jackass (rhéa)

Premier jour de cours, rentrée de septembre, et il en a déjà ras le bol. C’était bien l’été, pouvoir glander sur la plage sans rien faire, profiter du temps qui passe en faisant bronzette au soleil, une bière à la main, parce qu’il n’a pas besoin de grand-chose de plus pour être heureux, Soren. Tant qu’il n’est pas enfermé dans une salle de cours alors que le ciel bleu le nargue à travers la fenêtre, c’est le plus heureux des imbéciles. Sauf que voilà , le ciel bleu est bien là, sans un nuage à l’horizon, de l’autre côté de cette fenêtre qui prends de plus en plus des airs de barreaux de prisons à mesure que les heures défilent, et c’est dur pour lui de ne pas lâcher soupir sur soupir, de contenir l’agitation qui l’envahit, les doigts qui martèlent plus qu’ils ne pianotent sur le bord du bureau alors que l’esprit divague, se voit déjà dehors, réfléchit à ce qu’il pourrait bien faire pour retarder son retour à l’enfer familiale. Il pourrait aller chercher Sarah à la sortie de la crèche, l’emmener à la plage ou à la plaine de jeu, ça lui ferait sûrement plaisir à la gosse. Mais bon, c’est pas prévu au programme, et la mère risque de criser, alors il abandonne l’idée. Autant ne pas jeter de l’huile sur le feu et donner une raison de plus au paternel de démontrer tout l’amour qu’il peut porter pour son fils. Son nom résonne, et il lui faut un instant pour comprendre que le prof vient de lui poser une question, sauf qu’il n’a pas la moindre idée de ce dont ils sont en train de parler. Un œil au tableau, autour de lui, sourire bête qui se plante sur les lèvres alors qu’il sort une connerie, sans vraiment réfléchir, parce que c’est sa langue maternelle. Le prof qui lève les yeux, exaspéré, mais il le connait le Black, il cherche même plus à se battre contre lui, et ça lui va bien à Soren. Sauf que ça souffle devant lui, juste assez fort pour qu’il le remarque, et il tique, parce qu’il a pas l’habitude qu’on ne rit pas à ses conneries. Le sourcil qui se lève alors qu’il recentre son attention sur la nouvelle, avec l’intention de faire ce qu’il fait de mieux. « Elle a un problème la princesse Jasmine ? » Il sait pas trop d’où elle vient, juste qu’elle a une tête de gosse de riche, et qu’elle n’a aucun sens de l’humour. Et ça lui suffit pour savoir qu’il va avoir du mal avec elle.

déjà quelques semaines depuis le déménagement à crockett. rien de bien réjouissant et rhéa, elle avait a peine eu le temps de faire le tour de la ville, de passer quelques heures à la plage, qu’il fallait déjà reprendre le chemin de l’école. nouvelle ville, nouvelle année, nouvelle école. encore une fois. le schéma qui se répète un peu trop régulièrement. elle aime pas rhéa, ce statut de nouvelle élève. objet de foire dans la jungle d’un lycée. le passage obligé à l’administration qui dure trop longtemps. l’explication du règlement du lycée, des clubs. bla-bla-bla. elle écoute d’une oreille finalement sauvée par la sonnerie. quitter un premier enfer pour aller dans un autre. les salles de classes. c’est loin d’être la partie la plus interessante de la journée, vivement ce soir. en espérant ne pas finir trop tard et pouvoir aller faire un tour à la plage ou en ville. mais pour l’instant place à la concentration. essayer de ne pas se faire remarquer dès le premier jour, l’année sera assez longue pour. sauf qu’elle est déjà agacée, par ce gars derrière elle, qu’elle connait pas encore mais qui fait taper ses doigts sur son bureau. il écoute rien et forcément quand le prof l’interroge, à part faire le malin, il fait pas grand chose. et ça l’enerve à rhéa. forcément. le premier jour. il faut que quelqu’un fasse le malin. il pouvait pas se tenir tranquille. juste le premier jour, la première semaine. et faire l’imbécile plus tard ? alors elle lève les yeux au ciel, elle souffle, elle rigole pas, parce qu’il est pas drole. et forcément il la remarque. il l’entend souffler. c’est pas comme si elle était discrète en même temps. et il continue a faire le malin. un peu plus. princesse jasmine. non mais quel abruti. « la princesse jasmine elle t’emmerde » elle attaque rhéa. parce qu’elle apprécie pas ce genre de remarque. elle devrait se faire petite pour mieux s’intégrer, ne pas se faire remarquer mais non. c’est plus fort qu’elle, il faut qu’elle rétorque. diplomatie, calme, tout ça, c’est loin. « pourquoi tu t’emballes comme ça ? t’es vexé parce que ta connerie ne fait rire personne ? » sorry not sorry. fierté mal placée ? ça va mal finir cette histoire. en voilà un qui ne sera sans doute jamais un de ses potes.

