cruising for a bruising

[ parker calverley ]

LAST CHANCE TO DIE YOUNG

[ identité ] Ça roule mal sur la langue, le nom aussi rugueux que celle qui l'arbore. Mixte et matter-of-fact, banal mais brut, pas la place pour l'exotisme ou la féminité, à l'image de Parker ou elle à la sienne. Entre calvaire et cavalerie, les consonnes du matronyme supplient d'être réarrangées, donnant lieu à des remix qui l'amusent. Chaque fois qu'elle se fait malencontreusement renommer, elle s'éloigne un peu plus de l'étiquette jaunie sur la boîte aux lettres branlante enfoncée dans son petit lopin de honte et de terre battue. Dans la conscience collective, elle est Parker Cal —sur les réseaux sociaux, Cavalry. Le nom incisé, abrégé, remodelé. Mustang aux ambitions de vitesse ; enfin, la poussière s'élève dans son sillon au lieu de stagner contre ses gencives.  [ surnom·s ] Park, Cal, Rex, Peach, légions et tous accueillis avec le même trademark manque d'enthousiasme. Du putain de pain béni pour les bullies les moins créatifs, Parker s'est docilement prêté aux quolibets quand elle a débarqué en ville, donnant lieu à l'ultime Trailer Parker. Ha. Clever. Transformé en Bruiser lorsqu'ils ont appris à avoir peur d'elle ; son altesse des ecchymoses connue pour aller au contact.  [ âge ] dix-sept.  [ vit à el reno depuis ] Un an et demi. Mois d'août pré-sophomore year, GA → OK, ou du four à vapeur au grill. Either way, stick a fork in me, I'm fucking done.  [ grade ] junior year.  [ type d'élève ] Terre-à-terre et flegmatique. Des fulgurances en mathématiques qui se dissolvent trop vite dans une médiocrité généralisée, y a les sciences dures puis y a le yawn du reste. Ni attentive ni perdue en rêvasseries —inexistantes, le cerveau bien trop factuel pour tolérer le daydreaming ou pire, le cours d'anglais— calée dans le fond de son siège, backwards baseball cap vissée sur le front, Parker est simplement sceptique d'avance.   [ rapport avec les parents ] 404 not found. [ type de logement ] Single-wide trailer là où les grandes plaines deviennent le non-évènement absolu, petite grappe de mobile-homes sur un terrain "à construire" qui ne le sera jamais. Dans sa clairière dystopique d'être aride et rouillée, Parker —vaguement morbide mais surtout désintéressée— s'attend à finir en boîte à conserve dans sa capsule d'aluminium à chaque saison des tornades.  [ vit avec ] Si elles sont techniquement deux domiciliées dans le trailer, dans la pratique cela fait un an que Parker vit seule, indépendance de bête sauvage à peine mitigée par la présence hachurée de sa mère, entre deux portes ouvertes et vingt-cinq dollars glissés sous le pied du microondes, pour la survie élémentaire ou sa propre déculpabilisation.  [ délits ] Perdu le compte. La rage primordiale s'exprime avec les poings, le couteau et les substance abuse. Joyau de la collection,  assault and battery  Et dire qu'elle a dû quitter Atlanta avant de profiter de la street cred. Aucune putain de justice.  [ tue le temps en ] Le soccer intensif, la course à pied, le vélo, un lifestyle athlétique qui se compense et s'annule par toutes les pires décisions la nuit tombée. Fêtarde blasée, aka se pointe à ta soirée juste pour finir tes bouteilles et grignoter tes basses, a slut for a good beat drop, elle tend la langue à des prescription pills de contrebande et la gorge au rap abrupt, atteint le Sublime dans le rythme et ondule des hanches jusqu'à ce qu'un crétin commette l'erreur d'y glisser une patte. Suffit de ça pour que sortent les crocs, que sorte la lame. Ça tue le temps en s'offrant à sa cruauté, se met en travers de tout et tout le monde, s'attaque à plus fort ou réclame chez ceux qui n'ont rien à donner, ça s'approche des tornades et se tient au bord du vide. And yet, somehow, ça tue le temps en ne mourant pas. [ quel genre d'ami·e c'est ]  Problématique at best. Elle ne fait pas dans la demi-mesure, et attend la même inconditionnalité en retour. C'est tout ou rien, et si d'aventure elle croit qu'on lui donne légèrement moins que tout, elle tourne le dos, "ok donc rien." Complexe d'abandon qui se manifeste dans un besoin d'accroches, ça résulte en griffes qui s'enfoncent sous le derme et refusent de lâcher. [when we separate, we tear each other apart] [ a déjà trahi ou déçu ] —et jure que c'est pardonnable car elle n'initie pas, car elle a souffert en premier. Elle a souffert en premier.  [ sa vision de l'avenir ] ou La Cécité. L'avenir appartient aux imaginatifs ; Parker, factuelle et blasée, dépourvue de la moindre capacité à se projeter, vit dans un présent éternel limité par les sensations immédiates d'un corps qui brûle et crisse. If she gets her way, y aura de toute façon rien à voir. "Just because when you looked in the crystal ball you saw nothing, doesn't mean it wasn't correctly showing you your future."  [ groupe ] Howard. Yippee Ki Yay, motherfucker.

