we are fucked. up? (ken)

les cours d'anglais sont du genre pas mal ennuyants, en vérité ils font chier à en mourir, mais comme chaque autre lycéen damné, l'cul sur la chaise à chaque journée vous devez avoir. entre les pimbêches qui racontent le dernier drama de la ville, où le groupe de pote qui s'amuse a faire un classement des filles qu'ils jugent les plus baisables du lycée, c'est un sacré tableau qui reflète la vie de la moindre petite ville étasunienne. y'a les stylos qui grattent le vieux papier d'une feuille empruntée au voisin, le brouhaha de bavards incessants, les projectiles qui parfois volent quand le dos du prof fait face aux adolescents d'el reno. juniors incontrôlables, sauf certains, quoi que beaucoup sont calmes, mais on n'se rappelle que du mauvais des choses, c'est comme ça. t'es a moitié endormi dans la masse, les yeux qui luttent pour pas se fermer le temps de quelques minutes, jusqu'à ce jugement dernier: travail de groupe. un long soupire qui s'émane, de toutes manières comme toujours tu vas rien foutre, de toutes manières t'as déjà rien compris au sujet. l'seul moyen d'rendre ça plus intéressant, ça s'rait d'avoir l'moyen d'être avec quelqu'un de cool. mais t'as que l'envie de te foutre une balle dans le crâne quand t'entends le nom de la -terrible- partenaire de devoir.  whitlamb et valdez. qui siffle comme une balle de neuf millimètres au creux de ton oreille, le regard dépité quand tu regardes que la poupée blonde au paradoxal nom de son opposé masculin reste sur place comme une foutue statue sortie de la grèce antique. déjà l'agacement de la gamine qui va mâcher -comme toujours- son chewing-gum comme une foutue vache sortie tout droit d'une ferme de consanguins du fin fond de l'alabama. le sac sur le dos depuis le début du cours, prendre le bloc-note toujours vierge depuis le début de l'année. et le stylo trimballé depuis des années (tu l'as pris au restaurant de tes parents, y'a le logo du restau typiquement mexicain dessus). finalement s'poser sur le coin de la table où vous allez devoir bosser -si seulement un deux vous deux avait déjà connu ce que c'est de bosser-. un simple "tu comptais pas t'déplacer hein ?" qu'il lâche sans attendre, de toutes manières vous finirez par ne pas rendre le devoir, alors à quoi bon faire semblant de bosser. puis vous vous aimez pas vraiment, elle t'as pris en grippe sans raison -quoi que tu t'en doutes déjà-, et dieu sait que tu hais ça. t'ajoutes simplement "j'ai rien compris à ce qu'on doit faire, donc si t'as compris ce serait cool. sinon on fout rien." au moins c'est rapide ?

la chaleur de la salle de classe rend indolent, et la tête écrasée contre le poids semble peser plus lourd que jamais, assommée par un flot soporifique d'informations qui, à n'en pas douter, sera fort utile dans la vie de tous les jours de futurs jeunes adultes. ken égrène patiemment les minutes, pianote du bout des ongles la table sous le ronronnement du cours, jusqu'à entendre la sentence qui ne provoque rien chez elle. les travaux de groupe n'entraînent jamais rien de terrible, et elle est rodée aux mauvaises notes. quand son binôme lui est attribué, la tête ne pivote pas, continu d'offrir un profil sculptée dans l'indifférence profonde. valdez. n'existe pas. la colonne refuse de se redresser et de témoigner un quelconque intérêt jusqu'à ce qu'il s'invite sur un bout de table. elle prie pour qu'il s'installe le moins possible, parce qu'en partage de territoire elle est plutôt acérée. elle l'entend vaguement protester -ose-t-il vraiment et elle tourne enfin le nez vers lui. "et puis quoi ? tu veux le thé et les biscuits ?" les cheveux blonds virevoltent d'un hochement de tête désapprobateur avant de croiser les bras sur sa poitrine, preuve flagrante de son investissement à son maximum. "j'ai une tête à jouer l'assistante sociale ?" craché avec tout le mépris que peu contenir ses petits poumons, parce qu'elle se fiche bien qu'il ait rien compris à l'exercice, au cours, ou à la vie. elle a pas l'ambition d'aider son prochain, encore moins si le prochain c'est lui. elle a pas vraiment de raison valable pour ça, mais elle se cherche même pas d'excuses : c'est un état de faits, elijah mérite un low kick un peu traître, à taper en vache, botter latéralement sans prévenir avec l'espoir de faire mal. "c'est clair qu'il faut pas compter sur toi pour être l'élément brillant du duo valdez." elle se souvient pas l'avoir déjà faire quelque chose, tout ce qu'il donne à foison c'est a lack of energy qui lui fait rouler des billes avec une exaspération croisante, parce que si elle n'est pas l'élève de l'année, elle a du mal à supporter l'idée d'être condamnée à passer une heure ou plus assise à côté de lui. se faisant elle le regarde de haut en bas, affiche une moue ennuyée et soupire aussi fort que possible pour que personne ne puisse passer à côté de son exaspération. "tu sers vraiment à rien alors ? aucune utilité ? remarque je sais pas en quoi c'est surprenant."

