and after all (allie)

[ @allie snyder ] & [ junior lasgow ]

thérapie de comptoir

Y’a la mauvaise musique de fond qui perce les tympans. ‘Veulent se donner un air made in génération Z mais ça fait que gâcher le potentiel du lieu. T’as grandi dans cette ville, tes parents c’est ici qu’ils se sont rencontrés, l’aube d’un amour passionnant, ça te donne envie de gerber aujourd’hui quand tu vois l’éclatement de cette famille mise dans la catégorie ultra pourrie ! Puis y’a les regards qui trompent pas, les moqueries incessantes, c’est un peu devenu le lieu où faut venir pour se faire voir, où on se réunit pour échanger les derniers ragots, célébrer les matchs gagner, se faire passer pour des innocents alors que juste après ils prendront leurs petits bolides pour s’en aller faire la fête, alcoolisée cette fois. C’pas dans cet endroit qu’ils servent la moindre goutte, semblent connaître tous les jeunes qui y entrent, tous ceux qui se font passer pour majeurs alors qu’ils viennent à peine de sortir du berceau.
Le menton au repos dans le creu de ta paume, c’est quasiment le seul endroit de la ville où tu peux utiliser le réseau internet sans subir les coupures incessantes. Ton téléphone posé sur la table, d’une discussion somme toute banale avec ton interlocuteur. Maman est sûrement entrain d’appeler le service réclamation de l’aspirateur XM458 parce qu’il a été livré sans sacs. Mais maman, cet aspirateur il en a pas besoin. Tu roules de nouveau des yeux quand tu repenses à cette tentative de persuasion qu’elle n’a pas voulu écouter, c’est peine perdue depuis que les discussions ont totalement disparu.

L’application de rencontre déverrouillée, le mot de passe était assez facile à reconnaître. Y’a l’ombre d’un sourire sur les lèvres qui se dessinent quand il sort une blague vaseuse qu'apparemment vous seuls vous pouvez comprendre. Ça fait combien de temps que vous discutez ? Au moins une bonne demi-heure, t’as juste envoyé un appel à l’aide au départ parce que t’arrivais en terrain hostile, seule, comme bien souvent, faut tuer le temps avant qu’elle ne débarque ! Le milkshake qui diminue, de la paille glissée entre tes lèvres, maintenue par les dents de devant. Tu te précipites finalement de stopper l’échange en cours quand elle arrive enfin à la table, faudrait pas qu'elle sache avec qui tu parles quand même. “Et bah j’me suis pas ennuyée !” Que tu lui balances de manière la plus théâtrale possible, tu te décales finalement, petite place chauffée pour le fessier de ta partenaire. Le majeur qui se heurte à ce verre immense, l’emprise des lippes qui lâchent la paille, tu le fais glisser jusqu’à elle. “Tiens, j’ai mon quota de chocolat pour la décennie à venir.” Si t’y arrives toutefois !

and after all ; ft. junior

le silence assourdissant qui la rend folle, l'ambiance maussade de la maison qui l'atteint un peu trop. le genou qui tressaute depuis une demi-heure, les mots de son bouquin de biologie qui ne rentrent pas. incapable de se concentrer, la même page lue une dizaine de fois sans rien en retenir, et elle sait qu'elle devra y passer la journée et la soirée pour être au point le lendemain. la perspective de sa journée à passer les yeux dans le vide devant son bureau qui l'enchante pas vraiment. un sms de détresse à junior et un rendez-vous pris au café de la ville. pas l'embarras du choix, c'est le seul du coin, mais y'a le wifi donc ça va. le livre de bio qu'elle abandonne lâchement sans un regard, le sac et le téléphone attrapé à la volée avant de s'enfuir. les quelques minutes de marche dans l'air mordant pour se calmer, les remous si près de la surface qui reculent quelque peu. la façade morne de l'établissement qui lui arrache un soupir à la fois soulagé et anxieux. parce que y'a pas de silence ici, mais y'a tellement de personnes qui pourraient voir. enfin remarquer que ce sourire qu'elle sort à toutes les sauces, il a rien de vrai. le même sourire qu'elle affiche en entrant, et peut-être qu'il est pas si faux que ça quand elle aperçoit la blonde qu'elle est venue voir. la table rejointe en quelques secondes, les yeux qui visitent déjà les cieux aux mots balancés en guise d'accueil. « t'avais l'air bien occupée pourtant. » les occupations mystérieuses de junior qui l'ont toujours intriguée, la demoiselle qui se la joue secrète tout autant qu'elle. le milkshake réceptionné avec gratitude alors qu'elle s'assoit aux côtés de son amie. « tant mieux parce que j'en ai sacrément besoin. » parce que si elle peut pas courir pour oublier allie, y'a que le sucre pour la sauver de ses démons. l'énergie ardente qui l'a envahie dès le réveil enfin refroidie par la boisson qu'elle s'empresse de goûter. toujours le même goût, ça change pas et ça changera sûrement jamais. mais la familiarité qui lui est douce quand tout part en vrille dans sa vie. « alors, quoi d'intéressant aujourd'hui ? » comme s'il pouvait se passer quelque chose digne d'intérêt dans cette ville. mais les ragots et les fausses rumeurs qui occupent leurs après-midis et soirées vides de sens depuis qu'elles se connaissent.