Il hausse les sourcils, surpris par son langage fleuri alors qu’elle l’envoie sur les roses sans la moindre délicatesse, et ça le fait rire autant que ça l’agace. “Dis donc, c’est pas des façons de parler, pour une princesse, on t’a pas appris les bonnes manières dans ton palace ?” Il ne se départie pas de son sourire, le gosse, parce que oui, il est plutôt fier de lui, et que c’est nettement plus intéressant d’essayer de faire vriller la nouvelle que de suivre le cours. Sans le savoir, elle lui a offert la distraction dont il rêvait depuis le début de la journée sur un plateau d’argent, alors il ne risque pas de cracher dessus. “Moi ? M’emballer ? Tu t’es regardée dans un miroir, la marquise ? Je suis pas vexé, juste triste pour toi de voir que tu es dépourvu de moindre notion de sens de l’humour.” Les lèvres étirées en signe de provocation alors qu’il vient poser ses coudes sur son bureau, le menton qui vient se poser sur ses mains jointes alors que son cerveau cherche comment la titiller encore un peu plus, parce qu’il est curieux de voir jusqu’où il peut aller, jusqu’où il peut encore pousser avant qu’elle ne finisse par craquer. Et il est très bon à ce petit jeu, le con, passer mettre dans l’art de faire péter une case, que ce soit aux autres élèves ou aux profs. Tout le monde le sait, dans ce lycée. Tout le monde sauf elle. “Et alors, t’as pu ramener ton tigre avec toi ou il a dû rester dans sa cage dorée ? Ca fait quoi, de débarquer à Crockett ? Tu survis sans pouvoir faire les magasins tous les jours, ça va, c’est pas trop dur ?” Il cherche, et elle ne marche pas, elle court, et il est ra-vi. Encore plus quand le prof finit par les interpeller pour mettre fin à la joute verbale. “Black, Hastings, ça va, je vous dérange peut-être ? Si vous tenez tant que ça à faire connaissance, vous ne verrez aucun inconvénient à continuer votre conversation ce soir, en colle ?” Il se laisse retomber contre le dossier de sa chaise, hausse les épaules sans se départir de son sourire. Il l’a enfin, son excuse pour rentrer plus tard à la maison, c’est pas lui qui va se plaindre. La sonnerie retentie enfin, il attrape son sac avant de se pencher à l’oreille de la nouvelle. “Je sais que je te manque déjà, mais tracasse, on se retrouve dans deux heures, Shéhérazade.” Puis file vers la sortie sans se retourner, le rire au fond de la gorge.

il est agaçant ce garçon dis donc. il pouvait pas juste la boucler. non évidement. trop facile de se taire. elle connait même pas son prénom elle a déjà envie de le claquer. ça s’annonce bien cette nouvelle année, surtout si ils suivent les mêmes cours. « non jamais, les bonnes manières, c’est surfait. t’es visiblement bien placé pour le savoir » ce sourire arrogant l’énerve, elle est en train de monter toute seule dans les tours. s’enflammer pour un imbécile qui lui trouve déjà tous les surnoms possibles. jasmine, princesse et la voilà maintenant marquise. bravo garçon. « est ce que ta connerie a fait rire quelqu’un d’autre que toi ? je ne crois pas. alors je suis peut être dépourvue d’humour, mais visiblement je suis pas la seule. » regarde autour de toi. les autres semblent plus captivés finalement par la joute verbale qui se joue devant eux que par le cours lui même. et dans sa tête à rhéa, ça a pas de sens tout ça. se démarquer dès le premier jour de cette façon, c’était pas le plan. fallait se tenir à carreau au moins aujourd’hui et la première semaine. pas agir comme ça. pourtant ce gars là, il cherche. toujours un peu plus. le voilà qui s’enjaille tout seul dans des histoires de tigre et de cage dorée, ça n’a pas vraiment de sens, mais bon, autant le laisser faire. si ça l’amuse. « franchement ? c’était ennuyant, jusqu’à que tu croises ma route. vraiment, c’est sympa de ta part de me divertir autant. grace à ta bêtise, je vais sans doute survivre plus facilement ici » ironie, elle fait mine d’être touchée d’être le centre d’attention du garçon alors même qu’elle n’en a rien à faire. jusqu’au moment où le prof les interrompt. ah tiens, c’est vrai qu’ils ne sont pas seuls. et que visiblement monsieur le professeur sent en lui un regain d’autorité. être collée, le premier jour ? manquait plus que ça. « c’est une blague ? » elle a du mal à y croire la gamine. ils sont comme ça ici, à coller les étudiants le premier jour pour quelques échanges de bonnes paroles ? l’année va être longue. très longue. « j’espère que t’es content de toi ?! » qu’elle finit par lâcher avant de se retourner vers sa table. concentration ou du moins semblant de concentration pour les quelques minutes de cours qu’il reste. la sonnerie les libère enfin. c’est pas trop tot. mais la perspective de rester au lycée ne l’enchante pas vraiment, encore moins avec l’autre abruti. « j’ai hâte, tu n’imagines même pas à quel point » qu’elle souffle ironiquement. si son père apprend pour l’heure de colle, elle est bonne pour la punition du siècle. mais bon avec un peu de chance, il se dira que si sa fille rentre tard, c’est parce qu’elle s’est fait des potes pas parce qu’elle s’est retrouvée coincée en colle avec un imbécile qui sait pas tenir sa langue.

