jackass (rhéa)

elle l’intrigue, ça se voit et ça l’amuse à rhéa. une curiosité titillée. il fait genre qu’il s’en fout, mais elle sent bien qu’il voudrait poser d’autres petites questions, savoir le pourquoi du comment elle a pu se retrouver en colle aussi souvent qu’elle semble le prétendre. « dois je le prendre comme un compliment ? » elle pouffe légèrement de rire. venant du champion de l’indifférence, du mec le plus chiant du moment, ça parait comme tel. vient ensuite la discussion sur le lycée. gamine nostalgique de son ancienne vie, de son ancien lycée, ça lui pincerait presque le coeur d’en parler. et inconsciemment, ça l’agace qu’il juge comme ça son ancien lycée alors qu’il n’y connait absolument rien en lycée privé. « pas du tout, mais bon, c’est sur que pour un mec comme toi qui a visiblement du mal avec l’autorité, c’est pas le meilleur endroit au monde » elle pique un peu et repense à leur échange quelques heures plus tot. dans son ancien lycée, faire ça le premier jour, c’était direction le bureau du proviseur assuré et de vraies heures de colle. et accessoirement une surveillance du comportement tout au long de l’année. mais visiblement, le public, c’est plus laxiste. alors elle le sait déjà rhéa, que ce ne sera pas la dernière heure de l’année qu’elle passera ici dans cette salle de colle. elle le sait qu’elle va en devenir une habituée. elle l’était déjà dans son ancien lycée beaucoup plus strict. les heures de colle seront peut être moins nombreuses, mais elles seront toujours là. elle continue dans sa description de la vie de princesse et s’amuse toute seule de décevoir le garçon en face d’elle. comme si pour lui, la vie de princesse c’était juste faire ce qu’on veut quand on veut. « t’as pas besoin de cuistots pour faire une orgie de pancakes hein, c’est pas très compliqué à faire » elle rit légèrement, elle s’en fait, elle, facilement, des pancakes le matin. quand elle a le temps. mais visiblement, ce n’est pas le cas de l’autre, probablement plus habitué aux céréales. gamine qui finalement commence petit à petit à baisser la garde, s’autorise quelques sourires, quelques piques ironiques, moqueuse. toujours surprise par l’absence du surveillant. elle doute du coté pratique de cette petite sieste de la part du surveillant. mais pourquoi pas après tout. elle est même pas étonnée quand il lui propose de le suivre. elle réfléchit à peine, rapide mesure du risque à prendre. proche de zéro et puis au pire, elle se fera juste remonter les bretelles par son père, qui mettra ça sur le compte du déménagement récent et du fait que la gamine veut lui faire payer la chose. alors elle se lève rapidement, étouffe le rire qui menace d’exploser. c’est presque si elle ne pousserait pas le garçon dehors pour pouvoir respirer à nouveau correctement sans craindre de réveiller le surveillant. une révérence qui lui donne encore plus envie de rire. « tu t’arrêtes jamais hein ? » au moins, le temps passe plus vite en sa compagnie. alors elle le suit, elle reste bien derrière lui, presque comme deux espions qui partent en mission à travers le lycée. elle a même pas le temps de répondre qu’il grimpe déjà une échelle de secours. heureusement que non, elle n’a pas le vertige. elle suit, une fois de plus. exploration du toit du lycée. elle s’installe a coté de lui, le regard qui se perd vers l’horizon. d’ici, la ville semble bien paisible et agréable. la plage au loin donne envie de se barrer de ce lycée pour aller piquer une tête. « merci » alors qu’elle attrape le paquet de clope, en allume une et tire dessus. gamine qui n’est pas une grosse fumeuse, mais faut avouer que celle là, elle est bienvenue. « c’est … pas mal comme endroit » elle sourit, apprécie la vue, mais ça lui ferait trop mal de reconnaitre que l’endroit est beau. c’est encore impensable de trouver ne serait-ce qu’une qualité à cette ville.

