too sexy for my shirt (sorhéa)

il répond pas la question de rhéa. il veut pas admettre qu’elle puisse s’inquiéter pour lui. elle comprend sans trop comprendre. elle se dit qu’elle réagirait sans doute de la même façon. faire semblant d’être fort, s’inquiéter pour les autres au lieu de laisser les autres s’inquiéter pour soi. et elle a du mal à comprendre pourquoi il bouge pas. pourquoi il se laisse cogner dessus sans broncher. soren, dans la tête de la brune, c’est le mec fort, la grande gueule, celui qui sait pas se taire, qui l’ouvre un peu trop pour rien. elle a du mal à se dire qu’il ne réagit pas quand son père s’en prend à lui. ça semble tellement loin de la vision qu’elle a de lui. elle peut pas dire qu’elle est déçue mais c’est un peu incompréhensible comme situation. comme ce contact alors qu’elle s’apprêtait à partir. visiblement ça les calme tous les deux. tellement que rhéa, elle en oublierait presque levi et leurs chamailleries qui ont eu lieu plus tôt dans la journée pour ne penser qu’à soren et à ce qu’elle vient d’apprendre. ça tourne en boucle dans sa tête. elle aimerait tellement pouvoir l’aider, le sortir de cette situation. alors quand il cherche à se justifier, c’est presque si elle s’en veut qu’il ressente ce besoin là. il n’y a rien à justifier dans les gestes violents de son père. il n’y peut rien. il subit. et elle comprend. c’est pas évident à gérer comme situation. « et danae, elle sait ce qu’il se passe ? » protecteur de ses soeurs, ce n’est pas étonnant. en revanche, elle s’étonne qu’il soit le seul à prendre et que visiblement ses soeurs ne font rien. enfin surtout danae. elle comprend pas. une fois de plus. c’est tellement loin de sa vie. tellement loin de sa normalité, de sa vie de petite princesse. son regard se perd dans le regard du garçon, à la recherche d’une réponse qu’il refuserait de lui donner, elle sait pas trop. tout ce qu’elle sait c’est qu’elle a envie de l’aider. du mieux qu’elle peut. elle en a clairement les moyens, mais ça serait trop direct, trop incisif comme façon de faire. alors elle préfère simplement jouer le rôle de l’amie. celle qui lui prête une épaule pour souffler, une oreille pour écouter malgré leurs différends quotidiens. « il y a rien à comprendre soren. je t’apprécie et j’ai envie de t’aider c’est tout. ni plus, ni moins » enfin si, il y a peut être un peu plus, mais ça, elle ne l’admettra jamais. même sous la torture. « ça sert à ça les amis non ? » elle sourit légèrement. si tant est qu’ils soient réellement amis. elle ose espérer qu’après un échange comme aujourd’hui, il arrêtera de la repousser sans arrêt, qu’elle aura une place un peu plus privilégiée dans sa vie. elle sait pas comment ils vont ressortir de cette histoire. mais pour l’instant, elle n’a pas envie de retourner à la soirée. elle l’a presque oubliée cette soirée d’ailleurs. ce tête à tête avec soren occupe tout son esprit. perturbant et à la fois agréable. déconcertant, impensable et pourtant si appréciable.

ça le perturbe, cette situation, parce qu’il a pas l’habitude de parler de lui, vraiment, de ce qui se passe à la maison, de s’ouvrir sur ce qu’il ressent, ce qu’il pense vraiment de tout ça. même avec danae, le sujet est devenu plus que tabou au fil des années, culpabilité d’une part, rancune de l’autre, la communication qui s’effrite au fur et à mesure entre le frère et la soeur, sans qu’ils ne sachent vraiment comment s’y prendre pour recoller les pots cassés. alors en parler avec rhéa, la parasite, celle qu’il passe plus de temps à charrier qu’autre chose, ça sonne bizarre, décalé, comme s’il y avait un bug dans la matrice. et sa question lui arrache un haussement d’épaule, parce que la réponse lui semble tellement logique qu’il ne voit même pas pourquoi elle se la pose. “évidemment. on n’habite pas dans un palace, nous, madame, c’est difficile de passer à côté.” faire la sourde oreille, par contre, c’est une autre histoire. pas spécialement de rancune dans la voix, si ce n’est une pointe d’amertume à parler de sa frangine qui joue les aveugles. il énonce simplement les faits, ce qui pour lui fait parti de son quotidien. puis soudain, le relent de culpabilité de se dire qu’elle pourrait en vouloir à danae, ou du moins ne pas comprendre, et c’est plus fort que lui, personne à part lui n’a le droit de penser du mal de sa soeur, besoin irrépressible de prendre sa défense avant même que la moindre parole ne soit proférée contre elle. “mais tu sais, elle y peut rien. c’est pas avec les allumettes qui lui servent de bras qu’elle peut faire quoi que ce soit. on sera bientôt majeur de toute façon, donc on fera ce qu’on veut.” rêve fou d’un gamin qui ose encore croire qu’il pourra prendre la poudre d’escampette avec une gamine de quatre ans sans faire de vagues, et qu’il saura s’en occuper comme il le fait déjà presque maintenant. gamin qui voudrait simplement se tirer, qui l’aurait déjà fait depuis longtemps s’il n’y avait pas la gosse, abi, sa princesse à lui. san francisco, los angeles, n’importe quelle grande ville fera l’affaire. ne lui manque plus que la voiture pour se faire la malle et laisser cette famille pourrie jusqu’à la moëlle derrière lui. soren qui cherche à comprendre la gamine qui se trouve face à lui, ses élans de compassions soudain quand elle n’avait que piques et regards désabusés à lui offrir jusqu’à présent. les neurones qui refusent de se connecter malgré tout ce qu’elle peut lui dire, parce qu’au fond, il n’accepte pas qu’on puisse s’inquiéter pour lui. c’est son job de protéger les autres, pas l’inverse. accepter ce que rhéa lui offre, ce serait reconnaître sa faiblesse, reconnaître qu’il a besoin d’aide, besoin qu’on l’écoute, besoin qu’on le soutienne, et ça… c’est loin de lui faire plaisir. les prunelles qui viennent sonder les siennes, essaient de percer à jour ce qui pourrait se cacher derrière la façade de mère teresa, mais rien. le vide. aucune trace de quoi que ce soit, si ce n’est de la sincérité. et si son instinct premier serait de jouer les durs, de lancer une réplique à la soren pour alléger le ton et prouver qu’il n’est que désinvolture et nonchalance face à tout ça, quelque chose à l’intérieur le pousse à aller à contre courant de sa nature bouffonne. d’une main qui vient glisser dans les cheveux de la brune, le colosse qui se rapproche juste ce qu’il faut pour venir poser ses lèvres sur son front. parce que s’il est expert dans l’art de parler pour ne rien dire, les mots ont une fâcheuse tendance à lui échapper lorsqu’il s’agit d’exprimer sa gratitude ou tout autre sentiment. il s’éloigne presqu’à regret, ignore ce qui se réveille du côté gauche dans la poitrine pour lui offrir le sourire black, sourire léger de celui qui semble ne se soucier de rien, masque d’insouciance qui se met à nouveau en place alors qu’il indique la porte du menton. “tes invités vont commencer à se demander où t’es passée.” pas tout à fait certain que ce soit une bonne idée de rester plus longtemps que ça seul avec elle.