Elle s’énerve toute seule, et ça ne fait que le conforter dans sa connerie Soren, toujours prêt à pousser le jeu jusqu’à ses limites, parce qu’il n’a strictement rien à y perdre. “Pardonnez-moi, votre altesse, il est vrai que mon éducation laisse à désirer, mais je vous en prie, enseignez-moi donc l’art et la manière de bien se tenir en société !” Elle essaie de s’en prendre à son sens de l’humour qu’il trouve particulièrement bien travaillé, pour sa part, le regard de la nouvelle qui fait le tour de la classe, et il peut pas s’empêcher de lui lancer un sourire en coin alors qu’il remarque l’attention grandissantes de ses camarades de classe. Parce qu’il a toujours aimé ça, le sale gosse, se faire remarquer, d’une façon ou d’une autre. Exister dans le regard des autres, que ce soit pour les faire rire ou les exaspérer, tant qu’on lui accorde une forme quelconque d’attention autre que les coups de ceintures paternelles et l’indifférence maternelle qu’il se coltine à la maison, ça lui va. “Oh, les autres ont plutôt l’air d’apprécier le spectacle, j’ai l’impression.” Ce qui n’est pas pour lui déplaire, et loin de ressentir de la gêne, il est plutôt du genre à se complaire de la situation, bien trop content de voir que sa connerie ne le distrait pas seulement lui, mais les autres avec. Il peut sentir l’ironie qui dégouline des lèvres de la nouvelle, mais décide de l’ignorer, préfère jouer l’idiot qui prend ça pour un compliment, et décide d’en rajouter une couche en plaçant une main sur son cœur. “Tu m’en vois touché, vraiment, c’est un véritable plaisir d’être devenu le bouffon de sa majesté.” Il mime une révérence, peut entendre des rires étouffés derrière lui, et pourrait continuer comme ça jusqu’à la fin du cours si le prof n’en avait pas décidé autrement. Il peut voir qu’elle est offusquée de l’affront, et ça le fait rire alors qu’elle se tourne vers lui, rageuse. “Fier comme un coq, tu peux pas savoir.” Et le pire, c’est qu’il est parfaitement sérieux. (…) Installé au fond de la salle de colle, la chaise reculée, les pieds sur la table alors qu’il croise les bras derrière sa tête, Soren attend patiemment que le temps passe, tout en se demandant pourquoi l’autre est en retard. Et quand elle passe la porte, il peut pas s’empêcher de se faire remarquer, au cas où elle n’aurait pas aperçu la grande carcasse dans le fond, le gosse ne prend même pas la peine de chuchoter pour l’interpeller sous le regard courroucé du surveillant. “Alors princesse, on s’est perdu en route ? T’as survécu à ces deux longues heures sans moi, ça va, c’est pas trop dur sans ton bouffon pour te divertir ?”

ça monte vite, ça commence à vriller dans la tête de la brune. c’est limite si elle n’a pas envie de l’insulter ou de lui balancer un verre d’eau en plein visage. mais il faut pas, elle essaie de garder un semblant de calme, tout à fait relatif, parce qu’elle ne sait pas s’empêcher de répondre. elle lève les yeux au ciel, agacée qu’il l’a prenne pour quelqu’un qu’elle n’est pas. « commence par apprendre à te taire, ce sera déjà un bon début » les échanges continuent, pas de la plus tendre des manières. mais en vérité, ça l’amuserait presque cette situation, être au centre de l’attention dès le premier jour, ça doit avoir de bons cotés. et puis visiblement, ce gars là, autant il va sans doute être bien chiant, autant il va probablement devenir un bon adverse de joutes verbales interminables. ce qui lui donne un petit coté intéressant. le spectacle continue et au fond, il n’a pas tort, leurs échanges ont l’air de plaire aux autres élèves, pas au prof ça c’est sur, mais les autres ont l’air d’apprécier la chose. c’est bien étrange pour un premier jour de classe où tout le monde est censé se faire petit et ne pas se faire remarquer pour bien commencer l’année. elle même elle s’amuse de la situation, surtout quand elle le voit miner une révérence, elle redescend un peu en pression. « ravie que cette promotion te plaise » elle en rigolerait presque mais se retient, histoire de ne pas presque la face avant être finalement interrompue par un professeur qui semble vouloir assoir son autorité en ce début d’année. si la pression semblait redescendue, elle remonte aussitôt à l’annonce des heures de colle. il ne manquait plus que ça. la blague de l’année qui lui ferait presque regrettée d’être venue dans ce lycée au lieu du lycée privé voulu par papa. et l’autre imbécile qui est fier de son coup, ça la fait fulminer encore plus la gamine. si elle pouvait juste lui coller son poing en pleine face, histoire de justifier l’heure de colle, elle le ferait bien volontiers. « t’es pas obligé de cacher ta joie hein » (…) deux heures plus tard, direction la salle de retenue. entre le temps de trouver la salle et la motivation pour y aller, elle se retrouve en retard. forcément. et elle est à peine entrée dans la salle qu’elle entend déjà la voix de l’autre abruti. un regard en coin, elle ne prend même pas la peine de lui répondre, préférant s’adresser au surveillant alors qu’elle pose son sac à l’exact opposé de la table du garçon. « vous pouvez pas le faire taire ? j’ai pas vraiment envie de reprendre des heures de colle à cause de cet imbécile qui sait pas la boucler » qu’il fasse son boulot celui là. après tout une salle de retenue, c’est censé être silencieux non ?

