too sexy for my shirt (sorhéa)

petite soirée d’été à laquelle il n’a pas dit non, parce qu’une soirée ça ne se refuse pas. même si ça se passe dans le palace de la marquise. la parasite, comme il l’appelle maintenant, parce que depuis qu’elle sort avec levi - si on peut appeler ça un couple vu le nombre d’engueulade qui les sépare régulièrement - elle est pas foutue d’aller traîner ailleurs qu’avec la bande. et ça le soule, soren. si au départ il aimait bien la taquiner, s’il s’est même dit à une époque qu’elle lui plaisait peut-être un petit peu, malgré ses airs de princesses, il ne la supporte plus depuis qu’elle s’est mise en tête de sortir avec son pote. trop têtue pour additionner a plus b et se rendre compte du pourquoi du comment ça l’agace, il se contente de se dire que c’est son petit côté moule qui s’accroche à son rocher qui lui tape sur le système. un texto à nana, histoire de voir si ça la tente, mais évidemment, elle a un empêchement. tant pis pour elle, il ne se privera pas de sortie pour autant. il sait pas trop pourquoi il est en couple avec elle, quand il y pense, à part le fait qu’il s’est gentiment laissé faire parce qu’elle est fun, nana, et puis elle sait. alors quand ça va trop loin, il peut toujours frapper à sa fenêtre, et c’est agréable d’avoir une échappatoire, quelqu’un à qui parler quand le besoin s’en fait ressentir. mais de là à ne pas s’amuser quand l’occasion se présente et rester sagement à l’attendre, il ne faut pas déconner, non plus. ça ne le dérange pas une seule seconde de danser avec une autre, de lancer quelques sourires et quelques blagues, parce que le flirt innocent n’a jamais fait de mal à personne, non ? et puis nana, elle le connaît, depuis le temps, elle sait bien comment il est. elle sait aussi qu’elle peut lui faire confiance, parce que s’il a le flirt facile, il n’ira pas la tromper pour autant. pas assez mauvais pour ça, le black, il se contente de s’amuser sans se prendre la tête. et puis, elle mérite mieux que ça. même s’il ne comprend pas toujours bien pourquoi il est en couple, il a fini par s’y attacher, et s’il peut parfois être con, il n’ira pas la blesser de son plein gré pour autant. alors la fille devant lui, celle avec qui il danse, c’est parfaitement innocent. et il aurait pu profiter de sa soirée en toute tranquillité, si une cruche n’était pas venu déverser le contenu de son verre sur son t-shirt. “putain fais chier.” mouvement de recul alors qu’il lance un coup d’oeil sur le liquide rougeâtre et collant qui dégouline sur son t-shirt blanc. définitivement foutu, celui-là. il souffle en levant un regard noir vers la coupable qui n’est autre que la parasite. évidemment. il force un sourire sur ses lèvres qui n’atteint pas tout à fait le regard, parce que ça le gave. “je sais que tu rêves de me voir torse nu, jasmine, mais c’est pas comme ça que t’y arriveras.”

c’est rare, les soirées chez rhéa. en principe, c’est toujours chez fallon. elle n’a jamais vraiment compris pourquoi d’ailleurs. la plupart du temps, elle suit parce que levi l’entraine avec lui. parce que ça lui change les idées. et puis elle aime bien passer du temps à discuter et à refaire le monde avec elias et diego. mais ce soir, c’est chez elle que ça se passe. musique, alcool, piscine. tout ce qu’il faut. une énième engueulade avec levi quelques heures plus tôt. une énième séparation temporaire. et finalement, cette fête est la bienvenue. pour se changer les idées. mais elle a du mal rhéa. et peut être un peu plus que d’habitude. pourtant, la violence des mots est toujours la même. les mots d’oiseaux ont encore une fois volé, ça a crié. elle est partie en claquant la porte. elle sait pas si il viendra. elle sait pas si il est redescendu en pression. et elle sait même pas si elle a vraiment envie de le savoir ou si elle préfère profiter de cette soirée pour respirer, se poser, s’amuser. l’envie de lui écrire la démange. mais elle est encore trop sur les nerfs, elle le sait. alors elle se retient. un rapide tour d’horizon sur qui est venu. et c’est sur soren que son regard se pose. sa présence a un coté apaisant sans trop qu’elle sache l’expliquer. il a ce coté je m’en foutisme qui fait du bien. pas de prise de tête et quand il y en a avec lui c’est jamais vraiment méchant. et là, le voir danser avec une autre nana, elle sait pas trop rhéa si ça l’amuse ou si ça l’agace. peut être qu’elle aimerait être à la place de la fille. oh oui ça c’est certain. un léger non de la tête pour chasser cette idée, la brune préfère aller se chercher un verre. elle se faufile entre les gens, discute avec certains puis avec d’autres et sans qu’elle s’en rende vraiment compte, elle se retrouve au milieu des danseurs. dont soren. un geste malencontreux - ou pure volonté de le séparer de cette nana, on ne le saura jamais - et son verre vrille sur le garçon. « et merde » elle lève les yeux au ciel avant de regarder les dégâts. « désolée, désolée, désolée » elle grimace. quelle idée aussi de mettre un tee shirt blanc à une soirée. on est jamais à l’abri d’un verre qui vole, la preuve. et sa réaction agace rhéa. comme si elle était pas déjà suffisamment agacée. « oh arrête un peu, si j’avais voulu te voir torse nu, je t’aurais invité à une pool party, pas à une petite soirée comme ça » touchée par le regard noir qu’il vient de lui lancer, alors qu’il n’y a rien de méchant, le geste n’était pas vraiment volontaire. le tee shirt est foutu, mais mouillé, ça laisse apparaitre effectivement son torse, elle y glisse un regard, l’espace d’un instant, avant de se reprendre. il peut clairement pas rester comme ça toute la soirée. le tee shirt est foutu. « viens, on va trouver un truc pour que tu puisses te changer » gamine qui file entre les gens pour se diriger dans la maison, premier étage, direction la chambre de son frère. il est à san franscisco pour le week end, il ne se rendra certainement pas compte qu’il lui manque un haut. elle fouille et rattrape un tee shirt qui ressemble plus à un polo mais qui devrait faire l’affaire « tiens, ça devrait t’aller, et si besoin, tu as une salle de bain derrière la porte là » pas sure que l’idée pour la salle de bain, parce que son frère n’est pas l’homme le plus clean du monde mais bon. ça devrait faire l’affaire.

