Wichita - I'm crying on Lana del Rey songs because it's cute

[ wichita cole ]

I'm crying on Lana del Rey songs because it's cute
TW : dépression, idées suicidaires

[ identité ] Cole. Probablement des origines anglo-saxonnes, bien lointaines, très vites effacées par la bouse des terres profondes de l’Amérique. Wichita. Le nom d’une ville un peu craignos du Kansas. C’est peut-être pour ça que je suis un désert affectif et émotionnel. Angel comme deuxième prénom, c’est vraiment la blague du siècle ça. [ surnom·s ] Witchy – une sorte de jeu de mots entre mon prénom et le fait que je ressemble à une sombre sorcière émo-gothique. Cold – une sorte de jeu de mots entre mon nom de famille et le fait que je ressemble à une sombre sorcière émo-gothique. Ah ça on adore les jeux de mots ici, c’est la grande rigolade. [ âge ] Seize ans. Quand j’vois à quel point je suis démotivé de tout à seize ans, j’me dis que je ne risque pas d’atteindre les trente ans. Ma thérapeute a fait une tête bizarre, ça m’a fait rire. C’est pas comme si j’avais vraiment tort. [ vit à el reno depuis ] Dix ans, onze ans peut-être. Je n’ai ni l’envie ni d’intérêt à compter. Les Cole et leur industrie d’huiles sont en train de se faire des couilles en or depuis qu’ils ont tout plaqué de leur Kansas natal pour venir ici. La boue du Kansas ne devait pas être bien plus différente que celle de l’Olkahoma pourtant. [ grade ] Junior Year. Des fois je me demande comment j'en suis arrivé là. Puis je vois que les autres sont encore plus des nazes que moi, et je comprends. [ type d'élève ] Banal as fuck. Du genre à colorier les cases du cahier au lieu de prendre des notes, à faire des dessins dans le coin des feuilles, à échanger des petits papiers où je critique les fautes de goût de la prof d'histoire – sérieusement, une tenue c'est trois couleurs maximum. Le rose et vert, pas ensemble. Le genre d'élève qui bavarde mais pas trop, qui suit le cours mais pas trop. Qui se fait convoquer à l'infirmerie parce qu'il fait des dissertations sur le suicide. Pas le temps pour les gueulard.e.s ou les intellos. [ rapport avec les parents ] Comment interagir avec des bouseux capitalistes ? Un père qui se cache derrière ses costumes pour jouer les bourgeois alors qu'il est un plouc de base. Une mère qui croit qu'en achetant des lentilles bio elle comble la pollution de son gros 4x4 ou de l'industrie de son mari. Je les regarde avec un mélange d'amusement et d'agacement. Ils ne supportent plus mes crises, ma dépression et mes blagues sur le fait de me noyer dans les barils d'huile. Mais ils ne trouvent rien à dire, de crainte que je le fasse vraiment. Chacun met de l'eau dans son vin du coup ; ou de l'huile dans son moteur.[ type de logement ] Une grande maison achetée depuis peu. L'industrie ça rapporte gros. De la petite bicoque à la grosse barraque. Ils s'installent vraiment ici, les Cole. Et ce n'est pas pour me plaire. [ vit avec ] Ses parents, sa sœur, rien de fou. Un chat que j'ai surnommé "Mort", ça rend ma mère totalement barge. [ délits ] J'ai pas la motivation pour les gros délits. Je suis un flemmard, à vrai dire. Alors je me contente de suivre de loin les conneries des autres, servir d'alibi. Par contre, je suis une plaque tournante de la came de El Reno. Achat, vente, initiation, si seulement je pouvais passer un diplôme là-dedans, ça serait une vraie vocation. [ tue le temps en ] Se tuant soi-même ? Je passe déjà trop de temps à chercher du réseau dans cette ville de merde. Sérieusement, c'est quoi cet endroit naze ? Avez-vous déjà essayé de trouver de la coc' ici ? Pas facile, ça occupe aussi tiens. Puis il y a la Golden Hour pour les photos instagram. Ma thérapeute une fois par semaine, mais si je lui dis que c'est pour tuer le temps, elle le prendrait mal biquette. [ quel genre d'ami c'est ] Ma thérapeute – encore elle – me parle de mon attachement aux autres. Comme si je n'étais pas au courant que j'avais un soucis avec ça. Que je mets les autres à l'écart de moi, avant de trop m'attacher sans comprendre. A la moindre trahison, je te raye de ma vie. Je suis un ami fidèle, qui ne te montrera pas que je t'apprécie, mais qui se prendrait une claque énorme si tu t'en allais. [ a déjà trahi ou déçu ] Pour décevoir, il faudrait déjà que l'on m'ait porté de l'estime, non ? Je préfère la jouer mélodramatique plutôt que de répondre à cette question directement. Sorry not sorry. [ sa vision de l'avenir ] Sérieusement, vous posez cette question à un dépressif chronique ? Si je suis encore en vie, je serai loin de cet endroit. Une grande ville genre New York. Je sais pas ce que je ferais là-bas, sûrement un truc dans le monde de la fête, de la mode ou de la télévision. Là où les gens se cament, se regardent de travers, sont hypocrites. Tout ce que je peux être, du coup. Ou alors je tournerai mal et je finirai en désintox, si j'ai la flemme. [ groupe ] El Reno High School. Pour combien de temps encore, à voir.