Sa réputation la précède. Sa moue aussi. Feisty et ça crève les yeux, vêtue de la défiance de celles qui ont tout à prouver, oscillant entre posture défensive et flegme gracieux du corps qui connait ses propres limites et les sait rares. Parker voit tout comme une confrontation qu'elle est prête à perdre tant qu'elle s'est battue, et afin de prouver la métaphore, elle la rend littérale. Bagarreuse et agressive, elle frappe en premier pour protéger la honte tenace qu'elle ressent à l'idée de venir de rien, humiliation discrète mais constante qu'elle surcompense en prétendant être un fier produit de trailer park trash, dénuée de l'horreur de l'ambition. Concrète et cynique, elle méprise la douceur, les rêveries, et ceux qui les commettent. Refus catégorique des histoires, celles que la fiction lui raconte et celles qu'elle est supposée se raconter à elle-même, elle voit l'escapism comme un danger, laissant trop de place à son propre spleen qui, si elle lui donne la main, lui bouffera le bras. Pour se vider la tête, elle a ses techniques. Préfère se tuer à la tâche sur le terrain, envoyer ses phalanges dans le menton d'une connard, mélanger shots et pilules, arpenter la plaine à vélo jusqu'à rencontrer des phares de face. Comme tout bon molosse, si on l'approche avec suffisamment de patience, elle devient chien de garde ascendant lapdog. Méfiante et dévouée à parts égales, incapable de réclamer beaucoup car elle donne peu alors qu'elle voudrait tout, l'adjudante chef des low expectations attend le pire et, pataugeant dans son pessimisme, a la satisfaction de se sentir justifiée dès qu'il lui est donné.  

It tasted like salt and failure. The bright red shame of being unloved.

sharp knives to cut your spite

GEORGIA PEACH. Le vocabulaire est limité. Whatever, I don't care, uh uh et autres variations en do mineur sur le thème du détachement, hairflip et haussement d'épaules. Alors que son frère lui manque chaque putain de minute de chaque putain de jour, alors qu'il y a un trou entre ses côtes là où le silence a enfoncé le poing, alors que sa mère l'a jetée sous le bus de sa pseudo convalescence, alors que the shoe will drop et Mul la mettra au ban, fatalement —emphase sur la fatalité, tous ses proches inévitablement plus heureux lorsqu'ils sont loin de la brand toute parkerienne de life, liberty and the pursuit of hopelessness. La peur, réelle comme une fracture, de ne devenir qu'une coquille vide. Un réceptacle pour toutes ses douleurs physiques et concrètes, les seules qu'elle s'autorise à adresser. Blessure de soccer à l'omoplate droite, qui date de la dernière saison et n'a jamais eu le temps de guérir. Compagne permanente qui est la seule dont elle se passerait volontiers, celle-ci se réveille dans ce que Parker fait de meilleur et de pire, altercations tardives avec un connard ou Mul grimpant sur son dos pour se hisser jusqu'à une fenêtre entre-ouverte. L'os fissuré irradie, attaque de proche en proche jusqu'à saturer tout son corps, assorti d'ecchymoses, gueules de bois, entailles. Mal aux genoux, aux gencives, aux phalanges, aux cheveux, ça grince dans la clavicule et brûle dans le coude. Parker met le "rage" dans rage de dent. Whatever, I don't give a shit, I'm fine, fuck off. Morning routine au goût de chemin de croix, Tylenol en guise de petit-déj, avalé dans une grande rasade de Sunny D dans un mug "peachy in the peach state" qui nargue et confère à tout contenu le goût aigre de la nostalgie. La teinte de concealer qu'elle utilise pour masquer les séquelles des dernières collisions contre sa mâchoire s'appelle "soft peach." Sur le chemin hors de la tôle, elle attrape son sac à dos sur la moquette et l'épaule proteste dès que la bretelle y est glissée. Peach, right. Bruising like one.