elle se fond en excuse sur le coup, le visage contrit alors qu’il est incapable de retenir l’agacement dans son regard. parce que s’il y a bien une chose qu’il ne fera jamais, c’est de se mettre torse nu en public, d’exposer son dos et le secret qui s’y imprime à coup de cicatrices. alors la tâche sur le t-shirt, il sait qu’il va devoir se la garder jusqu’à la fin de la soirée, et ça le soule, clairement. agacement que rhéa lui renvoie en pleine face, il peut le sentir. sûrement une nouvelle engueulade avec levi, à tous les coups. il ne comprend pas pourquoi ils se donnent tant de mal si c’est pour se séparer pour un oui ou pour un non. pas vraiment un expert des relations amoureuses lui-même, mais s’il se prenait autant la tête avec nana, ça ferait longtemps qu’il aurait lâché l’affaire et qu’il serait parti sans un regard en arrière. “je me met jamais torse nu aux pool party, les filles seraient incapables de résister à ce corps d’appolon, j’ai pas envie de déclencher des émeutes.” toujours aussi modeste, sous le sourire tendu qui ne cache qu’à moitié la crainte de voir le secret dévoilé au grand jour. surtout à elle. il hausse un sourcil face à son regard qui glisse sur ce qu’il y a de visible à travers le tissu qui colle à la peau, et ça le fait rire intérieurement, l’humeur qui change aussi vite qu’une girouette, la colère qui disparaît déjà quand on le brosse dans le sens du poil. “la preuve, rien qu’avec un t-shirt mouillé tu sais déjà pas te retenir, alors imagine…” le coin des lèvres qui s’étire à l’idée de pouvoir la taquiner, parce qu’il aime bien ça, l’emmerder en toute circonstances, pousser le vice toujours un peu plus loin, juste pour le plaisir, c’est son jeu préféré, encore plus avec celle qui ne supporte pas ça. “t’es sûre ? tu veux pas profiter de la vue un peu plus longtemps ?” et y a même le rire qui s’échappe, parce que c’est bien trop tentant de la titiller, et que sincèrement, ça l’amuse. il la suit sans broncher pour autant, abandonne sa partenaire d’un haussement d’épaule sans se formaliser plus que ça, se faufile dans le sillage de la marquise alors qu’elle sépare les foules pour entrer dans sa demeure. palace dans lequel il n’a jamais réellement mis les pieds. le cours de cuisine vite oublié après qu’elle se soit mise avec levi, les soirées qui se font chez fallon, par habitude, il n’a jamais vraiment eu l’occasion de visiter son palace, semble découvrir qu’elle a un frère par la même occasion alors qu’elle l’entraîne dans une chambre pour prendre un polo qui lui tire une grimace. “je vais avoir des airs de de gosses de riche avec ça.” et on ne peut pas dire que ça l’enchante, la peur de tâcher un truc qui doit valoir autant que l'entièreté de son armoire remplie de vieux t-shirt. il l’attrape quand même, se dirige sans un mot de plus vers la salle de bain indiquée, referme la porte derrière lui. il ôte le t-shirt tâché pour enfiler le polo propre, quand la porte s’ouvre. brusque mouvement pour se retourner alors qu’il enfile rapidement le polo, s’emmêle les pinceaux, mais reste persuadé que le dos reste protégé, sans se rendre compte du miroir juste derrière lui qui doit renvoyer l’image directement dans les rétines de la brune. le sourire qui ne quitte pas les lèvres alors qu’il baisse le polo, parce qu’il refuse de laisser transparaître l’angoisse naissante au creux de l’estomac. “t’as pas su résister à l’envie d’apercevoir mon corps de rêve, avoue.”

elle s’en veut rhéa. mais genre vraiment. sa maladresse a encore fait des siennes. ça dure pas bien longtemps. parce que soren, il est agacé. ça se comprend, c’est normal. sauf que elle est pas d’humeur à se prendre une remarque de plus. levi a déjà fait un travail formidable sur l’humeur de la brune. massacrante. qui essaie de positiver sans vraiment y arriver. rumine. elle sait qu’elle devrait lâcher l’affaire. que chacun devrait reprendre sa liberté. mais elle y arrive pas. levi, c’est pas n’importe qui. avant de se retriturer l’esprit, soren la ramène à la réalité avec sa modestie habituelle. c’est vrai qu’elle ne l’a jamais vraiment vu torse nu. elle s’en souviendrait sinon. « et le grand soren black n’est pas capable de gérer une émeutes de filles qui lui courent après ? je suis presque déçue là » un très léger sourire. il y a donc bien quelque chose que monsieur black ne sait pas gérer ? elle en est étonnée. un regard qui glisse sur le torse musclé du garçon. levi n’est pas là, alors clairement, elle en profite. et bien évidemment, il le remarque. le contraire aurait été étonnant. « qui te dit que là, je suis pas en train de me retenir de te sauter dessus ? » elle secoue la tête amusée. finalement, heureusement que levi n’est pas là. une telle remarque, à un de ses potes en plus, aurait sans doute créer une énième guerre entre eux deux. « c’est tentant, mais je voudrais pas que tu tombes malade par ma bêtise quand même, ça serait dommage » elle dirait pas non. clairement. a profiter de la vue encore quelques minutes. parce que soren, il est plutôt mignon, faut bien se l’avouer. et puis parce qu’il y a un petit coté vengeance aussi. une façon, même si il n’est pas là, de dire merde à levi. puis finalement, elle l’entraine dans la maison. pour pas le laisser passer la soirée avec un tee shirt trempé et puant. bienveillance ou simple désir de vouloir rattraper sa connerie, on ne sait pas trop. le seul détail auquel elle n’avait pas vraiment pensé, c’est que son frère, il a effectivement un style de gosse de riche assez classe, loin des habitudes vestimentaires de soren. elle s’amuse en le voyant grimacer alors qu’elle lui tend le polo. « c’est possible, mais c’est le plus soft que j’ai trouvé » évitons quand même le polo rose bonbon, ou ceux d’une marque absolument inabordable. elle le laisse ensuite aller se changer, elle l’attend parce qu’elle sait qu’il va se perdre dans cette immense baraque. mais il est sacrément long pour changer simplement de haut. pire qu’une nana. ou alors c’est elle qui est impatiente. elle se décide alors à aller voir si il s’en sort. si le polo lui va bien. elle toque rapidement à la porte puis entre sans trop se poser de question. presque comme elle le ferait avec son frère en fait. elle s’apprête à lui répondre, mais le regard est attiré par le miroir. le dos de soren avant qu’il rabaisse le polo. mots perdus, elle est pas vraiment sure de ce qu’elle a vu. des traces. des bleus. elle fixe tour à tour le miroir puis soren, sans trop savoir comment évoquer ce qu’elle vient de voir. « euuuuuh, je… » elle hésite. ne pas savoir si elle doit s’excuser d’être entrée comme ça sans vraiment prévenir ou mettre les pieds dans le plat. ça prend quelques secondes avant que tout se repositionne correctement dans la tête de rhéa. elle reprend un semblant de contenance. « c’est quoi ces traces dans ton dos ? » presque sure qu’il va l’envoyer bouler. ou lui dire qu’elle a rêvé.