sharp knives to cut your spite

« Bonjour Monsieur Cole. »

« Monsieur Cole ? Je pensais que l’on avait dépassé ce stade. Ca fait quoi, vingt, vingt-deux entretiens ? Vous pourriez m’appeler Wichita. Je sais que vous tenez à votre cadre de psy, mais tout de même. Et puis je ne suis pas si vieux que ça. Seize ans, c’est rien. Des gens vivent jusqu’à quatre-vingt-dix ou cent ans. Quelle horreur. Cent ans dans cette ville de plouc, vous imaginez ? Vous n’êtes pas d’ici vous. J’aimerai bien me tirer des fois, mais j’ai la flemme. L’aventure, tout ça, ça doit être si fatiguant. Il me faudrait bien trop de cocaïne pour avoir autant d’énergie. Les gens ça les boost de prendre de la coc’, moi ça me met juste au niveau normal de l’humanité. Peut-être même un peu plus rapide que les gens ici, parce qu’ils ne sont vraiment pas des flèches. Non pas que je consomme depuis longtemps, peut-être un an maintenant, mais c’est devenu une habitude assez récurrente. Faut bien s’occuper comme on peut ici. Les gens ne sont pas très futés, ni passionnants. C’est un peu comme de la couture pour les grands-mères, sauf que je ne suis pas très manuel. Vous allez me dire que c’est dangereux, mais quel est le danger de risquer de crever quand on a une vie aussi nulle ? Que je suis qu’une poussière à Ploucland. J’ai rien de particulier, c’est peut-être ça qui me rend si triste. Je me dis que je traverserai le monde sans qu’il ne se souvienne de moi. C’est pas méga horrible de penser à ça ? Mes yeux se lèvent au ciel tout seul quand je pense à ça, je sais. Au ciel, comme si y’avait un paradis au-dessus. Mais bref, vous avez juste dit bonjour Monsieur Cole, et je me suis emballé. Tiens, d’ailleurs, je crois qu’on ne dit plus Monsieur ou Madame. Une question de nouvelles politesses pour éviter de mégenrer les personnes. Je crois que ça me va, comme concept. Je crois pas que je suis vraiment un monsieur. Déjà parce que je suis un gosse capricieux et dépressif ; mais également parce que je pense avoir un côté plus féminin, ou plus je sais pas quoi. Les personnes un peu queer vous voyez. Bizarres, tordus, si on prend le sens littéral. C’est peut-être un peu moi ça. Je m’gare encore, continuez je vous en prie.

« Vous me semblez bien en forme Monsieur Cole, comment allez-vous depuis l’incident dont nous avons parlé la dernière fois ? »

« L’incident. Quel joli mot pour éviter d’appeler un chat un chat. Je trouve ça un peu choquant que l’on me renvoie deux jours pour avoir fait un esclandre et menacé de me jeter par la fenêtre. Et après c’est moi qui suis fataliste ?  Je ne vous raconte pas quand ma mère a déboulé dans le lycée. Elle était tellement soulée qu’elle a envoyé bouler le même prof que moi. In-croy-able. Ce que j’en tire ? Pas grand-chose, si ce n’est que ma mère me supporte encore moins qu’avant – c’est réciproque, arrête de faire des salades de boulgour s’il te plait mère – et que le lycée c’est bidon. J’ai appris que le côté suicidaire en crop-top déchiré c’était ultra fuckboy également, mais je crois que ça n’a pas arrangé mon cas. Ils m’ont quand même reproché ma tenue alors que je voulais passer par la fenêtre, où sont les limites ! Je pense qu’ils savent bien que je n’allais pas sauter. Ils ont l’habitude. Je ne fais pas tellement de bordel actuellement, je m’en fiche un peu de tout, mais là j’avais pas supporté le débat à la con du prof.

« Sur quoi était ce débat ? »

« Ce n’est pas la question. Je n’ai pas envie d’en parler, je m’en souviens même plus ! … Oh, arrêtez de me regardez avec cet air, vous savez très bien que je suis buté et que je ne m’intéresse qu’à ce qui va dans mon sens. La question de la frustration, la gestion des émotions, l’attachement, tout ça tout ça, on a déjà fait un topo dessus. J’ai décidé d’être dans l’acceptation, et même la revendication. Je suis totalement flingué, et ça me va. Sur ce, je ne vous souhaite pas de bonne journée, le bonheur est une construction sociale bidon, et la politesse la plus grande forme d’hypocrisie. Je ne vous souhaite rien, faites comme vous voulez faire. Je dois y aller, j’ai des potes à retrouver. Mettez le coût de la séance sur la carte bleue du paternel. Il n’a pas été capable de m’aimer, il peut au moins essayer de se racheter en payant mes séances de psy. »

 [ pseudo / prénom ] Nira'  [ type de personnage ] inventé.  [ pays ] France  [ avatar à réserver ] Fernando Lindez.  [ crédits ] mine.  

Citation :

Pour combien de temps encore, à voir.

Wichita Cole a écrit:

[ surnom·s ] Witchy – une sorte de jeu de mots entre mon prénom et le fait que je ressemble à une sombre sorcière émo-gothique

Citation :

Une mère qui croit qu'en achetant des lentilles bio elle comble la pollution de son gros 4x4 ou de l'industrie de son mari.