“ça se pourrait bien.” le sourcil qui s’arque au dessus du regard défiant, parce qu’il adore flirter, juste pour le plaisir, sans s’engager dans quoi que ce soit. ça distrait, c’est léger, et surtout, ça occupe pendant cette heure de colle particulièrement ennuyante. “moi, un problème avec l’autorité ? je vois pas du tout de quoi tu parles.” il joue la carte de l’ignorance, sachant pertinemment qu’il a un réel problème avec ça, qu’il ne supporte pas qu’on lui dise quoi faire, quand le faire, pourquoi le faire. les ordres et lui, ça fait trente six. alors dans un lycée privée, il n’aurait pas fait long feu, il en est convaincu le garçon. aller en colle, ne passez pas par la case départ, ne recevez pas vingt mille dollars. il l’écoute parler petit-déjeuner, et ça lui en creuserait presque l’estomac de l’entendre parler de pancakes. il essaie de chercher dans sa mémoire la dernière fois qu’il en a mangé, la dernière fois qu’il y a eu des pancakes à la maison des blacks, mais impossible de s’en souvenir. ça fait trop longtemps que sa mère n’a pas pris le temps de préparer le petit-déjeuner familiale, même le week-end. tout pour ne pas faire de bruit, tout pour ne pas réveiller l’ours mal léché en train de décuver sur le sacro saint fauteuil. “faudra que tu m’apprennes alors, ce savoir ne fait pas encore partie de mes nombreuses qualités.” plus modeste, tu meurs. enfin le surveillant s’endort, et ni une ni deux, le voilà qui l’entraîne dehors, continue dans sa connerie, parce qu’à force d’en rajouter, il a bien remarqué qu’elle laissait tomber le masque de la nouvelle qui fait la gueule et qui veut voir personne, y a les sourires qui commencent à percer, le rire qu’elle étouffe, et ça l’incite à ne pas s’arrêter, comme elle le lui fait si bien remarquer. “j a m a i s. c’est ce qui fait tout mon charme, tu l’auras remarqué.” sourire taquin sur les lèvres avant de reprendre le chemin de son royaume, à savoir l’échelle qui mène au toit. et elle suit sans se poser de question, sans se formaliser, sans même un semblant d’inquiétude quant à ce qui pourrait leur arriver s’il se faisait choper, et ça lui plait, à soren, il commence à se dire que finalement, elle doit pas être si chiante qu’elle en a l’air, moins coincée que ce qu’il pensait en tout cas. encore plus quand elle accepte de prendre une cigarette dans le paquet qu’il lui tend. il en sort une à son tour, l’allume alors qu’elle dénigre complètement la vue qu’il lui offre, et il ne peut s’empêcher de dramatiser, les yeux qui s’écarquillent comme des soucoupes, comme si elle venait de prononcer un blasphème impardonnable. “pas mal ? juste, pas mal ? madame est bien difficile, dis donc. c’est splendide, unique, peu de gens peuvent se targuer d’avoir eu le privilège de poser les yeux sur cette vue tout simplement magnifique !” le sourire qui regagne rapidement les lèvres, parce qu’il est incapable de garder son sérieux plus de cinq secondes. il tire sur la clope, envoie les volutes de fumée voler un peu plus loin avant de se tourner vers elle. “alors la princesse, tu viens d’où en vrai ? parce qu’avec ton accent, tu me feras pas croire que t’es une true american born and raised.”