le léger sourire qui apparaît sur les lèvres de la brune, ça détend tout de suite l’atmosphère, et l’agacement s’envole aussi vite qu’il est venu, pour l’instant. “oh, c’est pas que ça me dérangerait, mais j’aimerai pas qu’elles s’entretuent à cause de moi, avoir des morts sur la conscience, tout ça tout ça…” la remarque en plus du regard qui glisse, ça vient renforcer son égo de mâle démesuré, et il peut pas s’empêcher de sourire en haussant les sourcils, le rire qui vient lui chatouiller la gorge, parce que le flirt, ça a toujours été son jeu préféré. jouer avec le feu aussi. alors la meuf de son pote, si le dit pote n’est pas là, tant que ça reste innocent… bien content que nana ne soit pas là, parce que pas sûr que la marquise ait encore la tête sur ses épaules après une telle réflexion, il ne se prive pas d’entrer dans son jeu, réduit la distance d’un pas pour venir murmurer ses conneries au creux de l’oreille. “oh mais ça, j'en doute pas une seconde...” laisse plâner le doute une seconde avant de se reculer dans un éclat de rire, de savoir qu’il joue peut-être un peu trop, mais que rien ne l’arrête pour autant. de toute façon, les absents ont toujours tort. “c’est trop aimable à vous, votre altesse, que de s’inquiéter de la santé d’un simple bouffon.” pseudo révérence avant de la suivre à travers la foule, jusqu’à la chambre du frère. il se demande ce qu’il en penserait, son frère, de sa soeur qui ramène un mec dans sa chambre. chose qui n’arriverait jamais dans la fratrie black, au grand jamais. le type en question se serait retrouvé émasculé avant même d’avoir franchi le seuil de la porte. mais bon, apparemment, ce n’est pas un problème chez les hastings, et elle n’a pas l’air de s’inquiéter une seule seconde de ce que son frère pourrait penser. “sérieux ? j’ose même pas imaginer ce que y a d’autre dans le tiroir…” frisson de dégoût qui le parcours à l’idée qu’elle aurait pu lui passer un polo d’une couleur douteuse soit disant à la mode, en particulier chez les gens qui ont les moyens de suivre la mode. quel adolescent normalement constitué n’a pas un seul vieux t-shirt qui traîne dans son armoire ? ça le dépasse, mais soit, le voilà qui file la salle de bain pour se débarrasser de son propre vieux t-shirt poisseux d’alcool. à peine le temps de le retirer et d’essayer de se glisser dans le polo que la porte s’ouvre - à croire qu’il lui manquait déjà trop. et il serait presque convaincu d’avoir réussi sa pirouette, d’avoir préservé le secret si bien gardé jusque là, tout fier de sa connerie balancée avec nonchalance. mais à voir son regard, son hésitation, il sent déjà que quelque chose cloche, qu’il a dû rater un détail. et quand la question tombe, il est fixé. il ne comprend pas comment, mais elle a vu. “je vois pas de quoi tu parles.” réflexe premier qui consiste à nier les faits alors que le visage se referme instantanément, ne rien laisser paraître.  il se retourne, tombe nez à nez avec le miroir, les deux neurones qui se trouvent enfin, font les connexions. soupir d’exaspération alors qu’il se rend compte qu’elle a réellement vu. la main qui passe sur le visage alors qu’il cherche une énième entourloupe pour tirer son épingle du jeu sans y perdre des plumes, mais rien ne lui vient, si ce n’est la vérité. et ça, hors de question d’en parler. soupir d’exaspération, parce qu’il ne sait pas quoi faire d’elle, toujours dans l’encadrement de la porte. il finit par se retourner, plante son regard dans le sien alors qu’il s’avance, juste assez pour se retrouver devant elle. “c’est pas des histoires pour les princesses. merci pour le polo. maintenant, tu permets, je crois qu’on m’attend sur la piste.”

l’atmosphère s’apaise et le jeu reprend. comme une habitude. ça cherche, ça pique. ça entre dans un petit jeu que les deux pensent maitriser mais qu’au fond aucun des deux ne maitrise vraiment. « oh tu as donc une conscience, j’avais jamais remarqué » elle pouffe de rire. même elle, elle se sent plus calme, plus tranquille à coté de soren. comme si les soucis et tracas du quotidien n’existaient plus. même levi et leur dernière dispute semblent loin quand elle commence à jouer comme ça avec soren. une petite envie de vengeance certainement, un égo à flatter, aimer penser qu’elle peut intéresser quelqu’un d’autre. elle s’amuse de le voir se rapprocher d’elle, lui murmurer une connerie. et elle rit. un rire qui se joint à celui du garçon. c’est presque si elle oublierait le tee shirt trempé d’alcool sur lequel son regard se baladait quelques instants auparavant. « c’est purement égoiste, qui me distraira si il t’arrivait quelque chose hein ? » elle s’en amuse une fois de plus. la marquise et son bouffon. presque un an que c’est comme ça entre eux. et c’est toujours autant plaisant. direction la chambre du frère. aucun scrupule a entrainer un garçon dans la maison. de toute façon, c’est pas comme si ils allaient se sauter dessus. et puis même, elle sait ce qu’elle fait rhéa. son frère est absent et pas près de revenir. alors autant en profiter. « disons que mon frère n’aime pas vraiment les tee shirt basiques. » sauf pour dormir. mais pas besoin de s’étaler là dessus. la garde robe du garçon est pleine de surprises, mais surtout de trucs hyper chers et qui se remarquent si ils disparaissent. c’est pour ça qu’elle a plutôt choisi un polo classique. au moins là, peu de chance qu’il se rende réellement compte qu’un truc à disparu. il va finalement se changer dans la salle de bain et rhéa l’impatiente, elle peut pas s’empêcher d’aller voir si tout va bien. même si en soit, dans une salle de bain il peut pas se passer grand chose. si son regard s’arrête en premier sur soren, il est bien vite attiré par le miroir. tellement qu’elle n’entend quasiment pas la connerie balancée par le garçon. des bleus. des traces de coups visiblement. du mal à penser que c’est le résultat d’une chute. son regard perçant se repose sur lui. il nie. et l’hésitation se transforme presque en certitude. une raison de plus pour croire qu’elle n’a pas rêvé. et que son dos est bien rempli de bleus. « oh si tu sais très bien de quoi je parle » elle le voit bien sur son visage. les yeux qui se font plus sévères, le sourire qui quitte sa place habituelle. elle commence à bien le connaitre et à bien connaitre les mimiques qu’il utilise. et elle comprend qu’il n’a pas envie de parler, qu’il préfère fuir. mais elle est pas prête à le laisser partir sans réponse. sans vraiment non plus être sure d’avoir envie d’entendre le pourquoi du comment de l’état de son dos. elle a presque peur de ce qu’elle va entendre si il se décide à lui parler. « donc sous prétexte que je suis une princesse, je peux pas comprendre d’où viennent les traces dans ton dos ? » elle lève un peu les yeux au ciel, limite agacée d’être toujours reléguée dans la case princesse. elle reste dans l’encadrement de la porte, pas décidée à bouger. « la seule personne qui attend quelque chose là, c’est moi. et tu bougeras pas d’ici tant que tu m’auras pas répondu »