La voilà qui débarque, et déjà il peut sentir toute l’affection qu’elle lui porte dans son regard exaspéré qui se lève vers le ciel alors qu’elle s’installe à l’opposé de lui, le plus loin possible de sa table, tout en demandant au surveillant de le faire taire, lui, Soren Black. Comme si c’était possible. L’idée lui paraît tellement ridicule que ça lui arrache un rire, ce qui lui vaut un semblant de réprimande de la part d’un sureveillant déjà lassé par la situation, semble-t-il. “Alors là ma belle, c’est trop lui demander. Peu sont-ceux capables d’un tel exploit, et notre ami ici présent n’en fait pas parti. Sans rancune, hein ?” Sourire insolant lancé à l’égard du malheureux censé représenter une forme quelconque d’autorité ce soir. Il ne répond même pas, se contente de planter son regard de bovin désabusé dans les prunelles du jeune insouciant avant de se replonger dans son bouquin, ce qui ne fait que conforter l’imbécile dans sa toute puissance en salle de retenue, ce lieu de non loi pour lui, sur lequelle il semble régner en maître depuis deux ans déjà. “C’est bien ce qu’il me semblait.” Il ne compte plus le nombre de surveillants qu’il a fini par dégoûter à force d’insolence et de défiance, assez tenace pour épuiser même les plus coriaces d’entre eux, animé par la fougue de cette jeunesse bridée entre les quatre murs du foyer, et qui ne demande qu’à exprimer cette soif de liberté propre à son âge, ce besoin de se démarquer des autres, exacerbés par les limites qu’on lui impose à la maison. Et malheureusement pour la nouvelle, on ne peut pas dire que le surveillant en service ce soir soit des plus vaillants. Il pourrait se contenter de s’être fait remarquer à son arrivée, de l’avoir amenée jusqu’ici, en colle, mais à pourquoi s’arrêter là quand elle est maintenant dans son royaume, sur son terrain, où il connait toutes les cartes ? Sans se soucier du surveillant ou des quelques élèves présents - peu nombreux en ce premier jour, avouons-le - il ramène ses pieds sur le plancher des vaches, lève son postérieur de sa chaise, et s’avance avec nonchalance jusqu’à la nouvelle, qui transpire déjà l’agacement avec un soupçon de colère. Ce qui ne fait que jeter de l’huile sur le feu de sa connerie. Il attrape une chaise qu’il pose devant son bureau, face à elle, s’y assoit à califourchon avant de venir poser ses coudes sur le dossier, les mains qui viennent piquer une des feuilles qu’elle vient de sortir, parce qu’apparemment, elle semble bien décider à travailler. Il y jette un oeil distrait, assez long pour comprendre que ça le barbe déjà, envoie la feuille voler derrière lui avant d’en attraper une autre. “Mon dieu, c’est si ennuyant que ça, la vie de palace, pour que tu t’intéresses réellement à toutes ces conneries ?” Soren, ou l’art et la manière de cacher sous ses airs de petit con et d’abruti de première l’ennuie profond qui l’habite.

gamine tellement ravie d’être là qu’à peine la porte franchie et la voix de l’autre imbécile entendue, elle a déjà envie de faire demi tour. elle se dit que peut être le surveillant aura un minimum d’autorité. enfin dans son ancienne école, c'était le cas. jamais un étudiant n'aurait mal parler à un surveillant, ni même aurait osé parler sans l'autorisation de celui ci. alors elle espère, un peu de courage de la part du surveillant. mais cela semble peine perdue. ceci dit, le surnom donné par l’autre est déjà un peu plus appréciable que ceux donnés précédemment, ma belle au lieu de jasmine, c'est déjà pas mal. rhéa ça serait encore mieux, mais on en est pas encore là. elle pose son sac sur la table écoutant le garçon parler. « donc si le surveillant sert à rien, pourquoi t’es encore là ? il ne te retient pas ici visiblement. » raccourci rapide entre le manque flagrant de l’autorité d’un surveillant et un lycéen qui semble être au dessus des lois. elle comprends même pas. c’est à peine si le surveillant relève la tête pour l’écouter. c’est à peine croyable. elle a jamais vu ça, rhéa. ce manque de respect, cette domination du lycéen face à ce pauvre surveillant. c’est presque si elle le défendrait pas. « je dois en déduire que c’est toi la seule et unique autorité de ce lycée ? » la langue qui se délie alors qu’elle déballe ses affaires, espérant mettre un peu d’ordre dans les notes prises au cours de la journée, faire le point dans ses papiers administratifs. mais c’est vite oublié, une fois de plus. l’imbécile se ramène dans son champ de vision. elle soupire, agacée. visiblement il n’a pas d’autre centre d’attention qu’elle et c’est fort dommage. il lui prend des papiers des mains qu’il s’amuse à faire valser derrière lui. et elle se retient de ne pas lui arracher les feuilles des mains. non pas par peur du surveillant puisque celui ci n’a visiblement pas l’intention d’intervenir mais plus pour garder ses notes dans un état à peu près correct. elle se lève pour aller ramasser la feuille et revient s’installer en face du garçon. « donc tu as prévu de combler ton ennui en m’empêchant de regarder mes notes, c’est une idée comme une autre, tu n’as vraiment rien de mieux à faire ? » rhéa lève les yeux au ciel pour la millième fois de la journée. elle prend encore une fois sur elle pour éviter de dire des choses qu’elle pourrait regretter. quoique pas sure de regretter d’insulter ce garçon mais bon, autant ne pas se faire une mauvaise réputation dès le premier jour. « tu veux vraiment que je te raconte comment c’est la vie de palace ? ou tu préfères peut être jouer avec un papier et un stylo ? » après tout, c’est comme ça qu’on occupe les enfants non ? une feuille de papier, des feutres et c’est parti pour quelques minutes de tranquillité. ou pas.

