but what a ghostly scene (junior)

il s'agace, rhys. la basket frotte contre le sol à plusieurs reprises. message discret pour faire comprendre qu'il aimerait juste se barrer. le message n'est pas reçu, il est même complètement ignoré. on lui avait dit une heure, c'était juste une embuscade. il aurait dû le savoir dès que le mot orientation a été prononcé. ça fait bientôt deux heures qu'il la regarde étudier son dossier sans beaucoup de conviction. les notes ne sont pas impressionnantes, les absences principalement non justifiées et les retards s'accumulent sans honte. pas glorieux. pas très investi dans sa scolarité si on laisse de côté son poste de capitaine et ses performances sur le parquet. la conseillère n'est définitivement pas emballée par ce qu'elle voit. les mains de caldwell sont moites et se découvrent bien seules sans ballon pour les occuper. le regard se perd sur une tâche d'encre sèche perdu au milieu de papiers. plus intéressant d'imaginer comment elle a fini là que de prêter attention à ce qu'on lui raconte. il attend, relève la tête quand il entend dans l'intonation de la conseillère qu'elle s'impatiente, les épaules se soulèvent davantage que la bouche ne s'ouvre. sauf que c'est elle qui ne l'écoute pas, parce-qu'il lui a dit ce qu'il voulait faire après le lycée et bizarrement elle l'a pas pris au sérieux. apparemment devenir joueur nba c'est pas dans son catalogue de carrière post-el reno high school. alors il la laisse réfléchir seule, à lui inventer des compétences et des passions qu'il n'a pas. elle finira par s'épuiser d'elle-même. du moins c'est ce qu'il espère. pour rhys, tout ce qui compte c'est le basket. rien d'autre. et tant qu'elle ne l'aura pas compris alors ils seront juste bloqués ici. les papiers s'enchainent dans l'imprimante, probablement qu'elle se défendra d'avoir brûlé un tiers de l'amazonie pour sauver l'avenir d'un gosse habitant dans le fin fond de l'oklahoma (aka une cause perdue). et c'est seulement quand elle lui tend un dossier rempli de brochures, d'annonces, de fiches de candidatures que rhys réveille l'ensemble de ses muscles. ça sonne la fin de cet enfer. le corps se redresse, la main attrape le tout sans se soucier de ses instructions. à peine sera t-il sorti de son bureau que tout finira écrasé dans son sac entre sa gourde et sa casquette. pas besoin qu'il fasse semblant. il répond poliment en se redressant et sort rapidement, de peur qu'elle le rattrape pour lui proposer un test de personnalité ou une connerie de ce genre. deux heures avec elle, c'est bien trop, il lui donnera rien de plus. alors il accélère presque, tourne pour aller à son casier. en chemin, il trouve une poubelle et y dépose tout ce qu'elle vient de lui donner. l'oeil est attiré par une voix qu'il connait, davantage en soirée que dans les couloirs. il suffit de l'entendre pour que ça réveille la rancoeur qui s'est installée depuis quelques semaines. parce-qu'à cause d'elle, son patron est sur son dos, à vérifier la caisse, les caméras et l'inventaire de façon exagéré. rhys est putain d'innocent, a juste payé les pots cassés d'un coup auquel il a même pas participé. mais il sait que junior est repartie les poches remplies la dernière fois que ses potes et elle sont passées à la boutique de souvenir sur la route 66. une simple carte postale achetée mais des stocks manquants sur beaucoup d'autres articles. rhys longe les casiers avant de se s'adosser à celui qui est juste à côté de celui de junior. le menton se relève vers elle, il évite les amabilités futiles, pas vraiment d'humeur à se la jouer lover. "tu t'es découvert une nouvelle passion ?" il se doute qu'elle va jouer l'innocente ou juste botter en touche. mais il ne la lâchera pas. pas quand il a dû voir sa paye du mois dernier diminuer pour rembourser sa connerie. "tu peux la trouver ailleurs que dans le vol l'adrénaline, junior" la remarque est sifflée, le regard est un brin menaçant. il a juste l'impression d'avoir été pris pour un con et ça le fume. qu'elle aille jouer ailleurs mais pas réduire le fric qu'il se tue à gagner en étant autant considéré qu'un vendeur abercrombie. "le mois dernier, la boutique sur la 66" au cas où elle ait besoin d'aide pour faire le tri dans ses vols à l'étalage. vu comment elles ont réussi à sortir sans même faire sonner le portique, elles ont forcément de l'expérience là-dedans. il est curieux de savoir si cet avenir-là est dans le catalogue de la conseillère d'orientation. pas convaincu. (@junior lasgow)