et merde. première pensée qui traverse le cerveau alors qu’il se fait officiellement griller. la pirouette qui n’aura pas eu l’effet escompté, une parasite tout aussi déterminée à découvrir son secret qu’il l’est à le cacher, et ça l’agace, parce qu’il sent bien qu’elle ne lâchera pas le morceau comme ça. pire qu’un roquet accroché à son os, la gosse. il roule des billes, abandonne la technique de l’idiot qui ne voit pas de quoi on parle, puisqu’elle l’a percé à jour. gamin qui essaie de s’en sortir comme il peut, parce qu’il ne supporte pas de parler de lui, encore moins de ce qui se passe à la maison. de ce qu’il voit plus comme un signe de faiblesse qu’autre chose. il aime cette image de grand couillon qui n’a peur de rien qu’on lui donne, il s’y complait, aime en rajouter des tonnes quand l’occasion se présente. alors avouer la vérité sur le quotidien, ça ne colle pas, ça ne passe pas. “exactement. c’est pas de ton monde, ces choses là. alors cherche pas à comprendre.” fini le jeu, fini les taquineries et autre connerie, la carapace de bouffon qui se fissure à mesure qu’elle entre sur ce terrain miné. lui qui évite de blesser en général, par principe, il n’en a plus rien à foutre. parce que c’est devenu une question de survie. elle ou lui. et il compte bien sortir victorieux de cette impasse dans laquelle il se retrouve. il souffle alors qu’elle bloque la sortie, l’empêche de prendre la fuite, et à se sentir acculé de la sorte, il en aurait presque envie de la frapper, tout pour la faire taire. “tu risques d’attendre longtemps alors.” la mâchoire qui se crispe alors qu’il se retient, parce que malgré tout, elle ne mérite pas de se prendre son poing dans la gueule, et que surtout il ne saurait pas contrôler sa force. sauf qu’elle n’a vraiment pas l’air décidé à bouger. “putain rhéa, tu fais chier. bouge.” la voix gronde, tel un chien près à mordre. première fois qu’il l’appelle par son prénom depuis qu’ils se connaissent, il espère que ça servira à quelque chose. mais apparemment ça ne suffit pas, et elle reste campée sur ses positions. profonde inspiration alors qu’il s’avance encore d’un pas, se retrouve nez à nez avec elle, hésite à la bousculer d’un coup d’épaule, avant d’opter pour une option légèrement plus diplomate. les mains de colosse qui viennent se refermer sur les allumettes qui lui servent de bras pour la soulever et la déposer un peu plus loin, sans grande délicatesse. il plante son regard dans le sien une dernière fois, espère que cette fois le message passera. “c’est pas tes oignons, compris ? ça te regarde pas. t'es ni ma mère, ni ma soeur, et encore moins ma meuf. donc laisse moi tranquille.” et le voilà qui tourne sur ses talons, prêt à prendre la porte et retourner à sa soirée comme si de rien n’était.

c’est pas de ton monde. en voilà une remarque qui fait mal à entendre. elle pensait avoir dépassé ça rhéa. depuis bientôt un an qu’ils se côtoient avec soren. mais non. elle est toujours reléguée au rang de princesse à la vie parfaite. c’est dingue. et ça l’agace. beaucoup. soren, il a cette capacité de la faire passer du calme à la tempête en quelques seconde. et ça aussi ça la rend dingue. « t’es putain d’abruti en fait. tu crois vraiment que des parents qui cognent sur leurs enfants ça existe pas dans mon monde ? Tu crois toujours que je vis dans un monde tout rose et plein de paillettes, sérieusement ? » elle lève les yeux au ciel en mettant volontairement les pieds dans le plat. parce qu’elle ne voit pas une autre raison à ces traces dans le dos du garçon en dehors d’un père qui serait violent. elle vrille. parce qu’elle aime pas le ton employé. c’est sur qu’ils ne viennent pas du même monde, elle peut pas le nier. mais la violence, elle existe aussi dans son monde à elle. c’est différent. c’est pas une violence physique, mais une violence morale. mais ça, il n’a pas l’air d’y songer. préférant essayer d’esquiver par tout les moyens possibles. il semble s’agacer lui aussi. ça se lit facilement sur son visage. « oh je suis patiente, t’inquiètes pas pour ça » tu finiras par le cracher, le morceau. rhéa tête de mule. réa bourrique. surprise qu’il l’appelle par son prénom pour une fois. c’est donc ça un soren énervé ? plus de jasmine ou marquise. « ah tiens, tu te souviens de mon prénom maintenant ? félicitations. » agacée, ça gronde des deux cotés. mais elle ne bouge pas pour autant. bien décidée à obtenir des réponses à ces questions. elle attend. ce moment où il va flancher. craquer. et elle sent bien que ça va pas être facile à gérer. que ça va pas être que des mots. a vrai dire, elle s’attend à un coup de poing dans le mur, histoire de lui faire peur, plutôt qu’à se faire déplacer comme un vulgaire objet par soren. « lâche moi » elle essaie a peine de se débattre, pas qu’elle ne fasse pas le poids, mais elle préfère éviter un coup qui partirait trop vite sous le coup de la colère. elle entend que ça la regarde pas. la noirceur dans le visage du garçon lui ferait presque peur. il a pas vraiment tort dans le fond, ça ne la regarde pas. mais elle peut pas s’en empêcher. elle en a trop vu maintenant. alors elle souhaite juste une explication. comprendre ce qu’il se passe. gamine qui ne lâche pas le morceau. toujours pas. elle repasse devant, se campe devant la porte de la chambre. pas question de faire comme si de rien n’était. c’est plus possible. « t’as raison, je suis pas ta mère, ni ta soeur, ni ta meuf. par contre, j’pensais qu’on était amis. mais j’ai du me tromper. » et ça la blesse vraiment de réaliser ça. elle qui pensait que depuis un an qu’ils passent leur temps à se chercher, flirter et à s’envoyer des piques, il aurait un minimum de considération pour elle mais visiblement c’est pas le cas. « donc t’as prévu de faire l’autruche ? repartir danser avec ton flirt du moment et faire comme si j’avais rien vu ? bravo. t’es un champion de la lâcheté, j’te pensais plus courageux que ça » et elle finit par se décaler, résignée, pour le laisser passer. l’ambition du début est un peu retombée par déception. gamine dépitée et attristée de son comportement. elle préfère finalement lâcher l’affaire avant que ça parte trop loin, que les mots volent trop haut.

