nuits blanches trop noires. (( lola ))

ft @lola nelson

tu fixes le plafond de longues secondes, observes la fissure sur le plafond. tous les défauts de la peinture, aussi. tu te pinces les lèvres, de plus en plus agacé par les respirations envahissant la pièce. tu ne supportes plus d'entendre ces respirations, d'avoir l'impression d'être épié. tu soupires un peu et tu glisses une main dans tes cheveux. tu te redresses lentement, enfiles un t-shirt qui traîne au sol et restes en boxer. tu n'as pas besoin de plus, n'est-ce pas ? tu es à la maison. pour une fois, que tu es à la maison. assez rare pour être souligné, c'est certain. toi, tu es plus du genre à découcher, à traîner dans la rue tout la nuit, à t'inviter chez les gens pour quelques heures de sommeil bien méritées. tu n'aimes pas cette maison : trop de monde, trop d'enfants, trop de cris et de paroles. tu n'aimes pas le bruit. sauf la musique. la musique t'apaise et calme ton esprit dérangé, sans savoir pourquoi. tu soupires un peu plus fort, te fichant de déranger le sommeil de quelqu'un d'autre. un petit soupir t'échappe et tu secoues un peu la tête de gauche à droite. tu refermes lentement la porte derrière toi. tu ne sais pas vraiment quelle heure il est : tu t'en fiches bien. tes pas te mènent vers la cuisine, dans laquelle tu viens remplir un verre de jus d'orange, celui qui traîne dans le frigo depuis plusieurs jours. tu t'appuies contre le plan de travail et tu fermes les yeux un instant, profitant du silence de la pièce, du bruit du vent qui résonne contre la fenêtre. t'es bien, là. clairement mieux que dans une chambre trop pleine de monde. fuck. tu marmonnes en te rendant compte que tu n'as pas récupéré ton téléphone avant de sortir de la chambre. tu aurais pu profiter de cette pseudo-insomnie. tu aurais pu envoyer plus d'un message ce soir. tu aurais pu passer un peu de temps avec lui, ce soir. tu te pinces les lèvres et tu retins un léger soupir.
tu glisses une main dans ta nuque et tu joutes avec les mèches poussant de plus en plus. tu secoues un peu la tête et tu glisses une main contre ton visage. un soupir t'échappe et tu te grattes la joue distraitement. tu soupires un peu, fronces les sourcils en entendant du bruit. tu te redresses un peu, aux aguets. tu te crispes un peu et tu guettes chaque ombre et chaque craquement de planche. tu te pinces les lèvres quelques secondes et tu retiens un soupir en voyant lola te rejoindre. tes épaules s'affaissent légèrement. qu'est-ce que tu fais là ? tu demandes, les lèvres pincées. tu ne sais pas trop quoi dire. tu te grattes la joue un bref instant et tu forces un sourire sur tes lèvres. tu n'es pas très doué pour joue la comédie.

ft @Han Moon

Les filles forment paisiblement. Les yeux ouverts sur l’obscurité, tu peux entendre leurs respirations. Elles ne ronflent pas mais le bruit de leur souffle calme et détendu t’est insupportable, Lola. Toi qui n’arrives pas à dormir, à te sentir en sécurité dans cette chambre. Tu te tournes et te retournes dans ton lit, soupires, lèves lui yeux au ciel et finit par te lever. Ton regard s’attarde au-delà de la fenêtre. Là, en face, se trouve la chambre d’Ash, éteinte et ténébreuse. Il doit dormir, après tout, il a un match demain. Tu soupires, aimerais lui envoyer un sms ou bien l’appeler mais ce ne serait pas honnête de ta part. Tu restes un instant, immobile face à cette fenêtre le vent sifflant dans son bois. Les monstres de ton esprit chantent en choeur et tu as mal à la poitrine, Lola. Tu aimerais les faire taire, les détruire, les annihiler. Mais pour ça, pour ça il te faudrait une plaquette d’anti-douleurs et tu n’en as plus, pire, tu n’as plus un rond et ne peut donc pas appeler Dan. Alors tu dois faire avec tes travers briser. Tu devrais retourner au fond de ton lit, remonter le drap sur ta tête et essayer d’oublier, d’oublier le bruit et le silence, le jour et la nuit.

Encore un instant et tu décides de finalement sortir de cette chambre où tu étouffes. Les nuits ne sont pas particulièrement chaudes mais tu n’as jamais été du genre frileuse, Lola, et c’est donc en short et débardeur que tu descends les escaliers, tes pieds nues cherchant les points stratégiques de l’escalier, pour ne pas qu’il grince. Tu as beau sans cesse dire que ce n’est pas vraiment ta maison, ici, tu commences à la connaître par cœur, Lola. Tu traverses le salon, les yeux baissés sur ton téléphone et ton pouce gauche défilant sur l’écran. Tu pénètres dans la cuisine sans, dans un premier temps, te rendre contre que la lumière est allumée. Ce n’est que lorsque la voix d’Han s’élève dans la pièce que tu redresses la tête pour croiser son regard. Tu le toises un instant avant de lever les yeux au ciel en lui tournant le dos pour ouvrir la porte du frigidaire. Tu restes un instant à contempler l’intérieur de ce dernier avant de finalement le refermer pour attraper une pomme sur le comptoir. Cela fait, tu t’installes face à lui. « Toi, tu fais quoi là ? »