« attends, je vais le noter, on sait jamais, je voudrais pas oublier ça » les lèvres qui s’étirent en un léger sourire moqueur. c’est fort agréable ce petit jeu, semblant de flirt sans grande conséquence. pour un premier jour, ça mérite d’être relevé. « non t’as raison, c’est pas du tout à cause de toi et ton problème avec l’autorité qu’on est là hein » mauvaise foi dans toute sa splendeur, elle est là parce qu’elle a pas su se taire, une fois de plus. ça finit toujours comme ça avec elle de toute façon, la remarque de trop, et bim, la sanction qui suit. elle peut pas s’empêcher de répondre. et avec quelqu’un comme le gars en face d’elle qui enfonce le truc à chaque remarque, on imagine bien que les heures de colles vont vite devenir une habitude. mais elle s’en fait pas trop, tant que le paternel n’en sait rien, tout va bien. parler des pancakes commence à lui donner faim. en même temps à cette heure ci, si elle n’était pas en colle à parler autorité et cuisine, elle serait sans doute affalée dans le canapé chez elle à manger et à raconter sa journée à sa soeur. mais non. il a fallu que le destin s’en mêle et fasse les choses autrement. foutu karma. « comment ça, la cuisine ne fait pas partie de tes qualités ? je suis déçue. mais on va y remédier avec les pancakes, aucun soucis, je t’apprendrais ça » elle s’étonne elle même d’accepter de lui apprendre à faire des pancakes. parce que ça sous entend mille chose en même temps. avoir envie de le revoir. de passer du temps avec lui. alors même qu’elle le trouvait insupportable quelques minutes auparavant. étrange. mais pourquoi pas après tout. il n’en reste pas moins amusant. et si il lui permet de mieux accepter le déménagement ici, ça vaut peut être le coup de s’intéresser à lui. et le plan qu’il propose, qui semble foireux, titillé encore plus la curiosité de rhéa. aller dehors au lieu de rester sagement en colle. ou comment se faire une réputation dès le premier jour de cours, si ils se font attraper. elle le suit sans faire trop de commentaires, l’adrénaline, l’excitation qui monte. « et la modestie, ça fait aussi partie de ton charme c’est ça ? » elle étouffe à nouveau un rire avant finalement de se retrouver assise au bord du toit du lycée. endroit agréable, mais ça lui écorcherait la bouche de le reconnaitre. et la réaction de l’autre l’amuse beaucoup. il est forcément un pur produit local pour réagir comme ça « t’es drôlement objectif dis donc » le sourire qui illumine son visage, la clope à la main. « bon d’accord, c’est joli. c’est pas fou mais c’est joli » ça mériterait peut être une photo. sans trop d’exagération non plus. c’est peut être, en tout cas pour l’instant, la plus belle vue de la ville qu’elle a pu apprécier. sans forcément le reconnaitre. « il s’entend tant que ça ? » en même temps, faudrait être sourd pour ne pas entendre ce petit accent exotique. « alors si, je suis née ici. enfin à new york. mais j’ai jamais vécu dans le coin. j’ai habité un peu partout dans le monde et avant d’arriver ici, j’habitais a dubai. »

“je plaide non coupable.” les prunelles qui brillent du jeu de l’innocence alors qu’il nie avoir une quelconque responsabilité sur les évènements, les mains levées devant lui pour appuyer ses dires, quand il sait pertinemment qu’elle a raison. en partie. on ne peut pas dire que la belle soit des plus innocentes elle-même. il aurait très bien pu lâcher le morceaux, laisser passer le besoin de jouer les imbéciles si elle n’avait pas mordu à l’hameçon. mais quand il y a du répondant en face, c’est plus fort que lui, il sait pas s’empêcher de pousser un peu plus loin, toujours plus loin, jusqu’à ce que le fil craque. ou qu’on l’envoie en colle. il arque un sourcil, surpris qu’à son tour elle pousse le jeu, ne sait pas vraiment s’il doit la prendre au mot quand elle lui offre des cours de pancakes. le flou qui s’installe entre le jeu et la réalité, et ça pourrait le faire ralentir. s’il n’était pas aussi con. il balaie l’hésitation de son cerveau d’un revers de connerie avant de lui offrir un large sourire. “on est pas des pro de la cuisine chez nous.” la mère black si souvent absente qu’ils sont plutôt habitués au boîtes de raviolis réchauffées qu’au bon petit plat cuisinés. “mais fais gaffe, je risque de te prendre au mot, madame la marquise.” pas convaincu lui-même que la leçon de cuisine aura réellement lieu, vu tout l’amour qu’elle lui portait il n’y a pas encore cinq minutes, mais dans le fond, ça ne lui déplairait pas tant que ça. surtout l’idée de manger les pancakes encore chaud. très terre à terre, le morfal. pas du genre à reconnaître que ce qui lui plairait vraiment, c’est surtout de la revoir et de pouvoir la taquiner encore un peu plus. surtout qu’elle entre dans le jeu et ne se gène