“mais va te faire foutre putain !” crie réflexe face à la vérité qui sort de sa bouche alors qu’elle saute à pied joint dans le plats. il refuse de parler, mais il faut croire qu’elle a décidé de le faire à sa place. et ça l’emmerde, soren, profondément, parce qu’il aime pas faire face à sa réalité, qu’il préfère que ça reste caché, enterré, loin de la lumière du jour. il préfère nier, ne pas y penser, oublier que ça existe, que c’est sa vie, son quotidien. il préfère vivre sa vie comme si de rien n’était, profiter des jours qui s’enchaînent les uns après les autres sans penser à ce qui l’attend à la maison. gamin qui préfère vivre au soleil en oubliant sa misère. alors quand elle la lui ramène en pleine face, ça lui hérisse le poil, il refuse d’écouter, refuse de parler, refuse d’entendre. autruche qui plonge sa tête dans le sable en fermant les yeux, tout pour ne pas voir. reste dans sa bulle alors qu’elle tente de la percer par tous les moyens. et elle insiste, démontre l’étendue de sa patience infiniment plus élevée que celle du black alors qu’elle se plante devant la porte, l’empêche de prendre la poudre d’escampette comme il en rêve tant. “t’es une vraie chieuse c’est pas possible.” l’attaque facile, l’insulte qui glisse sur la langue parce que si c’est pas ça, c’est les poings qui volent. et il ne veut pas perdre le contrôle, même si c’est de plus en plus dur face à l’emmerdeuse de première qui lui bloque le passage. les mains qui viennent la déplacer plutôt que l’assommer, pourtant ce n’est pas l’envie qui lui en manque. mais évidemment, ça ne suffit pas, il faut qu’elle s’empresse de venir à nouveau lui bloquer le passage alors qu’il se dirige vers la porte de la chambre, qu’il pensait pouvoir retourner à sa soirée. soren qui souffle, qui retient une insulte prête à claquer sur la langue, qui sert les poings, les jointures qui craquent et blanchissent à force de serrer, et il donnerait n’importe quoi pour envoyer cet excès de rage dans un mur plutôt que dans sa tête. la désillusion dans le regard de la brune le tend encore plus, parce qu’il ne sait pas s’ils sont réellement amis, aujourd’hui. ils l’ont été, au début. aurait pu être plus, avant levi. mais maintenant, qu’est-ce qu’ils sont, si ce n’est deux ados qui passent leur temps à s’emmerder dès qu’ils se retrouvent face à face, pas foutu de parler sérieusement plus de cinq secondes. gamin qui refuse de voir ce qu’il ressent vraiment, ce qui le pousse à la fuir, en particulier maintenant. les derniers mots de la brune alors qu’elle se décale enfin lui font oublier la porte enfin libérée, la sortie de secours qui lui tend les bras, à portée de main. ça bouille à l’intérieur, l’étincelle qui vient allumer la mèche, le trop plein contenu depuis trop longtemps qui explose, brasier qui consume tout sur son passage. “putain mais tu m’emmerdes à la fin ! tu veux que je te dise quoi ? que oui, je suis qu’un putain de lâche doublé d’un connard ? que oui, je me laisse faire sans rien dire ? que non, je dirais rien ? que oui, je vais attendre sagement que ça passe en serrant les dents ? que non, je lèverai pas la main sur mon père, même si j’ai envie de le buter ? c’est ça que tu veux entendre ? alors ouais, je suis peut-être moins courageux que ce que tu pensais, mais tu sais quoi ? j’en ai rien à battre. t’as qu’à penser ce que tu veux, ça changera rien à ma vie, elle restera aussi merdique qu’avant, donc ton jugement de princesse à la con tu peux t’le garder. tu sais rien, rhéa, tu comprends ? rien.” pression qui redescend d’un cran infime, juste assez pour se rendre compte de sa faiblesse, revers de main qui vient violemment faire disparaître toute trace de l’unique larme qui se fait la malle. parce que merde, un homme, ça pleure pas.

elle a tapé dans le mille. sans aucun doute. à entendre la réaction de soren. donc papa black cogne son fils. et a première vu depuis un moment. elle a le coeur qui se serre à comprendre cela. se sentant presque coupable de n’avoir rien vu pendant un an à côtoyer soren presque tous les jours. il lui remet sa vérité en pleine face. faire l’autruche, ne pas écouter et attaquer semble beaucoup plus facile. c’est une réaction de défense comme une autre. finalement, pas si étonnante que ça. la brune résiste, lui barre le passage une première fois. la pression est en train de monter, des deux cotés. et au fond, elle espère que ça va pas trop dégénérer. parce qu’elle a pas envie que ça aille trop loin, ni de regretter des mots ou des gestes. elle n’a pas le temps de riposter qu’elle se fait déplacer une première fois. poids plume que soren soulève d’une facilité déconcertante. mais elle n’en a pas fini avec lui. pas encore. c’est trop facile. alors elle se poste à nouveau devant la porte, de la chambre cette fois ci. un lion en cage. peut être même deux à en juger par leurs comportements respectifs. elle se laisse pas démonter la gamine. pourtant, ça fait mal d’entendre qu’il ne lui porte aucune considération, là où elle, elle s’inquiète, maladroitement de ce qu’il lui arrive. et ça lui coupe tout. plus de patience, plus d’envie de savoir ce qu’il se passe. elle est amère de comprendre que après un an à passer du temps ensemble en colle, en soirée, à se faire mutuellement chier, elle est et restera à ses yeux une princesse. même pas une amie. non. juste quelqu’un qui est incapable de comprendre ce qu’il vit. une moins que rien qui a eu de la chance dans sa vie. mais c’est sur que si on le lui explique pas, elle pourra jamais comprendre. elle s’attend à le voir partir, disparaitre de la soirée mais non. visiblement, elle a eu les mots de trop. ceux qui le font littéralement exploser de rage. alors elle l’écoute. sans rien dire. elle fixe son regard et croit presque y voir des flammes. c’est dur à entendre. si le voir aussi énervé ne l’ébranle pas vraiment, les mots par contre se font écho dans sa tête. elle réalise qu’effectivement, elle ne sait rien. elle n’a jamais vu le père de soren. et une fois de plus, la culpabilité commence à prendre place. elle a le souffle coupé d’entendre qu’il se laisse faire. mais en même temps, est ce qu’il a vraiment le choix ? qu’il va attendre que ça passe. il lui reste quoi, un an ou deux encore avant de pouvoir quitter la maison familiale ? elle secoue la tête pour essayer de remettre les idées en place. trouver des mots qui raisonneront suffisamment dans la tête du garçon. « ça y est, t’as fini ? » pas vraiment douée pour parler, elle remarque toutefois les yeux brillants du garçon, ce revers de la main qui vient enlever une poussière pour ne pas dire une larme et ça lui fait encore un peu plus mal au coeur d’en être arrivé là. c’est encore mille et unes questions qui se bousculent dans sa tête. « t’es prêt à m’écouter ? ou tu vas encore m’envoyer balader parce que je suis une princesse ignorante incapable de comprendre ? » elle le sonde du regard, hésite sur les mots à employer, les gestes à avoir ou non. elle prend une grande inspiration, s’apprête à se faire jeter, après tout elle n’est plus à ça près. et sans même attendre sa réponse, elle finit par lui prendre la main. un geste qui se veut plein de douceur. elle l’entraine s’assoir sur le lit. quelques minute, pour apaiser les choses. elle veut pas de guéguérre absurde avec lui. elle regarde le sol quelques instants, à la recherche de la confiance en soi avant de finalement se décider à parler. calmement. « t’as raison. je sais rien. mais tu sais quoi ? je demande que ça, que tu me fasses suffisamment confiance pour m’en parler. je voudrais juste que pour une fois, tu arrêtes de penser que je peux pas comprendre ce que tu vis sous prétexte qu’on vient pas du même monde toi et moi et que tu m’expliques » elle baisse à nouveau les yeux. c’est pesant cette ambiance, surtout quand on sait pas à quoi s’attendre comme retour. la gorge qui se serre en réfléchissant quelques instants à la suite. la main toujours liée à elle de soren. « tu ne me considères peut être pas comme une amie. mais saches juste que pour moi, tu es un ami. et que le jour où tu auras envie d’en parler, ou que tu auras juste besoin, je serais là. » elle finit par lui lâcher la main et se lève pour quitter la pièce. tout a été dit de toute façon. elle sait rien, elle peut pas comprendre. c’est ce qu’elle retient en tout cas. alors à quoi bon rester ici ? se faire pourrir à nouveau ? non merci.