il ne se formalise pas, soren, laisse la nouvelle prendre conscience de la réalité de crockett, se contente d’un haussement d’épaule face à sa question. “entre glander dehors et rester ici à t’emmerder, le choix est vite fait.” sourire éclatant qui vient étirer les lèvres alors qu’il la nargue de loin, cache la réelle raison qui le pousse à rester dans cette salle de retenue, fuir la maison, fuir le paternel, fuir l’ambiance trop lourde pour ses épaules. pas que les heures de colles soient beaucoup plus passionnantes, mais au moins son dos y reste-t-il intact. le rire qui se perd dans le fond de la gorge alors qu’elle semble enfin comprendre les règles du jeu, et il y prendrait presque goût, à cette discussion qu’il lui impose, peu importe son avis à elle, tant que lui, ça l’amuse. “du lycée, j’irais pas jusque là, mais la colle, c’est mon royaume, mon palace. tu veux un tour du propriétaire ?” les prunelles qui pétillent alors qu’il jauge ses réactions, essaie de sentir s’il l’agace tout simplement, ou si la glace qui l’entoure finit par fondre petit à petit. ça pourrait peut-être marcher, s’il n’était pas aussi con et qu’il ne s’ennuyait pas autant. les feuilles qui volent derrière lui, et il voit bien que ça l’exaspère, la brune, alors qu’elle se lève pour aller les ramasser une à une. et ça le dépasse, soren, qu’on puisse accorder une quelconque importance à des bouts de papiers noircis d’encre, à des cours qui une fois sortis du lycée ne leur serviront plus. les profs lui ont déjà filé plusieurs avertissements, ont essayé de lui faire comprendre que s’il ne prenait pas le lycée au sérieux, il s’en mordrait les doigts, mais il préfère ne pas y penser, repousser les angoisses à plus tard, quand il devra réellement faire un choix. se contente de vivre sa meilleure vie tant qu’il le peut encore. “regarder ses notes, c’est pour les faibles. il y a tellement plus intéressant dans la vie, la vraie.” comme ne rien faire sur la plage, jusqu’au coucher du soleil, attendre que le temps passe en écoutant les vagues. plaisir simple, probablement trop simple pour une princesse habituée à la vie de château comme elle. ou du moins, comme l’idée qu’il se fait d’elle. elle l’insulterait presque à le prendre pour un gamin qu’un papier et un crayon pourrait distraire aussi facilement, mais il ne se démonte pas pour autant, fait mine d’hésiter une seconde en se mordant la lèvre. “hm, l’offre est tentante, mais la vie de château est nettement plus intéressante. je veux tout savoir dans les moindres détails.” il croise ses bras sur le dossier de sa chaise, observe ses réactions de son regard d’acier, joue les idiots pour cacher le fait que dans le fond, elle l’intrigue.

elle arque un sourcil, surprise par ce choix : entre glander dehors alors qu’il fait super beau et rester enfermer ici à emmerder la nouvelle, il préfère la deuxième option. c’est étrange, un peu incompréhensible même. mais bon, pourquoi pas. « tu préfères rester ici à me faire chier plutôt que profiter du beau temps pour sortir avec tes potes ? t’es sur que t’es pas malade ? » elle comprend pas ce qu’il y a d’interessant à la chercher autant qu’il le fait, alors qu’il pourrait être posé en terrasse, un verre à la main, avec ses potes, à refaire le monde, se moquer des classes et des professeurs, râler sur les emplois du temps. clairement, elle, elle aurait choisi l’option terrasse avec sa soeur si il lui en avait laissé la possibilité. mais non. à cause de lui, elle se retrouve là coincée entre quatre murs à devoir le supporter. la joie. « y’a pas grand chose à visiter, quatre murs, une vue sur le parking et un surveillant inutile, t’as d’autres choses à me montrer dans ton royaume ? » gamine qui s’adouci un peu, se disant que peut être, une lueur d’espoir, pour qu’il la laisse un peu tranquille. faire semblant d’être intéressée parce que on ne peut pas dire que la salle de colle soit le truc le plus passionnant du monde. elle aurait limite préféré une visite du lycée. mais ce n’est visiblement pas au programme. elle apprécie moyennement qu’il touche à ses affaires, ce n’est rien de bien important par chance. « ou pour ceux qui s’intéressent à ce qu’ils étudient et qui pensent à leur avenir » ils n’ont visiblement pas la même vision des choses sur le lycée et les études. tout ce qu’elle veut rhéa, c’est faire son année tranquillement, la prochaine aussi et choisir l’université qui lui donnera son indépendance totale. loin des obligations familiales. « mais je suis toute ouie, il y a quoi de tellement plus interessant dans la vraie vie sachant qu’on est pour l’instant coincé entre ces murs ?» elle exagère un peu le tellement. forcément, il y a des choses beaucoup plus interessantes que relire des notes. sauf que là, en colle, elle voit pas vraiment comment s’occuper autrement. même si visiblement ils vont passer l’heure de colle face à face. « ne crois pas ça, la vie de château est très ennuyeuse » elle rit légèrement en réfléchissant à ce qu’elle va bien pouvoir lui raconter. elle n’a jamais vécu dans un château, de grandes maisons, ça oui. avec le personnel engagé par papa. femme de ménage, gouvernante et compagnie. elle en a vu défiler pendant plusieurs années et tous se sont plus ou moins occupés d’elle et de sa soeur en l’absence de ses parents. « les repas sont pris à une heure précise, pas question d’être en retard sinon tu manges pas, faut faire hyper attention au mobilier parce que ça coute une blinde et tu fais rien par toi même parce qu’il y a toujours quelqu’un pour faire ta lessive, ton ménage voire même tes devoirs si tu te débrouilles bien. » elle exagère un peu. mais l’idée est là quand même. « je peux savoir pourquoi d’après toi j’habite forcément dans un château ou un palace ? » ça l’intrigue quand même. il connait même pas son prénom et il la juge déjà comme une princesse. oui elle est coquette, oui, elle a un sac de marque qui dépasse certainement les revenus mensuels de la famille du gars en face d’elle, mais pour autant, elle arrive pas à se considérer comme une princesse.

