we be damned

we be damned ; silallie

trempée de sueur, le souffle court, la fatigue qui menace de l'écraser dès que l'adrénaline sera retombée, mais jamais aussi vivante. elle s'est encore concentrée sur la course à l'entraînement, délaissant les autres disciplines pour courir jusqu'à en vomir. le timing parfaitement contrôlé, le passage aux toilettes juste au bon moment et par chance, aucune de ses coéquipières n'a eu l'envie d'uriner en même temps qu'elle. la fin de l'entraînement passée à trottiner tranquillement pour refroidir son système, avant qu'enfin tout le monde se dirige vers les vestiaires. allie qui se préfère se poser tranquillement sur un banc entre deux rangées de casier pour récupérer pendant quelques minutes avant de rejoindre les filles déjà sous la douche. les sourires et les rires presque naturels pour une fois alors qu'écouter les petits tracas de chacune lui évite de penser aux siens. les séances d'entraînement qu'elle attend comme le messie pour se vider de son énergie, pour distancer la culpabilité qui l'étrangle, et pour essayer d'oublier la douleur qui transperce son cœur. allie toujours plus légère après s'être épuisée, le sommeil qui pourrait même ne pas la fuir trop longtemps ce soir. ses camarades qui la quittent une à une pendant qu'elle reste seule sous l'eau chaude à se détendre, comme d'habitude. toujours la dernière à partir, celle à qui le coach confie la fermeture des vestiaires féminins parce qu'il préfère rentrer rapidement chez lui plutôt que de l'attendre. et ça lui convient à allie, parce qu'au moins comme ça elle peut retarder autant que possible le moment où elle doit rentrer à la maison. l'ambiance familiale qui l'angoisse, le visage de son père qui la répugne et les regards fuyants de sa sœur qui l'exaspère. un long soupir alors qu'elle coupe enfin l'eau pour s'enrouler dans sa serviette et s'essuyer en vitesse. allie incapable de supporter le silence, le doigt qui glisse sur l'écran de son téléphone pour choisir une playlist de musiques à mettre. le pull et la jupe enfilés tranquillement en dansant, les dents brossées un peu trop vigoureusement pour ses gencives. et elle sursaute allie, quand elle aperçoit silas derrière elle dans le miroir. la main sur le cœur quand elle se retourne. « qu'est-ce que tu fais là ? » le malaise qui la prend à chaque fois qu'elle le voit, les souvenirs de leur nuit ensemble que l'alcool n'a pas réussi à effacer qui lui reviennent en mémoire, la honte qui lui cuit les joues. « le vestiaires des mecs c'est de l'autre côté, au cas où t'aurais oublié. » le ton agressif sans même qu'elle le veuille, le mécanisme de défense toujours instinctif face à lui.

@Silas Kane

we be damned ; silallie

entraînement d'athlé. habitué aux courses poursuites, le stress du chrono remplaçant celui de gars qui voulaient te frapper. il t'était semblé naturel d'intégrer le club à ton arrivée au lycée. la course était ton domaine de prédilection même si t'étais pas dégueu en lancer de poids et au saut de haies. c'était juste plus facile pour toi de courir, sans réfléchir. légère préférence pour le sprint : rapide et efficace. l'aspect solitaire t'avait attiré aussi. pas besoin d'esprit d'équipe ou de partager le mérite qui vient avec la victoire. tu penses pas à la défaite, un mot qui n'entre pas dans ton vocabulaire. ta concentration qui s'estompe au fil de l'entraînement. ton regard qui divague sur allie de temps en temps. sans peur qu'il rencontre le sien. elle a toujours su t'ignorer, au point de faire douter de ton existence. un doute qui te surprend, qui t'excite et que tu n'arrives pas à expliquer. et quand tu la vois prendre la direction des vestiaires, ton premier réflexe est de vouloir l'arrêter. avant qu'elle t'échappe à nouveau. plan qui tombe à l'eau alors que tu entends ton nom être appelé par ton coach. un énième discours sur pourquoi tu devrais concourir pour le lancer de poids. toujours aussi peu convaincant. j'y réfléchirais., un sourire poli en coin de lèvres qui disparait à la seconde où tu ne fais plus face au coach. la seule réflexion dans ton esprit est de trouver quoi dire à allie. les bons mots. ceux qui vont la faire te détester un peu moins. tu pénètres dans les vestiaires, tu ne l'avais pas vu en sortir. tête dans l'évier et dos à toi, tu ne sais pas comment annoncer ta présence. présence qu'elle finit par remarquer d'elle-même, t'avais sûrement l'air d'un stalker digne d'un film d'horreur. désolé, j'voulais pas te faire peur. t'es habitué à ce ton agressif, elle l'a toujours eu avec toi. il t'a souvent fait rire, moins ces derniers temps. tu t'attendais à un changement après cette fameuse nuit, tu l'as eu mais il n'était tout simplement pas celui que tu voulais. tu réponds pas vraiment à mes messages. réponses évasives, questions évitées, piques stériles. vous êtes de retour à la case départ. abandonner ne fait pas non plus partie de ton vocabulaire. tu te grattes le crâne, les mots qui manquent à nouveau. allie, elle te rend nerveux et ça, t'as pas l'habitude.