@junior lasgow désolée du retard  

[ @allie snyder ] & [ junior lasgow ]

thérapie de comptoir

D’une relation qui vous unie, là où t’es incapable d’y mettre des mots, où t’es dans l’impossibilité de lui montrer l’affection que tu éprouves pour elle. Sûrement trop déçue d’un passé où une petite fille se retrouvait finalement seule à faire le chemin jusqu’à l’école, une fois que sa camarade lui avait tourné le dos. Promesse faite de ne plus jamais te faire avoir. Mais quand rien ne va, quand la solitude s’empare de toi, c’est vers Allie que tu te tournes, c’est toujours vers elle que tu retournes. Des rares personnes qui acceptent ta présence, sans demander des services qu’elles pensent avoir mérités. Les longues soirées passées avec elle, refaire le monde ou simplement le détruire un peu plus encore par des paroles maudites. “T’as l’air fatiguée.” Que tu balances alors qu’elle s’empare du liquide glacé qui, maintenant que t’as enfilé presque la moitié, t’en donnerait l’envie de gerber. Remarque faite de l’inquiétude d’une amie envers une autre, malgré la manière détachée de l’intonation, tu voudrais lui dire, lui confier qu’elle pourrait te parler, ouvertement et sans crainte d’un jugement mais t’es incapable. Parce que depuis des années tu t’es persuadée qu’un jour elle partirait, qu’un jour elle te laisserait, simple réalité. Allie quittera El Reno tandis que t’y restera, probablement internée à cause de l’instabilité de ton caractère, la même que celle de ton père.

“Oh tu sais.” Profonde inspiration, les épaules qui se lèvent, la moue qui se dessine sur ton visage. C’te ville maudite, c’te ville éclatée, où jamais rien d’intéressant à se mettre sous la dent, à moins que ça ne soit par le fait que toutes les deux vous taisiez les secrets qui s’amassent dans vos vies. “J’ai intégré le club des arts, apparemment ça pourrait faire le poids pour mon éventuel dossier.” Tu penses pas à l’avenir, à l’envie d’intégrer une université, c’est pas faute de t’avoir dit que tu avais du talent, qu’il fallait que tu l’exploite à un moment. “Je comptais juste squatter ta chambre universitaire.” Le coup d’épaule que tu lui offres, le sourire chaleureux et rare, signes d’une proximité que tu espères pouvoir projeter dans un imaginaire où vous resterez soudées. “J’ai recalé Elijah aussi.” Et tu sembles dire ça d’une manière tellement banale. “Je suis rentrée à pied après qu’il m’ait totalement abandonné, crétin.” Le jeu est presque bluffant, impassible, sans montrer à quel point ça t’a touché, vexé et humilié. Nouvelle inspiration. “Et j’ai croisé l’autre.” Pour ne pas prononcer son prénom, autant avaler des lames de rasoir que de salir ta langue à l'énoncé d’un simple Adriel. “Il est revenu.” S’en est presque écœurant. “Si je peux te donner un conseil Allie.” Ton corps qui se tourne dans sa direction, plus sérieuse cette fois. “Te fait pas avoir.” Parce qu’intimement t’es persuadée qu’il n’a rien de bon à lui apporter, peut-être que t’es pas la mieux placée à ce sujet, mais ce n’est pas là qu’une amie doit être présente ?

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