pas pour se foutre de sa gueule à son tour, avec une remarque particulièrement ajustée sur l’étendue de sa modestie. “tu captes vite, pour une nouvelle.” le sourire en coin qui vient planer sur les lèvres alors qu’elle retient un rire, encore. elle rechigne à accepter la vérité concernant la vue cependant, et ça, il comprend pas vraiment pourquoi, quand pour lui c’est l’une des meilleures échappatoires du lycée. mais il ne se départit pas de son sourire pour autant, hausse simplement les épaules lorsqu’elle remet en doute son objectivité. “tout ce qu’il y a de plus objectif.” et le voilà, le mot qu’il attendait. joli. la main tenant encore la cigarette, il souligne son aveu d’un doigt levé. “a-ha ! enfin, tu le vois ! tu verras avec le temps, on s’y fait.” il n’a jamais déménagé de sa vie, alors il ne comprend pas vraiment ce qui doit se passer dans sa tête, mais il peut essayer d’imaginer que ça ne doit pas être si facile que ça. le rire au fond de la gorge quand elle parle de son accent, parce que ce serait difficile de passer à côté. “à couper au couteau.” l’explication qui suit, et il peut pas s’empêcher d’ouvrir des yeux étonnés, parce que c’est si loin de sa réalité qu’il arrive pas vraiment à s’imaginer la chose. “dubai. tu vois, j’avais raison. c’est bien une ville de princesse, ça.” il en a entendu parler, de ce coin du monde où l’argent déborde de tous les coins, de ces hôtels hors de prix. clairement le genre d’endroit où il ne pourra jamais aller. “et pourquoi on passe de dubai à crockett, dans ton monde ? parce qu’on peut pas dire que ce soit vraiment le même standing.”

« le contraire m’aurait étonnée » amusée par la pose qu’il prend, elle reconnaitrait presque avoir sa part de responsabilité dans cette fin d’après midi qui s’avère finalement bien plus intéressante que prévue. c’est plus fort qu’elle, quand on lui tend une perche, il faut qu’elle s’y accroche. c’est toujours comme ça, et le résultat, ma foi, c’est aussi toujours le même. des heures de colle. ceci dit, des heures en compagnie du garçon, ça s’avère plus agréable que ce qu’elle avait pensé. et c’est finalement de bon coeur qu’elle lui propose le plan cours de cuisine. sans grande arrière pensée. pure gentillesse. qui se finira sans doute, si le cours arrive un jour, en bataille de farine. « même pas peur » elle sourit. pas vraiment convaincue que ce cours de cuisine aura bel et bien lieu, peut être parce qu’au fond, elle se dit qu’après cette heure de colle, chacun reprendra sa route. lui avec ses amis et elle dans sa bulle. « au moins, tu pourras découvrir le palace dans lequel je vis » moqueuse, petite référence à leurs échanges un peu plus tôt. palace qui s’avère juste être une grande maison bien vide et c’est aussi une des raisons sans doute pour lesquelles elle lui propose ce plan pancakes. un peu de compagnie. en dehors de sa soeur. elle s’en amuse toute seule rien que d’y penser. et elle taille à son tour, mais gentiment. sans agressivité. signe que finalement, elle se sent pas si mal avec lui. « c’est une question d’habitude, a force d’être toujours nouvelle, y’a des trucs qu’on comprends très vite » un léger clin d’oeil, semblant de complicité. elle finit finalement par admettre que oui, le paysage est pas mal. ça vaut pas la vue des plages d’on ne sait quel endroit où elle a pu vivre, mais c’est reposant comme vue. apaisant. « tu crois vraiment que je vais réussir à m’y faire ? » elle roule des yeux, pas vraiment convaincue. absolument pas convaincue même. parce que dubai lui manque. ses amis lui manque. la vue en haut du burj khalifa lui manque. et là, ça n’a rien à voir, le toit du lycée et la vue sur la plage. elle essaie de passer au dessus de ce moment nostalgie mais c’est pas évident, surtout quand il lui rappelle son accent. elle ne peut pas s’empêcher de laisser échapper un rire. on lui a toujours fait la remarque. « laisse moi le temps d’appendre l’accent américain, et tu verras d’ici quelques mois, il aura disparu » parce que ça a toujours été comme ça. « effectivement je peux pas dire le contraire » ville de riche, boutiques de luxe et compagnie. un style de vie bien different de celui que les habitants de crockett peuvent avoir. même pour les plus aisés d’entre eux. « un père qui délire complètement ?! » elle souffle en souriant. « mon père a été muté à san francisco et soit disant qu’il en avait marre de la ville. et que une ville comme crockett ça serait mieux pour ma soeur et moi. » une moue dubitative s’affiche sur son visage. elle comprend toujours pas cette décision. « et je te confirme, niveau standing, ça n’a absolument rien à voir »  pas que ça lui manque, ce luxe affolant, débordant, mais disons que le choc est rude. passer de dubai à crockett, c’est quand même pas rien.