il n'y a que le regard sur la blonde qui se veux froid dans cette classe, là où tout le monde s'entends un peu, où fait semblant pour ensuite parler sur le dos du 'binôme de l'année' à l'intercours. au moins vous jouez pas les faux semblants ken et toi. ses mots te touchent à peine, habitué d'ses mots les plus merdiques et d'son côté princesse qu'elle porte pas bien sur la gueule. oh des remarques sur elle et comment elle se comporte t'en aurais des milliers, et des horribles, mais t'as jamais vraiment été un connard de première avec ken, parce que tu sais que ça apportera plus de soucis en vérité. et pourtant sa pique sur l'assistante sociale te touche, alors c'est dans un haussement d'épaules et un souffle rapide que tu offres la première réponse à cette future joute verbale "j'pense que c'est pas chez moi qu'une assistante sociale doit venir.." référence au frère de cette dernière, de toutes manières: tout se sait à el reno. c'est la loi des petites villes, des communautés oubliées au bord des longues autoroutes. et putain qu'en vrai tu n'peux pas la voir, si le dégoût avait une image, ce serait surement celle de ken, parce que vos relations hormis les insultes, les piques et le manque de respect, ça n'a jamais été beau. t'as jamais su pourquoi, mais fallait bien répondre à un moment aux mots qu'elle t'envoyait a longueurs de journées. et t'as beau l'écouter déblatérer comme si elle était la reine de la classe, que tout le lycée soit à ses pieds où non tu t'en fous pas mal, en vérité t'aimerais qu'elle se fasse chopper pour la connerie la plus débile soit-elle pour qu'elle se fasse jeter comme le sort que les parents whitlamb ont réservés a son frère pas capable d'être intelligent un instant pour pas s'faire chopper. alors que t'as l'regard sur l'foutu sujet écrit au tableau, tu la laisses encore et encore parler, la feuille se griffonne de noir aussitôt, le sujet écrit deux ou trois fois de suite, pour essayer de le comprendre. parce que si tu rends rien, tu vas pas pouvoir jouer le vendredi soir au match -et c'est ta meilleure chance de t'en sortir, d'ici-. en vérité, tout t'agaces chez la connasse-de-service, peut-être parce que tu as appris à détester la moindre chose d'elle en retour de ce qu'elle te lâchait à la gueule. les yeux qui se ferment un instant dans un souffle d'exaspération, car c'est l'un des seuls adjectifs qui te décrit quand elle est là: putain d'exaspération. rapidement rétorquer donc "au lieu de dégueuler la condescendance, tu pourrais pas fermer ta gueule un instant kendall?" parce-que tout le monde sait qu'elle hait cette identité, qu' il faut pas être née de la dernière pluie.
et peut-être parce qu'elle a surement dû passer sous le bureau du proviseur pour qu'il demande aux professeurs de dire ken. tiens... marrant comme diminutif en connaissant le phénomène.

tu détournes le regard vers la blonde pour rapidement dire l'air ennuyé "si tu veux pas bosser restes sur ton foutu téléphone et tu me casses pas les couilles." et oui elle a ce foutu don de t'agacer en deux secondes, de te faire péter un câble avec un rien, t'sais même pas ce que tu fous encore assis à côté d'elle, alors que t'essayes d'écrire au moins un plan sur ce foutu devoir dont tu ne comprends pas un dixième de la consigne.

s’il fallait éviter une tête, c’était bien celle d’elijah. pas que kendall possède un investissement directement lié au camarade avec qui elle se retrouve puisqu’elle a une inertie proche de zéro, mais plutôt que celui-là, c’est précisément l’assurance de perdre toute envie de s’intéresser à ce devoir. de toute façon, elle n’est plus à une mauvaise note près et peut bien se permettre d'encaisser une nouvelle à ajouter sur le fil. insipide, encore plus inutile que le dernier de la classe, elijah c'est l'assurance qu'elle s'ennuie à crever tout en ayant une furieuse envie de gratter cette allergie qu'il incarne. ça lui rappelle que son chewing-gum n'a presque plus de goût et c'est tout l'effet qu'il lui fait. ça et penser à ce vernis qu'il faudrait refaire. elle le regarde retourner l'agressivité contre elle, hausse un sourcil méprisant avant de lui présenter son majeur fièrement dressé. "moi au moins j'ai une famille. t'es élevé par des clebs toi pour être aussi con ?" et à tous les coups des labradors bâtards feraient un taff mieux que ça. elle se laissera pas entraîner ce terrain, hors de question qu'un toquard comme lui s'immisce sous la peau pour trouver le coeur et y retourner le couteau qui y trône profondément enfoncé depuis qu'elle a gagné le titre d'enfant seule à la maison. elle pourrait se désintéresser de son existence à une vitesse folle, s'il avait l'intelligence de fermer sa délicieuse bouche stupide. mais faut pas demander un peu d'intelligence à un mec, ça c'est une certitude. elle aurait pu le laisser lui cracher à la figure sa verve brutale s'il tentait pas un kendall sur lequel il n'a aucun droit de regard. le corps se tend, la hargne aussi, délaisse la mollesse habituelle de la fausse enragée pour laisser place à une colère réelle et aiguë. parce qu'il faut toujours que les mecs s'approprient ce qui ne leur est pas donné, non ? la réaction ne se fait pas attendre, sa main rencontre sa joue dans une gifle sèche et brève, qui résonne dans la salle de classe, impose un silence curieux. le professeur se retourne, jauge chaque élève et ken redresse le menton en défiant elijah de la balancer. de toute façon elle en a plus rien à foutre, il l'a mérité celle-ci et elle est certaine qu'elle rend service à plusieurs personne en lui en mettant une. "appelle moi whitlamb si ça t'aide à dormir la nuit mais prononce plus jamais ce prénom, connard."