le regard qui reste planté une seconde dans celui de l’emmerdeuse, regard d’où lui échappe toute la colère qu’il peut ressentir envers son père, envers lui-même pour cette situation qui traîne et perdure malgré tout, malgré ses envies de se barrer, d’aller vivre sous un pont s’il le faut, envie de tout plaquer et de laisser cette famille pourrie derrière lui. sauf que y a les filles, ses frangines, et qu’il ne peut pas les laisser derrière lui. il peut pas les laisser vivre ce qu’il vit, impossible. lâche, mais pas à ce point. il finit par détourner les yeux quand elle lui demande s’il a fini, lui donne l’impression d’être un gosse qui vient de taper une crise, et ça le bloque. mur de béton qui se dresse entre elle et lui, parce qu’il ne supporte pas de s’ouvrir à qui que ce soit. même sa propre soeur galère à passer les barrières derrière lesquelles il se planque depuis des années. il fuit les prunelles qui le sondent, s’enferme dans son mutisme, parce qu’il a peur d’exploser à nouveau, d’aller trop loin dans ses paroles. mais il ne bouge pas pour autant, reste immobile, trop occupé à contenir les tensions qui tentent de fuiter pour penser à bouger, la porte complètement oublié alors qu’il fixe son attention sur un point précis du mur à l’autre bout de la pièce. il sait qu’il l’a blessée, ça se sent dans l’amertume de sa voix, dans le choix des mots pour résumer ce qu’il a insinué sans grande délicatesse. la princesse ignorante incapable de comprendre. il sait qu’il va trop loin, quand il lui parle comme ça, quand il l’enferme dans ce rôle, mais c’est plus fort que lui. ce besoin de la catégoriser dans un monde loin du sien, de la mettre à distance, parce que c’est plus simple que de s’avouer qu’il aimerait bien qu’elle fasse partie de son monde, dans le fond. mais non, elle a fait son choix dès le départ. levi, pas soren. et puis y a nana, maintenant. gamin qui enterre à grand coup de pelle ce qui le dérange et qu’il refuse de comprendre. sauf que y a sa main qui vient prendre la sienne, et ça le prend de court. il ne pense même pas à avoir le moindre mouvement de recul, les neurones grillés par la douceur de sa peau contre la sienne. il la suit, gamin rendu docile par ce simple geste, se laisse faire alors qu’elle l’entraîne s’assoir sur lit. pas de blagues, pas de remarques à la con, rien. le néant dans le cerveau, bouffon parti en vacance pour laisser place à une coquille vide. elle parle, tandis qu’il reste silencieux, incapable de dire quoi que ce soit, incapable de la regarder. ça se bouscule dans sa tête, parce qu’il comprend pas. il ne comprends pas pourquoi. pourquoi elle a ce besoin de savoir, pourquoi y a tant de douceur dans sa voix, pourquoi ses mots sonnent comme une caresse à ses oreilles. ça le dépasse. gamin qui refuse d’accepter qu’on puisse réellement s’inquiéter pour lui, parce que dans le fond, il n’est qu’un con, non ? un pauvre idiot qui ne mérite pas une seule seconde qu’on puisse lui porter ce genre d’attention, alors il comprend pas d’où ça vient, cet élan de compassion, ça ne clique pas dans son cerveau. c’est trop loin de ce qu’il connaît pour qu’il puisse en saisir le sens. “pourquoi ?” plus un murmure qu’une réelle question alors qu’elle baisse les yeux à ses côté, sa main toujours dans la sienne, sans qu’il ne s’en soit rendu compte. “pourquoi tu veux que je t’explique ? je veux dire, ça te sert à quoi ? et puis, j’ai toujours été infecte avec toi, pourquoi tu… ?” t’inquiète ? chercher à comprendre ? t’es là ? il ne sait même pas où il veut en venir avec ses questions. pure incompréhension dans la voix à présent dénuée de toute colère, de toute rancune. parce qu’il ne reste que ça. de l’incompréhension. cerveau qui retourne la situation en boucle sans aucun début de réponse. les derniers mots qui viennent se loger droit dans le myocarde, parce que ça aussi, ça le prend de court. parce qu’avec tout l’acharnement qu’il a mis cette année pour la tenir à distance, tout ce qu’il a pu dire pour qu’elle ne se sente pas à sa place dans le groupe, il n’aurait jamais cru qu’elle le considère comme un ami. la main qui quitte la sienne alors qu’elle se lève, et c’est comme s’il venait de recevoir un électrochoc. il relève les yeux, voit la silhouette qui s’éloigne en direction de la porte, et ça creuse un vide à l’intérieur, vide qu’il n’est pas encore prêt à ressentir. il ne réfléchit même pas, le corps qui se meut comme d’une volonté propre pour la rejoindre, l’empêcher de partir, de le laisser seul avec ce tourbillon qui le ravage. les bras qui se referment autour d’elle alors qu’elle lui tourne le dos, parce qu’il ne veut pas lui faire face, ne veut pas qu’elle le voit dans cet état. pas un mot, pas le moindre murmure, pas le moindre sanglot pour secouer la carcasse. silence presque religieux alors qu’il vient appuyer son front sur le sommet de son crâne, quelques larmes silencieuses qui roulent sur la joue alors qu’il la sert contre lui, comme pour combler le trou béant qui l’habite.