même pas peur. et ça lui plait, à soren, les filles qui n’ont pas froid aux yeux, ça l’amuse. “tu sais pas dans quoi tu t’engages.” taquin jusqu’au bout, alors qu’il se demande ce que ça pourrait donner, ce cours de cuisine. parce qu’il se connaît assez pour savoir qu’il sera incapable de rester sérieux plus de cinq minutes, et que le palace aura probablement des airs de champ de bataille une fois qu’il y sera passé. il ouvre de grands yeux à la mention dudit palace, imite abi si on lui avait annoncé qu’elle allait visiter un château de princesse, un vrai. “mon rêve devient réalité, j’ai toujours voulu visiter un domaine princier !” si sa petite soeur apprenait ça, elle le harcèlerait pour pouvoir l’accompagner, il en mettrait sa main à couper. finalement, il commence à s’y faire, à la nouvelle, contrairement à ce qu’il aurait pensé au début de cours qui leur a valu cette heure de colle. une fois sortie du cadre scolaire, et de l’autorité trop contraignante, la discussion devient nettement plus légère. fond de taquinerie qui reste, mais on est loin des piques plus violentes du début. “t’as déménagé si souvent que ça, pour être toujours la nouvelle partout ?” ça lui paraît tellement loin de sa réalité, ces histoires de déménagement, qu’il a du mal à comprendre comment c’est possible. les blacks ont toujours vécus à valona, et lui-même n’a jamais quitté sa maison, alors s’imaginer déménagé assez souvent pour être la nouvelle tout le temps, c’est difficile. haussement d’épaules à sa question, parce que pour lui ça semble si évident. “j’ai bien réussi à m’y faire, alors tu devrais y arriver, non ? on est pas si mal ici, tu verras.” sourire sincère, parce qu’il y croit dur comme fer, qu’elle finira par s’y faire. s’il n’y avait pas les problèmes à la maison, il ne serait pas aussi pressé de quitter crockett. il est plutôt bien, dans sa petite ville, pas vraiment du genre à avoir la folie des grandeurs, il aurait très bien pu suivre la destiné des blacks, si y avait pas la ceinture qui le pousse à déguerpir dès qu’il en aura l’occasion. “j’attends de voir, je suis pas encore convaincu.” parce que vu l’épaisseur de son accent, il a du mal à croire qu’il disparaîtra aussi vite qu’elle le prétend. elle finit par cracher le morceau sur son déménagement, et il voit bien que ça ne l’a réjouit pas plus que ça, d’avoir atterri dans le coin. et il peut pas s’empêcher d’essayer de lui prouver que non, elle ne va pas finir dépressive en vivant dans le coin. “san francisco c’est surcoté de toute façon. ici y a tout, sauf les touristes, alors c’est pas plus mal. et tu peux même te débrouiller sans voitures, pour peu que t’en ai dans les cuisses.” parce que les côtes à vélo, autant dire que c’est pas donné à tout le monde de les gravir. le portable vibre dans la poche, et il le sort par réflexe, pour voir qui c’est. mais quand il voit l’heure, il oublie vite le message. “oh putain merde.” la main qui vient s’écraser sur le front quand il se rend compte qu’il a complètement oublié d’aller chercher la petiote à la garderie. il se tourne rapidement vers la nouvelle. “désolée jasmine, mais faut que je file, le devoir m’attend.” il ne prend même pas la peine de descendre par l’échelle, saute en bas directement - l’avantage de n’avoir qu’un étage. il se retourne une dernière fois vers elle restée en haut pour lui faire un signe de la main. “à la prochaine, votre altesse !” un dernier signe de la main avant de partir en courant vers l’école maternelle, en oubliant complètement que son sac lui est resté en salle de colle.