évidemment que son choix la surprend, mais il a la parade parfaite, la réponse toute prête qui roule comme un bon sur la langue à force de s’en être servi comme excuse. “tu apprendras vite que faire chier les gens, c’est mon sport favori.” sourire narquois qui vient étirer les lèvres alors qu’il s’amuse de la situation, essaie de voir jusque quand elle sera capable de les supporter, lui et sa connerie. plus grande sera sa résistance, plus grande sera la tolérance qu’il lui accordera pour le reste de l’année. il fait mine de s’offusquer alors qu’elle souligne la petitesse de son royaume, porte une main à son coeur comme si elle venait d’y plonger une lame sans le moindre scrupule. “c’est sûr que ça doit te changer de tes habitudes, mais il ne faut pas se fier aux apparences. y a des tables plus intéressantes que d’autres.” il se penche légèrement vers elle, passe sur le ton de la confidence en indiquant discrètement le surveillant d’un pouce levé, sans se faire remarquer. “et quand notre ami, là-bas, sera parti dans les bras de morphée, tu verras que mon royaume sera tout de suite plus grand.” clin d’oeil entendu alors qu’il se redresse, reprend sa position initiale sur son trône improvisé. elle est visiblement agacée par son intrusion, et ça ne fait que le pousser à aller toujours plus loin, fier de voir qu’il peut à ce point s’imposer dans la vie des autres sans leur demander leur avis. et tant qu’elle ne l’a pas envoyé paître avec les vaches en bonne et due forme, c’est que dans le fond, ça ne la dérange pas tant que ça. du moins, c’est ce qu’il se dit. “l’a-quoi ? moi pas comprendre.” plutôt du genre à se planter dans le présent, à enchaîner les plans foireux, à brûler son adolescence par les deux bouts, tout pour ne pas penser à ce mot dont le simple concept lui hérisse le poil. “faire la connaissance d’un mec aussi génial que moi, pour commencer.” le coin des lèvres qui s’étire dans un sourire charmeur, parce qu’il a toujours aimé ça, flirter sans réfléchir. parfois ça marche, souvent ça fait rire, dans tous les cas, ça l’occupe et le divertit. il joue la carte de l’étonnement face à sa réponse, exagère la moindre mimique comme il peut le faire pour amuser abigail, par habitude. “on nous aurait donc menti sur le faste et les paillettes ?” et le voilà, le rire, enfin. c’est léger, discret, mais bien présent, et il ne peut s’empêcher de se dire qu’il a réussi à briser un peu de la glace. il écoute la description de ce qui semble être sa routine, et qui lui paraît bien plus agréable que ce qu’elle veut bien laisser entendre. “attends, t’es en train de me dire que t’as juste à mettre les pieds sous la table, et t’es en train de t’en plaindre ? si tu t’ennuie tant que ça, vient faire le ménage et la lessive chez nous, ça t’occupera.” la taquinerie qui frôle avec le sarcasme, parce que ça l’a toujours dépassé ces grandes fortunes. pointe de jalousie sur fond d’envie qu’il n’avouera jamais. elle l’interroge sur ses présomptions, et il hausse les épaules, se recule sur sa chaise. “je sais pas. les fringues, le sac, ça sort pas de la friperie du coin déjà. t’as la tête de l’emploie, aussi. et tu l’as toujours pas nié, c’est que je dois pas être loin de la vérité ?”

elle est a mille lieux de comprendre cette passion rhéa. faire chier les gens. il y a quand même des trucs plus interessants que ça à faire non ? et puis le sourire narquois sur le visage du garçon, ça l’agace encore un peu plus. comme une envie de lui faire sauter ce sourire. mais sans prendre le risque d’une ou deux heures de colle en plus avec lui. « tu as des passions plutôt étranges » mais bon, de deux choses l’une, soit elle va finir par s’y habituer, ce qui serait fort étonnant, soit il va finir par se lasser, ce qu’elle espère vraiment sans y croire plus que raison. elle le regarde ensuite faire son show. pas d’autres mots, quand elle le voit porter sa main à son coeur. ça l’amuserait presque si il n’était pas chiant. « effectivement, c’est pas dans mes habitudes d’être collée le premier jour de cours » bien loin de là même. mais elle est curieuse. des tables plus intéressantes que d’autres ? la sienne doit en faire partie, puis qu’il est toujours là, à lui faire la conversation. « ah parce qu’en plus d’être inutile, il se permet de dormir ? c’est n’importe quoi ce lycée en fait » ça râle. parce qu’elle n’a jamais été habituée à ça rhéa. dans toutes les écoles privées qu’elle a fréquenté, il y avait toujours de l’autorité, du respect des règles. ce qui semble être totalement étranger à ce lycée là. elle comprend toujours pas d’ailleurs pourquoi son père l’a inscrite ici et pas dans un lycée privé. « plus grand ton royaume ? juste parce que monsieur s’endort ? je demande à voir » pas convaincue pour un sou. mais bon, si ça permet de passer le temps, elle peut faire un effort et continuer d’entretenir la conversation avec le garçon, dont elle ne connait même pas le prénom. « toi vouloir passer ta vie dans ce lycée miteux ? » une chose de plus qu’elle a du mal à saisir, parce qu’elle, il ne lui tarde que de finir ses études pour ne plus avoir à mettre les pieds dans un lycée aussi minable que celui ci. « un mec génial ? permet moi d’en douter hein » elle rit légèrement, c’est visiblement pas la modestie qui l’étouffe à ce garçon. mais il commence à être un peu plus agréable, un peu moins chiant, et rhéa, elle prendrait presque gout à cette conversation passe temps. « sur le faste non, mais sur les paillettes ça c’est certain » en tout cas, dans son monde à elle, elle les cherche encore les paillettes. « je t’ai juste raconté la vie de château, j’ai jamais dit que j’y vivais » elle sourit un peu ne sachant pas vraiment trop comment prendre la remarque du garçon. l’occuper à faire le ménage et la lessive ? oui mais non. elle est déjà bien occupée avec lui là, en colle ça suffit. elle jette ensuite un oeil à sa tenue du jour, son sac à main, il a pas tort, ça vient pas d’une friperie c’est certain. même si rhéa, elle aime bien flâner dans les friperies pour y trouver quelques pépites. « effectivement, tu n’en es pas totalement loin. mais contrairement à ce que tu crois, je ne vis ni dans un château, ni dans un palace, ni même dans le quartier le plus riche de cette ville. » et ça c’est d’ailleurs bien un sujet qui la chagrine un peu à rhéa. toujours habituée au luxe, aux quartiers chics, cette fois ci son père a décidé pour une raison qu’elle ignore ou qu’elle ne veut pas comprendre plutôt de s’installer dans un quartier modeste. n’importe quoi. comme si ça allait l’aider à accepter le déménagement ici.

