none of you.

none of you, adallie

le désastre de la journée. elle effarée allie, de constater comment ça a pu finir comme ça. le cours d'histoire auquel elle s'était rendue à reculons, parce que c'est l'un de ceux qu'ils ont en commun. adriel et allie. y'a plus de et entre leurs deux prénoms, y'a plus rien, à part un vide grandissant qui résonne avec celui qu'est en elle depuis toujours. et c'était adriel, qui l'empêchait de tomber dedans, qui prévenait sa chute mortelle. mais y'a plus personne maintenant pour la retenir, et junior elle comprend pas pourquoi son regard est vide depuis une semaine. y'a que quand il est là qu'il s'allume, la douleur qui l'inonde quand il lui adresse même pas un regard et qu'il continue de rire avec silas. la seule autre personne qui déclenche une émotion en elle, silas pour qui sa haine ne fait qu'augmenter, et elle se demande quand elle atteindra son maximum allie. alors quand il a fallu choisir un partenaire pour un exposé, elle s'est tournée vers junior. mais forcément, y'a un groupe de trois meufs qu'ont pas réussi à s'entendre, laquelle des trois se retrouvera seule avec quelqu'un qui fait pas partie de leur trio. la prof a voulu aider, et là ça s'est mis à protester de partout. alors finalement, il a fait les groupes lui-même, soi-disant au hasard. et là, sur le tableau, adriel et allie. le prof qui se la joue fileuse du destin sans même le savoir, la journée qui pouvait pas plus mal finir. la sonnerie qui retentit, les élèves qui se précipitent dehors en râlant de leur duo imposé, la prof qui s'enfuit prétextant une réunion, et allie qui a même pas la force de bouger. elle aurait été ravie avant, parce qu'au moins avec adriel comme partenaire, elle peut faire ce qu'elle veut du sujet sans devoir faire des sacrifices et prendre en considération les idées stupides de son partenaire. adriel il la laissait faire sans poser de questions, et même si c'était deux fois plus de travail pour elle, c'était plus rapide et plus simple. elle se demande bien comment ça se passera cette fois allie, quand la porte se rouvre pour laisser entrer adriel. il a presque l'air fier et elle comprend pas allie, avant de comprendre qu'il avait usé de tout un stratagème pour sécher le cours. elle reste là à rien dire, attendant impatiemment le moment où il réaliserait. et le voilà, qui pose les yeux sur le tableau, et sa réaction est semblable à la sienne, même si c'est pas vraiment celle qu'elle espérait au fond d'elle. « parce que tu crois que j'ai eu le choix ? » évidemment qu'elle leur aurait évité un moment de malaise comme ce qu'ils subissent maintenant, si elle avait pu. elle lui tend sa feuille du sujet que la prof lui a remis parce qu'il était pas là, sans un mot de plus, parce que c'est juste trop dur. aucune idée de ce qu'elle pourrait dire dans les circonstances. alors elle se lève allie, prend son sac et prend la direction de la sortie. « je t'enverrai ce que t'auras à dire à l'oral. » ça serait mieux d'au moins s'entraîner ensemble avant le jour j, mais elle est pas sûre qu'il le voudra, et elle est pas sûre qu'elle y arrivera sans pleurer. alors le mieux c'est juste de faire comme ils peuvent devant la classe et d'espérer avoir une bonne note. de toute façon, ça lui importe plus vraiment allie, son père qu'elle a arrêté d'essayer d'impressionner.

none of you, adallie

la boule dans la gorge qui grossit devant le constat de ce qu'est devenu leur relation. allie et adriel qui s'évitent, qui osent à peine se regarder dans les yeux, c'est pas normal. y'a rien de normal à cette douleur qu'elle ressent dès qu'elle le voit, pas plus qu'à cette culpabilité qui l'étouffe dès qu'elle s'autorise à y penser. elle aime pas les mots froids et durs qu'ils s'échangent allie, elle aime pas la distance entre eux. « le prof a choisi les groupes au hasard. » et elle tait la suite allie, parce que oui, cette fois elle aurait choisi junior si elle avait pu. les lèvres qui se pincent quand il lance une énième insulte déguisée à l'encontre de sa relation avec la blonde. et elle comprend pas allie, parce qu'elle a essayé qu'une seule fois de fumer, et elle a détesté la perte de contrôle qui a suivi. « je suis pas sûre que ça suffirait de toute façon. » pas l'envie de le détromper, sa vision d'elle qui semble déjà toute arrêtée, et ça la blesse allie. les mots de leur dernière discussion qui n'ont jamais quitté son esprit, la déception qu'il pense d'elle exactement la même chose que les autres. parce qu'adriel, c'est le seul à l'avoir jamais jugée, à avoir accepté ses changements d'humeurs, ses cris et ses larmes inattendus. c'est le seul qui la connaisse vraiment. et malgré tout, il ne comprend pas. « j'ai jamais dit que tu étais stupide adriel. on a toujours fonctionné comme ça, c'est tout. » et elle est loin d'être un génie. elle passe juste tout son temps libre à travailler depuis toujours, le manque de concentration qui lui demande plus d'heures de travail qu'à d'autres. les soirées et nuits passées penchée sur ses cours à faire et refaire des exercices jusqu'à ce que ça rentre, seul avantage de ses insomnies. « roma ? » la surprise même pas cachée, parce qu'elle imagine pas la présidente du conseil des élèves aider quelqu'un par pure générosité. la blonde parfaite sous tous les angles, entourée d'amis, qui excelle dans chaque matière, dans chaque match de soccer, à la tête du conseil des élèves. elle l'a toujours considérée d'un œil admiratif allie, parce qu'elle a tout cette fille, tout ce qu'elle n'a pas. et maintenant, elle a aussi ce qu'elle n'a plus. du temps avec adriel. elle ose rien rajouter allie, la jalousie qui lui vrille le cœur qui risquerait de lui faire regretter ses mots. les pensées qu'elle essaie de remettre sur le droit chemin, écrater la vision de roma et d'adriel autour d'une table à réviser alors qu'avant, c'était à elle qu'il aurait demandé de l'aide. « oui je dois aller à l'entraînement dans dix minutes. » et elle a hâte allie, de courir jusqu'à en vomir pour oublier cette conversation et toute la douleur qu'elle provoque en elle. « mais la bibliothèque sera fermée quand j'aurai fini, donc on peut travailler chez moi si tu veux. » parce que le café sera fermé aussi, et parce que ça fera chier son père de voir adriel à la maison. le garçon qu'il aimait tant, qu'il ne veut plus voir avec sa fille désormais, et elle ne le déteste que plus pour ça.

@adriel foster