elle sait pas dans quoi elle s’engage. évidemment. mais elle en a quand même une micro idée vu leurs précédents échanges. elle pourrait presque lui répondre qu’il ne sait pas de quoi elle est capable. continuer de jouer, de taquiner. mais à ce rythme là, le jeu n’en terminera jamais et ils passeront la nuit ici. elle s’amuse de l’expression du garçon. les grands yeux ébahis. il croit encore qu’elle vit dans un palace. « ravie de réaliser l’un de tes rêves » elle s’imagine faire des pancakes avec lui. puis chasse finalement cette idée de la tête, ça n’arrivera pas. elle est juste la nouvelle, demain, il ne se souviendra plus d’elle. c’est comme ça. c’est ça la position de nouvelle. du moins c’est comme ça qu’elle l’a toujours vécue. demain, il retournera avec ses potes, elle se fondra dans la masse comme toujours. « tellement que j’ai arrêté de compter » elle grimace. elle sait parfaitement le nombre de fois où elle a déménagé. les villes où elle a vécu. mais elle n’a pas vraiment envie de s’étaler dessus. une autre fois peut être ? trop de nostalgie encore. un pincement au coeur à l’évocation de ces nombreux déménagements. des vieux souvenirs d’une vie qui est bien différente de celle qui l’attend ici. « j’imagine que tu as toujours vécu ici ? » pour réussir à se faire à l’endroit, c’est la seule solution. pas méchant comme question, tout le monde n’a pas la même vie qu’elle et en général c’est plutôt sa vie à elle qui ressemble à une exception. elle a envie d’y croire, elle va réussir à s’y faire ici. pourquoi pas. avec le temps et si il n’y a pas de déménagement prévu dans les quelques prochaines années. « tu verras bien » si on se reparle un jour. elle sait comment ça va se passer. l’accent c’est inconscient, imiter celui des autres c’est presque inné. mais d’un autre coté, perdre son accent, c’est aussi l’impression de s’éloigner encore un peu plus de son ancienne vie. de dubai et de ses amis. et ça ne la réjouis pas plus que ça. voire même pas du tout. elle arque un sourcil, tout faire sans voiture ? c’est une blague ? à pied ? elle l’a fait deux fois. la cote qui monte jusqu’à chez elle. plus jamais. trop long. trop chaud. trop épuisant. elle a pensé au vélo. mais c’est la même histoire. « san franscisco, y’a des bus, le tram et certainement un métro pour éviter de grimper les cotes en vélo » elle en rigole légèrement. petite princesse qui n’aime pas trop s’épuiser pour aller en ville ou rentrer chez elle. puis la discussion est interrompue par un téléphone et l’heure tardive qui approche. quelque chose semble perturber le garçon, un oubli et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire il s’échappe. « rhéa, je m’appelle rhéa » parce que jasmine ça va quelques minutes mais elle n’est pas sure qu’il l’a entendue. « et ton sac ? » mais ça non plus il ne l’a sans doute pas entendu. elle sourit légèrement en le voyant fuir de cette façon, un dernier signe de la main qu’elle lui retourne avant d’essayer de retrouver la salle de colle et ses affaires. deuxième aventure de la journée. après être partie de la salle de colle avec le garçon, retrouver le chemin pour y retourner sans se faire prendre.