we be damned ; silallie

l'entraînement fini depuis un bon moment déjà, alors elle s'était attendue à enfin être tranquille allie. plus obligée de faire semblant, les sourires pour détourner les questions, les rires pour prétendre aller bien. enfin seule avec elle-même, son plus grand cauchemar mais un qu'elle ne peut affronter qu'après avoir dépensé toute son énergie. un moment qu'elle apprécie presque, le seul qui lui permet de souffler et de craquer sans que personne ne risque de la voir. pas de paires d'yeux scrutateurs dans les couloirs du lycée, pas d'inquiétude du père ou de la sœur. pas d'inquiétude d'adriel non plus. et ça fait mal, qu'il énonce ouvertement qu'il lui reste plus que silas. silas le seul sur qui il peut compter. l'amertume et le ressentiment qui la rongent, parce que silas il a toujours été là, à traîner autour d'adriel. ça lui a jamais plus allie, mais il a réussi silas, à garder leur meilleur ami pour lui tout seul. la défaite admise qui fait mal, qui enrage. alors elle veut encore moins le voir qu'avant, allie. mais il a toujours été têtu et évidemment, il est là. évidemment, pendant le seul moment où elle peut et veut être seule. le regard fuyant tandis qu'il s'excuse de l'avoir surprise, elle range soigneusement sa brosse à dent et son dentifrice dans leur pochette en plastique. elle le contourne en prenant bien soin de garder les yeux fixés sur le sol allie, elle range ses affaires et s'assoit sur le banc pour enfiler ses chaussettes haute. « je pensais que c'était une réponse claire du coup. » les messages qu'elle évite, auxquels elle répond que vaguement. parce que si elle a jamais apprécié passer des moments avec lui, maintenant c'est juste devenu trop dur. la culpabilité multipliée à chaque seconde auprès de lui, les vertiges qui la prennent au bout de quelques minutes. « qu'est-ce que tu veux, silas ? » la peur qu'il veuille lui annoncer l'envie de tout avouer à adriel. ou qu'il l'a déjà fait. son regard qu'elle évite soigneusement en faisant mine de chercher sa brosse à cheveux dans sons sac, alors qu'elle sait pertinemment qu'elle est dans son casier. incapable de le regarder, incapable de faire face à leur erreur ensemble.

we be damned ; silallie

ouch. elle avait pas tort. fais toi une raison silas, si elle te répond pas c'est qu'elle a pas envie de te parler. autant derrière un écran que coincée dans un vestiaire avec toi. mais ça, t'as pas envie de l'entendre. tu veux te convaincre que vous pouvez vous entendre. ton regard la suit, elle continue à ranger ses affaires comme ci de rien était. comme si ta présence l'importait peu, qu'elle voulait juste finir de se préparer tranquillement et partir. l'égo qui en prend un coup, t'aimes penser que tu fais un peu plus d'effet que ça. ses mains fouillent son sac à la recherche de tu-ne-sais-quoi, les tiennes passent comme à leur habitude sur ton crâne. elles le grattent lentement en pleine réflexion. allie vient de te poser une colle. qu'est ce que tu veux ? tout et rien. laisser cette histoire derrière vous. son affection que t'as jamais pu avoir. qu'adriel ne l'apprenne jamais. le lui dire. t'en sais rien putain. t'es perdu, tu te contredis dans tes pensées mais aussi dans tes actions puisque t'oses faire un pas de plus vers elle et lui dire on peut parler ? conversation que tu as toujours demandé, qu'elle a toujours esquivé. t'as l'impression d'être dans les bottes de tes conquêtes et putain qu'est ce que ça craint. le seul moyen de s'en sortir, t'en es sûr, c'est d'inverser la situation. et non de s'en éloigner tout simplement... logique. j'peux plus tout garder pour moi. tu pourrais. surtout si ça t'évite de te faire briser en deux. mais faut bien que tu trouves un moyen qu'elle t'écoute, qu'elle te parle. la menace qu'adriel l'apprenne plane au-dessus de vos têtes. jour et nuit. surtout la nuit, d'abord ça t'empêche de dormir. puis ça te réveille en plein milieu. alors t'as le droit de l'utiliser à ton avantage, non ? 

we be damned ; silallie

sa main qui retourne son sac dans tous les sens d'une concentration toute étudiée, le regard qui reste bien loin du sien. le cœur qui bat la chamade, le malaise qui s'est emparé d'elle à la seconde où elle l'a vu. son visage et son nom comme rappels constants de son erreur, qu'elle essaie de tenir à distance par tous les moyens. si elle était déjà pas très chaleureuse avec lui avant ça, elle est carrément froide depuis, espérant qu'il la lâcherait enfin. mais il lâche rien du tout silas. le soupir qui lui échappe à sa question. parce que parler avec lui, c'est la dernière chose qu'elle veut. parce que forcément, ils parleraient de la seule chose qu'elle veut oublier pour toujours. sa main se fige à allie, quand il prononce la phrase qu'elle redoute depuis leur erreur. celle qui hante ses pensées jour et nuit, celle qu'elle veut surtout pas entendre. elle relève la tête, croise enfin son regard. « pardon ? » elle lâche son sac allie, étudie son visage pour savoir s'il est sérieux. « mais ça va pas ou quoi ? » le ton et les paroles sans aucun contrôle, mais y'a plus personne pour les entendre ici. elle s'avance vers lui allie, sa voix qui devient plus forte. « t'es devenu fou ou t'es juste complètement stupide ? » parce qu'elle sait allie, ce qu'il adviendra d'eux si jamais il révèle tout. elle donne pas cher de sa peau à lui, et elle ose même pas imaginer le regard qu'il lui lancera, à elle. non c'est faux, ce regard elle se l'imagine toutes les nuits, elle le sent la fixer avant chacune de ses crises d'angoisse. le dégoût et la déception, la colère et la tristesse, la haine, tout ça qui se mélange dans les prunelles qu'elle connaît par cœur. ça la rend malade rien que de l'imaginer, parce qu'adriel, c'est le seul qui l'a jamais regardée comme ça. alors elle est à peu près sûre qu'elle s'en remettrait pas si ça arrivait un jour.

@silas kane désolée du retard