“oh si tu savais…” laisser planer le doute sur l’étrangeté de ses différentes passions, c’est tellement facile. il passera sous silence son engouement pour les comptines de gamins, ainsi que le fait qu’il chante baby shark avec beaucoup trop d’entrain pour la petiote. il aime prétendre que c’est juste pour faire rire la gosse, mais dans le fond, ça l’amuse énormément de prendre toutes les différentes voix et de jouer les papy sans dent. des fois, il se dit qu’il a dû être clown dans une autre vie, parce qu’il prend beaucoup trop facilement goût à jouer les andouilles quand l’occasion lui en est donné. concentration, il se se recentre sur la princesse disney et ses habitudes. “ah, mais alors j’en déduis que si c’est pas pour le premier jour, t’es quand même une habituée de la salle de colle ?” et ça la rendrait presque plus intéressante tout à coup, à croire qu’elle cache bien son jeu sous ses airs de bonne élève. et sa réflexion sur le bon sens de ce lycée lui arracherait presque un sourire. “parce que tu connais un lycée où tout se passe comme sur des roulettes ? t’as cru qu’on était au pays des bisounours ? d’ailleurs, qu’est-ce que tu fous dans un lycée publique ?” parce qu’elle a plutôt une tête à porter l’uniforme dans un établissement où l’année doit couter au moins trois fois leur maison. pourquoi il s’est mis cette idée en tête, il ne sait pas vraiment, mais ça colle plutôt bien, ça reste fixé dans un coin du cerveau sans vraiment prendre la peine de vérifier l’information. “attends encore cinq minutes et tu verras.” parce que qui dit surveillant qui dort, dit possibilité de se faire la malle sans se faire choper, et potentiel moyen de pression sur le dit surveillant en cas de force majeur. “qui a dit que je voulais passer ma vie au lycée ? plutôt crever sérieux.” les cours en horreur, les salles de cours qui s’apparentent de plus en plus à des cellules carcérales à mesure que les années passent, rien que de s’imaginer devoir faire encore un an ici il en aurait presque de l’urticaire. le rire qui reste léger, mais qui sonne déjà comme une douce mélodie, et c’est pas loin de calmer ses pulsions d’emmerdeur né, de l’adoucir assez pour qu’il devienne sympathique, si elle ne doutait pas de sa génialitude. “tes doutes s’envoleront bien vite quand t’auras appris à me connaître.” à peine arrogant, plutôt du genre confiant et sûr de lui, il n’a jamais été du genre à douter de sa popularité, ni à s’en inquiéter. sa bande de losers lui suffit, et lui apporte assez de confiance en lui pour alimenter ses penchants bête de scène. “la tristitude. je pensais que vraiment que vous bouffiez des paillettes au petit dej.” il en connait une qui va être déçue, y pense très fort sans pour autant mentionner abi, parce que c’est son petit coin de paradis qu’il ne réserve qu’à ceux qui le mérite. “mais t’enchaîne les déceptions là, toutes mes belles illusions qui volent en éclats !” à peine en train de dramatiser, parce que ça l’amuse, mais en même temps elle éveille sa curiosité. la question qui reste sur le bout de la langue alors qu’il entend un léger ronflement derrière lui. le regard qui s’illumine alors qu’il lève un doigt, se redresse, les sourcils levés. “t’entend ? c’est le signal. alors jasmine, tu me fais confiance ?” et le voilà qui se lève de sa chaise, main tendue devant lui alors que la connerie pointe au fin fond de ce qui lui sert de cerveau. “je vais t’offrir un monde aux milles et une splendeurs.” il serait prêt à éclater de rire tout seul face à sa référence si ça ne risquait pas de réveiller l’autre abruti.