ft @lola nelson

tu n'aimes pas la nuit. et tu n'aimes pas le jour non plus. mais la nuit est pire encore, radine, elle refuse de te prêter un peu de morphine. tu glisses une main contre ton visage, soupires un peu en portant ton verre à tes lèvres. tu te grattes distraitement la joue et tu soupires lentement. tu n'aimes pas la nuit et sa solitude, tu n'aimes pas le jour et son agitation. tu préfères la solitude diurne, et l'agitation nocturne. tu secoues un peu la tête, pensant être seul éveillé dans la maison. jusqu'à entendre le parquet qui craque, des bruits de pas, une lumière caractéristique d'un téléphone. tu relèves un peu la tête, les traits légèrement tirés. lola. tu penches un peu la tête sur le côté, l'observes ouvrir le frigo, le refermer, récupérer une pomme. toi, tu fais quoi là ? tu hausses un peu les épaules, l'air de rien. tu sais pas, tu sais pas ce que tu fiches ici pour être honnête. tu viens te grattes le bras distraitement. j'arrive pas à dormir. tu avoues finalement. parce que c'est la vérité, n'est-ce pas ? tu n'arrives pas à trouver le sommeil, morphée te fuit depuis quelques heures déjà et tu n'en peu plus de tourner en rond. tu as l'impression que les garçons respirent bien trop fort dans tes oreilles.
tu secoues un peu la tête sur le côté, fermes les yeux et soupires un peu. tu termines ton verre d'une gorgée avant de venir le poser dans l'évier, le rinçant à l'eau et le laissant là. tu n'as pas non plus envie de faire la vaisselle : et puis quoi encore ? tu te redresses un peu, observes lola de longues secondes. toi non plus, je suppose. tu constates simplement en haussant les épaules. lola, elle est différente du reste des gamins avec qui tu cohabites. elle était comme toi : ballottée de famille d'accueil en famille d'accueil. et voilà qu'elle porte le même nom que tous les autres, maintenant. tu te pinces les lèvres, t'es septique quant à la fin de ta propre histoire dans la maison. ils vont terminer par ne plus vouloir de toi et de tes conneries. tes fugues, tes mauvaises notes, ton caractère de merde. qui voudrait de toi, après tout ? tu te grattes la joue, soupires un peu et glisses une main contre ton visage. je ne supporte plus les bruits de respirations. tu prends simplement la parole. tu hausses un peu les épaules, relèves la tête vers lola de longues secondes. est-ce qu'elle est heureuse ? est-ce que ça la rend heureuse, d'avoir été adoptée par les nelson ? de porter leurs noms ? qu'est-ce qu'ils vont faire de toi ? quand est-ce qu'ils vont te mettre à la porte ? parce que ça va arriver, ça va forcément arriver. t'as jamais tenu plus d'un an dans la même famille. ça fait dix mois. dix mois, c'est presque un an. tu vas bientôt devoir faire ton sac.

ft @Han Moon

Tu sors de la chambre en veillant à ne pas faire trop de bruit. Tu n’veux pas risquer de réveiller Zelda, tu n’veux pas sentir son regard peser dans ton dos alors que tu sors pour t’échapper d’elle, de cette chambre, de cette atmosphère qui te sert le cœur et t’étouffe. T’as besoin de sortir, de respirer, de vivre seule avec tes pensées. Alors tu descends, une marche après l’autre et le silence du rez-de-chaussée est incroyablement rassurant. Telephone en main, tu ouvres instagram et commence à regarder ton fil d’actualité. Il y a surtout des photos de filles qui prétendent être bien dans le basket et te font complexer. Tu appuies de fois, plusieurs fois, pour aimer certaines photos et laisses même quelques commentaires en entrant dans la cuisine. Tu tombes nez à nez avec Han. Ce n’était pas prévu, et on ne peut pas vraiment dire que ça te fait plaisir. Tu es descendue pour être seule, pour essayer de contrôler ton envie de tout oublier en avalant une pastille colorée. Et te voilà avec ce gamin qui te ressemble trop pour votre propre bien. Tu lèves les yeux au ciel quand il te demande ce que tu fais là. Comme si tu allais lui répondre. Tu t’installes à la table de la cuisine et observes ta pomme un long moment alors qu’il répond, lui, à ta question. Il n’arrive pas à dormir, évidement. Tu croques dedans et mâches en silence avant de dire, sarcastique. « Whaou, quelle perspicacité, Sherlock. » et tu regardes de nouveau ton téléphone. Vous êtes seule dans cette cuisine, mais ça ne veut pas dire que tu vas lui parler, faire la conversation et rire avec lui comme une idiote. Très peu pour toi. Il reste silencieux, lui aussi, et puis finalement, il prend la parole. Quand tu entends l’bruit de sa bouche qui s’ouvre, tu lèves les yeux au ciel, prête à lui dire de la fermer, qu’t’es pas là pour faire la conversation mais, alors qu’il relève la tête, tu l’observes, interdite. Pourquoi ? Pourquoi est-il comme ça ? Si similaire à toi ? Pourquoi arrive-t-il à mettre des mots sur ce qui t’angoisse et te sert la gorge ? Tu soupires. « On s’y habitue, tu verras. Mais… » silence, un instant, tu cherches tes mots, détestes parler pour rien dire. « mais parfois, c’est juste trop, parfois tu te réveilles avec l’impression d’étouffer, qu’t’es pas à ta place ici. Ça passe. » tu finis ta pomme, te lèves pour aller jeter le trognon et en profite pour plonger tes mains dans l’évier, activant l’eau pour nettoyer son verre, par automatisme. Tu sais que Paula n’aime pas voir la vaisselle traîner. Tu lui tournes le dos mais tu sens son regard sur toi. « S’ils m’ont pas foutu à la porte, y’a pas d’raison qu’ils le fassent pour toi. » tu dis, parce qu’au fond, tu sais ce qui pèse sur son cœur. Car ça pèse sur le tient aussi.