les mots qui se perdent, les regards qui varient, qui se perdent un peu partout dans la pièce. la tension est pesante et rhéa, elle sait pas gérer ça. elle est partagée entre l’envie de l’envoyer paitre, de le laisser seul avec ses états d’âme et l’envie d’être là pour lui. c’est difficile, parce que finalement, elle ne le connait pas aussi bien qu’elle le voudrait. c’est triste d’aussi peu connaitre quelqu’un avec qui on passe autant de temps. même si lui passe son temps à l’éloigner. elle hésite à pousser encore un peu la chose. ça serait pas soren en face d’elle, elle aurait pousser sans aucune hésitation. mais avec lui c’est différent. avec lui, elle a peur du point de non retour. elle veut pas prendre le risque de perdre ce qu’il y a entre eux, sans non plus savoir comment qualifier cette relation. il la cantonne toujours à son rang de princesse et c’est peut être pour ça qu’elle s’est tournée vers levi. parce qu’elle l’aimait bien soren au début, mais levi, lui, il a vu autre chose que princesse rhéa. mais le sujet du jour n’est pas là. face au mur qu’elle a devant elle, elle choisi finalement la douceur. ce coté d’elle qu’il ne connait pas forcément. voire même pas du tout. elle surmonte la peine qu’il lui a causé pour faire preuve d’un calme presque olympien. d’une douceur assez rare. elle se dit qu’à sa place, elle réagirait probablement de la même façon. éloigner les gens pour éviter de parler des soucis du quotidien. elle est la première surprise par son propre geste. ça aurait pu sonner faux venant d’un fort caractère comme rhéa, mais pas du tout. c’est un geste doux, tout ce qu’il y a de plus simple et de plus généreux. elle s’inquiète vraiment pour ce qu’elle vient d’apprendre. même peut être plus que nécessaire. il n’a pas l’air de comprendre, qu’on puisse s’inquiéter pour lui. c’est étrange. ça parait pourtant logique de s’inquiéter après ce qu’elle a vu non ? visiblement pas habitué à parler de lui, elle sait pas trop comment répondre à ses questions. il a pas tort, il n’a jamais été très agréable avec elle, surtout depuis qu’elle est en couple avec levi. mais elle fait pas vraiment le lien. « parce que je m’inquiète pour toi, parce que c’est pas rien les marques que tu as dans le dos » parce que mille et une raisons lui passent par la tête. elle soupire, regarde le sol à nouveau avant de reposer son regard sur le garçon. « tu n’as pas toujours été infect, c’est faux. et puis même si c’était le cas, ça m’empêche pas de m’inquiéter, d’avoir envie de comprendre comment tu en es arrivé là et de vouloir être là si tu as besoin » au début, il était pas infect. enfin, si, il l’était. elle se souvient encore de sa première heure de colle avec lui. il était horrible mais en même temps assez sympa pour lui faire visiter le lycée et lui montrer son coin secret. et ça elle l’a jamais oublié. elle aurait pu rester loin de lui. loin des heures de colle. loin de son groupe d’amis. mais le destin en a choisi autrement. et malgré tout, elle a toujours eu de la considération pour lui, de l’amitié, peut être même un peu plus avant de finalement se mettre en couple avec levi. et aujourd’hui, elle est fatiguée de voir que rien n’a changé entre eux, qu’il ne lui fait toujours pas confiance malgré tout ce qu’elle a encaissé venant de lui. il arrive pas à admettre qu’on puisse se faire du soucis pour lui et elle sait pas gérer ça rhéa. parce qu’on lui a toujours appris à parler de ce qu’elle ressent et pas à se renfermer. alors elle lâche l’affaire. elle préfère partir avant de lui reprocher de pas vouloir lui parler. ou avant d’entendre à nouveau qu’elle se mêle de ce qui ne la regarde pas. on sait jamais avec soren. sauf qu’elle a pas le temps de quitter la pièce. elle est surprise par ces bras qui viennent prendre place autour d’elle. son coeur rate un battement. les yeux qui se ferment l’espace d’un instant. profiter du moment, savoir comment réagir pour ne pas le brusquer. ne pas fuir face à ce geste tellement surprenant. agréable, mais surprenant. elle passe sa main sur le bras du garçon, le serre légèrement pour lui faire comprendre qu’elle est là et qu’elle va rester là tant qu’il voudra qu’elle reste. elle se retourne doucement vers lui, cette situation lui fait mal au coeur. bien plus que prévu, et elle le prend dans ses bras. sans faire attention à ses yeux larmoyants. sans dire un quelconque mot. juste le silence pour lui faire comprendre qu’elle est là, qu’il peut pleurer sur son épaule si il le souhaite. si ça l’aide a aller mieux, alors c’est l’essentiel.

elle a beau lui expliquer, il arrive toujours pas à comprendre pourquoi elle s’inquiète autant pour lui.parce qu’on peut pas dire qu’il ait fait beaucoup d’effort pour se faire apprécier de la belle, plutôt l’inverse. tout pour qu’elle le déteste, parce que c’est plus facile de se dire qu’il a rien raté plutôt que de retourner le couteau dans la plaie. et pourtant, elle est là, elle cherche à comprendre, et ça le dépasse. elle aurait pu ne pas se poser de question, le laisser partir, prendre la poudre d’escampette et faire comme si de rien n’était. retourner à sa vie de palace, à leur relation tumultueuse, faite de piques et autre taquineries. oublier les marques sur le dos, les cicatrices. mais non, elle reste. la main dans la sienne. la présence qui se veut rassurante. la douceur qui l’enveloppe comme un cocon. et il en oublie sa haine, il en oublie sa rage, le feu qui s’éteint petit à petit pour n’être plus qu’un tas de cendre. il retombe à l’état de gosse qui se meurt d’affection, sans vraiment s’en rendre compte. alors quand on la lui offre sur un plateau d’argent, il sait pas vraiment comment réagir, reste impassible, vide le temps que les connexions se fasse dans le cerveau anesthésié à la tendresse. tendresse à laquelle il est loin d’être habitué. “je comprends pas. j’veux dire, c’est pas comme si on était les meilleurs amis du monde. ça change quoi à ta vie de savoir ou pas ?” il essaie de comprendre, mais n’arrive toujours pas à saisir ce qui l’anime, alors il peut pas s’empêcher de poser la question, sans jugement, par simple souci de réussir à la décoder. il reste perdu dans ses pensées, jusqu’à ce qu’elle se lève, et c’est plus fort que lui, il peut pas. incapable de la laisser partir, gamin qui préfère faire la sourde oreille à ce qui se passe en lui en voyant la silhouette de dos qui s’éloigne. il met cet élan sur le coup de l’émotion, d’une peur soudaine de la solitude, quand dans le fond, il sait très bien qu’il aurait laissé partir une autre. mais pas elle. pourquoi, il ne veut pas l’admettre. cet accès de douceur dont elle l’a gratifié, cet élan de compassion qui est venu se poser sur lui comme un baume, son inquiétude pour panser ses plaies. et de la sentir contre lui, ça a un effet apaisant sur son coeur torturé, le calme qui l’envahit sans qu’il ne s’en rende compte, et ça a un côté libérateur, de pouvoir se laisser aller l’espace d’un instant. étreinte qui se resserre alors qu’elle se tourne face à lui, qu’elle passe ses bras autour de lui, et il peut pas s’empêcher de venir appuyer sa tête contre la sienne, en silence. il ne sait pas combien de temps ils restent comme ça, le cerveau qui se vide complètement, les tourbillons de l’esprit qui disparaissent enfin pour ne laisser place qu’à une sorte de sérénité d’après tempête. les yeux toujours fermés, il vient appuyer son front contre le sien, le temps d’une profonde inspiration, comme pour y puiser la force nécessaire à la parole. juste ce qu’il faut pour qu’elle ne le prenne pas pour un lâche, parce que ça lui fait mal de savoir qu’elle puisse penser ça. il finit par se redresser complètement, les mains qui viennent se placer sur ses épaules alors qu’il plante son regard dans le sien. “je peux pas partir. si je fais ça, c’est danae et abi qui prennent, et ça même pas en rêve. et si je le dénonce, on a plus de revenu à la maison. c’est pour ça que je fais rien. pas parce que je suis lâche.” besoin de se justifier malgré tout.

