameau d'olivier. Son sacro-saint évangélisme ou un principe plus primitif encore. Dieu, elle ; la dévotion est la même. Il était seulement naturel qu'il finisse par trouver une idole tangible sur laquelle projeter la religion imprimée sur ses os. "Thanks for sparing my windshield, though. It comes handy." Il tente un rire sardonique qui sort trop guttural pour avoir l'air anodin. Jure pouvoir entendre la supplication qui se tapit en-dessous. Let's not talk about it.
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Grace Mulder
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MessageSujet: Re: to breathe filth (grace)   to breathe filth (grace) EmptySam 6 Mar - 15:17

Il la regarde. La tête penchée, les pans de sa veste secoués par les assauts du vent, il cherche son regard. Et sous l'effervescence de la nouveauté, la contenance vacille. Quand ses yeux rencontrent ceux d'Elias, quelque chose grésille dans l'air et la pression atmosphérique chute. S'il a les iris aussi orageuses que le ciel qui s'assombrit à l'ouest, ce n'est pourtant que par la force de la génétique Roth ; tandis que Mulder lui renvoie les siennes, glacées aussi bien par nature que par les circonstances. Ne sait si elle frissonne sous l'effet de l'échange silencieux ou des bourrasques. Ça souffle sans qu'elle ne sache si c'est dedans ou dehors. Sans rompre le contact visuel, peut-être parce qu'elle cherche encore à y lire des réponses à des questions jamais formulées, ou la dévotion du disciple, ou le reflet d'une Idole, elle croise les bras sur sa poitrine. Soupire. Se jure que le regard sera soutenu jusqu'à ce qu'il soit le premier à se détourner du silence assourdissant tatoué sous ses paupières. Tout ça au nom d'un petit bout d'habitude retrouvée, elle sonde le visage en espérant y trouver quelque chose à saisir ; une piste, une prise à laquelle se raccrocher. Au lieu de quoi, dans toute la splendeur et la spécificité du martyr, Elias lui tend le bâton. Ça a l'effet d'un coup de fouet dans le dos ; ça lui aurait coupé la respiration si elle ne s'y était pas attendue, au moins un peu. Mais même en la voyant arriver, la vague a déferlé et Mulder se laisse submerger par les eaux. Depuis qu'elle connaît Elias, elle discerne la mélodie et l'arrière-goût de la pénitence mais n'a jamais pu se l'approprier avec la même dévotion. Peut-être que Mulder le jalouse dans son aisance à cut it open and lay it all out alors que son unique talent à elle, ce sont les preuves de son aptitude à give a damn dans les cris et l'explosion. Et si elle le déteste ici et maintenant, c'est seulement parce qu'il lui renvoie sa propre culpabilité. Dans sa trop grande tendance à ne voir que ses propres actions en faute, Elias déploie le pardon et ne demande r i e n en échange. En oublie, ou n'a jamais compris, que son impartialité tranche la peau de Grace plus vivement, plus efficacement que les éclats de voix ou de verre. Elle jure d'ailleurs qu'avec un poil moins de ferveur dans la voix, la rédemption aurait tranché net dans la carotide. A la place, le couteau ne fait qu'un tour dans la plaie encore fraîche. Damn tous ceux qui prétendent que le temps guérit tout ; Grace a beau laisser le temps faire son œuvre et même l’oeuvre son temps, la peau demeure à vif sous les côtes. Et c'est la preuve palpable que Temps et Oeuvre les ont amochés tous les deux. Maintenant, l'abîme entre eux est si réel que Mulder peut le sentir partout dans l'air ; l'atmosphère est lourde et électrique, et pas seulement à imputer à la bassesse des nuages, mais à son incapacité à faire un pas dans sa direction ou à reproduire l'impulsion qu'il a donnée. D'une main, elle joue avec la couture défaite tandis que l'autre soupèse le briquet en plastique — à tous les coups, souvenir d'un autre temps, sûrement une vieille relique à lui oubliée chez elle et retrouvée quelques jours plus tard, et le symbolisme manque de lui sauter aux yeux dans l'instant alors qu'elle s'y est raccrochée aussi violemment que vainement durant de longs mois. Les mains éternellement réfugiées dans les poches de son blouson au lieu d'être jointes devant lui, Grace fuit en empruntant la voie de secours qu'Elias lui accorde sciemment ou non. Machinalement, elle se redresse. Le rire lui procure l'excuse nécessaire ; elle détache son épaule de la paroi métallique et retrouve l'impertinence du vent qui brouille ses mèches. "Don't thank me before you see the car and what I've done to those tires of yours." S'immobilise à deux pas d'Elias et de son regard fuyant, trace pourtant une ligne bien visible de la pointe de la bottine sur les graviers — promesse silencieuse ou barrière inconsciente. Qu'il y trouve un certain réconfort ou une preuve que l'hostilité a volé des airs à l'amitié. Elle mord sa lèvre inférieure en sacrifiant un sourire naissant, rabat instinctivement une mèche blonde qui lui barre la vision derrière son oreille gauche. "You really think I'm mad because you yelled at me, huh?" Qu'il pense que les cris et les disputes la blessent prouve qu'il n'a pas encore compris le pouvoir de son silence et de la distance. Paradoxalement, elle lui fournit les armes. "The yelling, I can take. Shit, I deserved it. But the silent treatment? Having to learn things about you from Uncle Coop and—" Insensible à l'ironie du reproche, elle déglutit. "others?" La voix s'élève en même temps que le visage et une épaule. "Forgive me for believing that we were worth more than that." Et pour toutes les choses qu'elle ne sait pas dire. Avec un peu de chance, ça — le langage du repentir — le martyr comprendra.
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