elle pensait pas rhéa, que ça le perturberait autant cette situation. elle comprend qu’il n’ai pas envie d’en parler. c’est normal, logique. a sa place, elle ne se serait pas étalée non plus. mais elle pensait qu’il s’ouvrirait un peu plus avec elle. après tout, elle n’est pas une inconnue pour lui. ça lui fait mal au coeur. et encore un peu plus quand elle comprend que danae sait. qu’elle laisse faire. sans rien dire. elle hésite à poser un jugement, mais se retient. elle comprend pas. elle sait. elle doit aussi voir les coups que prend son frère, certainement pour lui éviter à elle d’en prendre et pourtant elle bouge pas. elle fait l’autruche. et rhéa, ça la choque d’entendre ça. elle a beau essayer de retourner la question dans tous les sens, c’est incompréhensible. rhéa et son caractère de merde, elle se dit qu’elle, elle préfèrerait s’interposer si ça arrivait sous le toit des hastings, quitte à prendre au passage. mais savoir que son frère se fait cogner et ne pas bouger, elle aurait clairement du mal à l’accepter. mais une fois de plus, elle peut difficilement juger. elle connait pas leur quotidien. « tu comptes partir à ta majorité ? » après ce qu’elle vient d’entendre, elle a du mal à y croire. il laissera pas ses soeurs derrière lui. jamais. elle en est certaine. mais pourquoi pas. de toute façon, elle ne sera certainement plus là pour le voir. déménagement pas encore prévu, mais elle l’attend. elle le sait. et finalement, ça leur fait un point commun à rhéa et soren. attendre la majorité avec impatience. pas pour les mêmes raisons. mais ils attendent ça avec impatience. lui pour fuir, elle pour se fixer quelque part. une différence de style de vie qui raisonne encore un peu. les regards qui se croisent à nouveau. à la recherche d’on ne sait quoi. quelque chose de connu, de rassurant. elle sait pas ce qu’elle attend rhéa. qu’il lâche un peu la bride. qu’il accepte juste son aide certainement. ça doit pas être évident quand on y est pas habitué. elle s’attend à ce qu’elle connait de lui, c’est à dire une petite pique bien placée. mais non. à la place, elle a droit à un élan de douceur. une main dans ses cheveux bouclés qui la fait frissonner. c’est étonnant. d’habitude, c’est levi le seul autorisé à faire ce genre de geste. mais là, il est bien loin. elle n’y pense même plus, trop perturbée par le geste de soren. et elle est encore plus perturbée quand elle sent ses lèvres se poser sur son front. c’est délicat, apaisant, même rassurant. une façon comme une autre de communiquer. pour rhéa, ça veut dire beaucoup. son coeur qui rate un battement, des papillons dans le ventre. c’est étrange comme sensation. elle sait pas comment gérer ça, ni comment réagir.  cette proximité, c’est plaisant. enivrant. le temps semble s’arrêter l’espace de quelques instants. et elle revient doucement à la réalité en entendant la voix de soren. ça lui étire un sourire. elle a pas vraiment envie de repartir à la soirée. pas envie que ce moment de calme entre eux, de douceur se termine. pas envie d’ouvrir la porte de cette chambre et de repartir dans le monde réel. celui où elle n’est qu’une princesse à ces yeux. celui où il la tient à distance. elle acquiesce à sa remarque. « effectivement, faudrait pas les laisser imaginer qu’il se passe quelque chose entre toi et moi » qu’elle souffle en souriant légèrement avant de se séparer de lui. le naturel déjà revenu. direction la soirée.