c’est vraiment bizarre. il ne semble pas du tout comprendre pourquoi elle s’inquiète. preuve qu’il ne la connait pas, mais ce n’est pas étonnant. si il avait pris la peine d’apprendre à la connaitre, il saurait que rhéa, elle s’inquiète beaucoup. facilement en plus. même pour des gens qu’elle ne connait pas. dès qu’elle voit quelque chose qui sort de sa vision de la normalité. et les traces dans le dos de soren, ça n’a rien de normal. rien d’habituel. ça ne devrait même pas exister. alors forcément elle s’inquiète. elle se pose mille et une questions. est ce que c’est quotidien ou est ce un geste isolé ? est ce que ça fait longtemps que ça dure ? l’inquiétude est d’autant plus grande que soren, malgré tout, il fait partie de sa vie depuis un an. et elle s’en voudrait presque de ne pas avoir vu plus tôt ce qu’il se passait. alors elle essaie d’apaiser les choses. elle aurait pu l’envoyer chier, mais elle s’en serait trop voulu. elle devient tendresse, douceur loin de la tigresse habituelle et parce qu’elle pense aussi que c’est la seule option face à un soren fermé. « ça change rien à ma vie. absolument rien. » elle baisse les yeux. c’est difficile d’expliquer le pourquoi elle s’inquiète. et la seule vérité, c’est que ça lui change rien à rhéa de savoir ce qu’il se passe dans la vie de soren. ça ne l’empêchera pas de se lever demain matin. mais au moins elle a la réponse à sa question. elle sait d’où viennent ces traces. et ça lui fait mal au coeur cette situation. « tu veux pas juste admettre qu’on puisse s’inquiéter pour toi ? amis ou pas, ça m’empêche pas de me poser des questions et de m’inquiéter après ce que j’ai vu, c’est normal non ? » ça semble pourtant logique. mais si il ne sait pas comprendre, alors elle a pas envie de débattre. c’est pour ça qu’elle s’éloigne. ça lui pèse sur le coeur de le laisser mais elle se dit que il n’y a rien d’autre à faire. peut être qu’il la retiendra ou peut être pas. elle a un peu peur de quitter la pièce et de se dire que peut être, rien ne sera plus comme avant entre eux. et en l’espace de quelques instant elle sent la chaleur du garçon venir se poser contre elle. elle s’y attendait pas et ça reste tellement agréable comme geste. lourd de sens. lourd en émotions, c’est bien pour ça qu’elle garde le silence, qu’elle va jusqu’à le prendre dans ses bras. sonder son regard une fois encore pour savoir ce qu’il se passe dans sa tête. elle y voit un certain apaisement et se sent aussitôt un peu plus sereine aussi. les mots du garçon raisonnent dans sa tête. il n’a pas d’autre choix que d’agir comme il le fait visiblement. c’est dur à entendre, parce que rhéa, on lui a toujours inculqué l’exact inverse. on lui a toujours dit qu’on avait le choix dans la vie. la culpabilité de l’avoir traité de lâche se fait ressentir maintenant qu’elle cerne un peu mieux le problème. « je suis désolée de t’avoir dit ça. » elle ne saurait dire si elle le pensait vraiment ou non. peut être sous le coup de la colère. peut-être pour le faire réagir. elle ne sait pas trop. « ça veut dire que t’es le seul à prendre ? excuse moi si je suis maladroite, j’essaie juste de comprendre » et c’est l’interrogation. il prend visiblement pour et à la place de ses soeurs. et elle comprend pas rhéa. est ce que ça veut dire que danae sait et qu’elle bouge pas ? elle a du mal à concevoir ça. elle vient alors poser à nouveau ses mains sur celles du garçon. le regard qui ne le quitte pas. « en tout cas, quoique tu penses de moi, saches que tu peux compter sur moi, si je peux faire quoique ce soit pour t’aider, n’hésites pas. vraiment. t’es pas seul » paroles qui raisonnent comme une promesse qu’elle se fait à elle même autant qu’à lui. parce que maintenant qu’elle sait, elle serait capable de tout pour l’aider à sortir de cette vie difficile.

il y a rien de normal pour lui là-dedans. le fait qu’elle s’inquiète, son besoin de savoir, ça le dépasse. parce qu’il a pas l’habitude qu’on s’inquiète pour lui, tout simplement. c’est lui le grand, à la maison, c’est lui qui s’inquiète pour les autres, pour ses soeurs, pour ses amis. pas l’inverse. parce que c’est un grand costaud, soren, un bonhomme, le genre de pilier sur qui on peut compter quand ça ne va pas, mais certainement pas le genre pour qui on s’inquiète. alors il a rien à répondre à sa question, il veut pas admettre qu’on puisse s’inquiéter pour lui, il veut pas admettre qu’elle puisse se poser des questions, qu’elle puisse trouver ça pas normal. parce que pour lui, c’est sa vie, son quotidien, et même s’il sait que ça ne devrait pas se passer comme ça, ça reste ce qu’il a toujours vécu, ce qu’il connaît. et c’est trop dur d’admettre que c’est si éloigné de la norme, que non, ce n’est pas normal de se faire battre par son père, qu’il devrait tout faire pour se sortir de là. sauf qu’il n’y arrive pas. qu’il en est incapable. parce qu’il arrête pas de penser à ce qu’il pourrait se passer s’il décidait de l’ouvrir, de faire des démarches. et que dans le fond, il a une peur bleue que ça change, pour le pire. il reste perdu dans ses pensées jusqu’à ce qu’elle se lève pour prendre la porte, électrochoc qui le met en mouvement sans qu’il ne s’en rendre compte, et c’est fou ce que ce simple contact peut l’apaiser, calmer les tumultes intérieurs qui le secouent depuis qu’elle s’est invitée dans la salle de bain sans prévenir. il se surprend à se dire qu’il pourrait rester comme ça indéfiniment, dans le silence, avec elle dans ses bras, sa chaleur contre lui. ce besoin de se justifier, parce qu’il supporte pas qu’elle puisse le prendre pour un lâche, qu’elle puisse penser que s’il ne fait rien, c’est par choix. le regard qui se durcit à l’idée que ses soeurs puissent prendre à sa place, l’instinct protecteur qui refait surface même si la menace est loin. “y a que moi. s’il les touche je le démonte.” personne ne touche à ses soeurs, point final. c’est bien la seule chose qui pourrait le faire sortir de ses gonds, le faire réagir face à la violence du paternel. le ton qui ne laisse place à aucune équivoque. parce que vu les parents qu’ils ont, il se sent responsable d’elle, de leur bien être. danae trop grande pour ne pas voir ce qu’il se passe, mais s’il peut empêcher qu’elle prenne, alors c’est déjà ça. et abi, abi qu’il maintient dans son monde d’innocence, il fait tout pour qu’elle ne se rendre compte de rien, gamin qui joue les héros, parce qu’il refuse qu’elle voit les horreurs du monde, de leur monde. ses mains qui viennent se poser sur les siennes, et il se retrouve complètement happé par les prunelles qui le fixe, se plantent dans les siennes, comme pour essayer de le déchiffrer, de sonder les profondeurs de son âme et ce qu’il y cache. sauf que malgré tout, il arrive toujours pas à comprendre pourquoi elle veut l’aider, pourquoi elle veut être là. et ça le perturbe, ça le laisse perplexe. gamin pas foutu de comprendre qu’elle puisse l’apprécier assez pour vouloir l’aider. “mais pourquoi ? enfin, j’veux dire, c’est gentil, mais... je comprends pas ?” fond de reconnaissance qui se noie dans l’incompréhension la plus totale.