 | | Sujet: trois gouttes de sueur (louis) Lun 8 Mar - 19:31 | |
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trois gouttes de sueur, @louis jefferson
https://youtu.be/p5TdPIsgNoU
c'est l'enfer. les radiateurs marchent mal, il fait froid et pourtant tu sens les flammes de l'angoisse te brûler la peau. tout, autour de toi, pue l'échec et l'ennui. tu détestes cet endroit, tu détestes les gens que t'y croises. tu détestes les odeurs: le renfermé des chambres, la bouillie servie au self, les vestiaires et leurs testostérones. tu traverses le couloir la tête encapuchonnée, ton sweat gris comme seule barrière au reste du monde. comme indication, aussi. ça signifie: non, c'est pas le moment de me causer. m'approchez pas.
t'ouvres la porte devant toi, tu claques la porte derrière toi. silence. la chambre est vide. tu lâches ton sac à moitié déchiré au bout de ton lit, il s'y dépose dans un bruit sourd. un seul truc. t'as qu'un seul truc en tête. ton synthé miniature, ton seul refuge, posé sur ton coin du bureau (côté gauche). le cul posé sur la chaise, tu baisses ta capuche et remplace ce voile imperméable aux émotions par un gros casque audio sur tes oreilles. une fois branché, plus rien ne peux t'atteindre: tu n'entends que les battements de ton propre coeur, et les notes de piano. tu contrôles ce moment autant qu'il te permet d'être libre.
les doigts sur le clavier, tu tentes des trucs, une mélodie un peu bancale, tu notes au crayon sur un post-it qui traîne (et qui ne t'appartient probablement pas) les suites de touches qui marchent bien, celles qu'il faudrait retenir pour la prochaine fois. tu joues, tu griffonnes. tu perds la notion du temps et il est vite l'heure à laquelle louis déboule dans cet espace, espace qui n'est pas totalement tien. espace qui, le soir tombé, se voit divisé en deux. habité par deux âmes qui, forcées à cohabiter, se battent. c'est un peu comme le mythe du jumeau cannibale, qui finit par bouffer l'autre avant la naissance. dans ton dos, la porte de la chambre s'ouvre mais tu n'entends rien. tu ne remarques rien. t'es dans ton monde. louis serait bien fort s'il réussissait à y pénétrer.
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