elle secoue la tête d’un léger non. « oh non, j’ai pas envie de savoir » bien que ça ferait sans doute passer le temps. mais chaque chose en son temps et elle n’est clairement pas prête à écouter le garçon lui raconter ses passions toutes aussi étranges qu’elles puissent être. ils en sont pas encore à ce point là de confidences. « oula, si tu savais » elle reprend volontairement sa phrase précédente, elle grimace légèrement, repensant aux heures de colle dans ses précédentes écoles. elle a arrêté de les compter il y a bien longtemps. elle pourrait dire que ce n’est pas vraiment de sa faute, comme aujourd’hui d’ailleurs. mais ça serait mentir. parce que rhéa, c’est pas la dernière pour faire des conneries en cours sous son air de première de la classe. même si elle s’est souvent retrouvée en colle pour avoir mal parlé plutôt qu’autre chose. « mon ancien lycée » lycée privé ultra chic. ou tout marche comme les familles qui paient le plus le veulent. « franchement ? je me le demande aussi » le lycée privé lui manque. elle le reconnaitrait sans problème. pas forcément l’uniforme, mais au moins le cadre, les salles de classes qui ne tombent pas en ruine, le minimum d’autorité et ses potes. surtout ses potes. le plus important. elle l’écoute ensuite, attendre cinq minutes avant quoi ? que le surveillant s’endorme ? c’est tellement surréaliste qu’elle a du mal a y croire. mais le garçon a l’air sur de lui, alors elle attend. « on est bien d’accord » un premier point en commun. plutôt crever que passer sa vie au lycée. pourtant, il parait que ce sont les plus belles années. n’importe quoi. « oh mais je ne demande que ça » cette arrogance qu’il dégage est amusante, c’est qu’il gagnerait presque en intérêt aux yeux de la demoiselle. il semble un peu plus agréable que pendant le cours quelques heures plutôt et rhéa, elle se dit que finalement peut être qu’il est pas si chiant que ça. l’espoir fait vivre. « c’est toxique les paillettes, mais si tu veux vraiment tout savoir, on mange des oeufs ou des viennoiseries, tout dépend de ce qui a été préparé » elle exagère à peine, préférant les pancakes et le thé le matin plutôt que l’oeuf ou les viennoiseries. « tu m’en voies désolée, vraiment. mais te laisser croire un mensonge aurait pas été cool » elle sourit légèrement, ironie parce qu’elle n’est pas du tout désolée de le décevoir. bien au contraire, ça l’amuse de le voir croire des choses qui ne font pas totalement vraies juste à cause de sa tenue et de son sac à main. elle le voit alors se redresser, sorti de ses pensées visiblement par un ronflement. purée il avait raison. cinq minutes. et le surveillant dort. wtf. c’est à se demander pourquoi on colle les étudiants si les surveillants dorment. « donc il est vraiment payé à dormir ? » comme besoin d’une énième confirmation de la chose, elle en revient vraiment pas. c’est du jamais vu et  pourtant elle en a collectionné quelques unes des heures de colle. « j’ai le choix ? » faire confiance à un inconnu c’est pas trop son délire. mais bon. bien sur qu’elle l’a, mais en même temps, c’est trop tentant de le suivre. surtout avec la suite de sa phrase. la brune se retient de ne pas exploser de rire, elle attrape machinalement son téléphone qu’elle coince dans une poche de son jean et se lève, prête à suivre ce presque inconnu et même prête à prendre le risque de se faire à nouveau coller. « allez bouge, je te suis, faudrait pas qu’il se réveille » mine de rien, c’est dur de rester un minimum sérieuse en pensant à ce qu’il vient de dire.

le sourcil qui se hausse au dessus d’un regard interrogateur alors qu’elle admet ses fautes, et ça vient piquer sa curiosité parce qu’elle s’éloigne de plus en plus de l’image qu’il s’est formé d’elle. “tu m’en diras tant… t’en deviendrais presque intéressante.” hors de question d’avouer qu’il aimerait en savoir plus pour l’instant, il préfère encore jouer la carte de l’indifférence détachée le temps de préserver son rôle de je m’en foutiste. l’ancien lycée qui rentre en jeu, et il peut pas s’empêcher de se dire qu’il est bien content d’être tombé dans le public, parce que les règles à respecter sous peine d’expulsion, c’est vraiment pas son truc. “mon dieu, ça devait vraiment être ennuyant comme lycée.” et pourtant, ça a l’air de lui manquer, à voir sa réaction quand il lui demande ce qu’elle fout là. et il arrive pas à comprendre, parce que pour lui, le carcan d’interdits à lui seule l’aurait fait fuir après une heure. et s’il n’avait pas eu le choix, il est persuadé qu’il se serait fait virer après une semaine seulement, sans le moindre doute. alors qu’ici, peu de chance de se faire expulser de façon définitive. quelques heures de colles, une ou deux expulsions provisoires, mais ça ne va jamais plus loin. elle finit par lui arracher un sourire en allant dans son sens, et il est fier le gosse, d’avoir passer la carapace de la nouvelle, d’avoir réussi à éveiller assez d’intérêt en elle pour qu’elle daigne enfin s’intéresser à lui pour autre chose que ses provocations et sa connerie. déception nouvelle lorsqu’elle lui parle d’oeufs au petit déjeuner par contre, et il n’arrive pas à retenir un frisson de dégoût. “sérieusement, si j’avais des cuistots à disposition, je ferais une orgie de pancakes tous les matins.” ça changerait de la boîte de céréales reine des neiges parce que c’est abi qui les choisit. les yeux qui roulent quand elle lance une pseudo excuse concernant sa brutale vérité, parce qu’il sent bien que ça l’amuse à son petit sourire, et qu’elle est un tout petit peu en train de se foutre de sa gueule. “vraiment, c’est trop princier de ta part, fallait pas.” tiré de sa connerie par le signale - à savoir les ronflements du surveillants - il hausse les épaules à sa remarque, pas vraiment choqué de la chose tant il y est habitué. “faut croire. mais te plains pas, c’est hyper pratique !” il se lève, attend patiemment, sourire en coin en se demandant si elle osera suivre ou pas, c’est quitte ou double. “pas vraiment.” il enfonce un peu plus le clou, pousse sa chance, et ça finit par payer alors qu’elle se lève en essayant de ne pas s’étouffer sur le rire qu’elle retient. lui aussi il a du mal à ne pas exploser, parce que ça l’amuse vraiment cette situation, et que finalement, la rentrée est beaucoup plus fun que ce qu’il aurait pensé en se levant le matin. “à vos ordres, votre altesse.” il s'incline en une révérence avant d’ouvrir la marche, jette un coup d’oeil dans le couloir pour vérifier que la voie est libre avant de sortir de la salle sous le regard blasé des quelques élèves restant. il invite l’autre à le suivre d’un signe de la main en silence, histoire de rajouter une part de mystère, quand vraiment, il y a peu de chances qu’ils se fassent choper. arrivé dehors, il joue les guide, fait le tour du lycée jusqu’à l’échelle de secours qui mène sur le toit. “ j’espère que t’as pas le vertige.” et le voilà qui grimpe sans attendre de réponse, persuadé qu’elle suivra dans tous les cas. arrivée en haut, il se pose sur le bord, les pieds dans le vide, la mer qui se dessine à l’horizon. il sort son paquet de clope de sa poche avant de lui tendre, sans vraiment savoir si elle en prendra une ou pas. “alors, il est pas beau mon royaume ?”