CUT TO THE CHASE. Chronologiquement avant Grace, avant Ken, l'allié originel, c'est son cran d'arrêt. Acheté avec son frère chez un prêteur sur gage d'Atlanta alors qu'elle était encore haute comme trois pommes, lame fine et manche léger, la switchblade fait tellement partie du look de Parker qu'elle existe comme continuation de sa main, présence rassurante dans la poche droite de la bomber jacket tandis que dans la gauche, son impulsivité fait contre-poids. Elle est la preuve que la meilleure défense ne se trouve non pas dans l'attaque, mais dans la menace. Parker ne l'a encore jamais utilisée sur de la chair —préfère le matraquage au contondant— ce qui ne l'a pourtant pas empêchée d'être utile. Depuis son arrivée en ville, Park sème les estampes impromptues. Des mots divers gravés avec minutie dans la tendresse du bois ou la résistance du métal, comme autant de I was here acérés qu'elle laisse derrière en tant que cailloux à suivre pour retrouver son chemin ; virgin sur son dossier en cours d'anglais, cherry sur ta tête de lit, needy sur un chambranle chez celui qui a osé l'accuser de l'être. Lors d'une soirée mémorable d'hiver, c'est la carrosserie d'un fuckboy qui y est passée. Trop binaire pour la démocratie, Parker croit en la toute-puissance des empires autoritaires qui se font à la force de la lame. Et la cryptique platitude "the world is my oyster" de se terminer par "which I with sword will open."

it's like the evolution of anger.

it doesn't have to be loud
all the time.

now it's just quiet and it's all of me.

RYAN CALVARY. Son frère et son meilleur ami, le partner in crime qu'elle imaginait éternel. Aîné d'une génitrice sans défense, il a revêtu le costume approximatif de père laissé derrière en s'imposant comme mentor et comme protecteur. Parker n'a jamais cru qu'il pousserait la ressemblance jusqu'à suivre l'exemple et détaler. Ryan l'a laissée derrière. Plain and simple. Mais Parker n'étant farouchement loyale qu'envers le fantôme de son frère, elle refuse toujours de s'en apercevoir. Peu importe qu'il ait pris sa vieille Chevy pour "aller voir un pote" il y a deux ans, ait quitté Atlanta sans un au revoir, et soit seulement venu voir la nouvelle adresse de sa soeur les pieds devant. Peu importe que pendant tout le temps de sa "fugue" il se soit contenté d'un appel grésillant tous les deux mois —de Nashville, Saint Louis, Charlotte—  coupant court aux conversations dès que Parker parlait de venir le rejoindre. Et le vrai pathétique de son fait divers, c'est qu'à défaut d'un modèle probant à comparer, elle pensait que c'était ça, l'intimité. Park avait de grands projets de tendre le pouce et d'aller retrouver Ryan, où qu'il soit, dès la graduation passée. Têtue, elle faisait semblant de ne pas s'apercevoir que dès qu'elle lui en parlait, il éludait. Elle l'aime à la folie, son frère, il est parfait, elle aurait tout abandonné pour lui et refuse de voir que lui l'a abandonnée pour rien. Ou peut-être que les oiseaux se cachent vraiment pour mourir. Que si la chute était en marche, l'impact ne pouvait se faire que là où la cadette n'y assisterait pas. Peu importe qui il cherchait à protéger, il a de toute façon échoué. Ryan Calverley, 2001-2020. Brother, son, addict.  Perdu aux opioïdes et à l'appel du vide, aperçu pour la dernière fois vêtu d'une chemise de grande surface dans un cercueil d'entrée de gamme acheté au téléphone tandis que dans son dos, sa mère sanglotait son cheap mascara contre ses paumes fébriles. Enterré dans une ville qui ne l'aura jamais entendu respirer, aka le dernier sale coup qu'il lui ait fait : la piéger ici en se décomposant dans ce trou. Si c'était pas pour une pierre tombale qui porte son nom mais ne rentre pas dans son sac à dos, Parker se serait déjà barrée. Then again, thanks bro. Le projet de le rejoindre est terriblement réalisable maintenant qu'elle sait exactement où le trouver.

parker cavalry, 2003-soon enough. broke a bitch's arm in atlanta.

Au tribunal pour mineurs, le white trash fait mauvais genre et Parker, phalanges bleues planquées dans la poche du tie dye hoodie, découvre que sa violence n'est héroïque que tant qu'elle s'exerce contre un mec. Les affrontements à des Cody et des Liam restent sans conséquences, de la rage standard d'adolescente disenfranchised, mais suffit de s'en prendre à une Mary Lynn et soudainement elle a une date de comparution et des anger management issues. Si les coups foireux sont nombreux, celui-là est le seul qui mérite d'être regretté, car il l'a faite atterrir ici. La mère alcoolique et oublieuse de la gamine incontrôlable échappe aux services sociaux en plaidant le "support system," ou un surnom bien ironique pour sa shrew de sœur émigrée à Ploucville, Oklahoma. L'émigration fut vécue comme un déchirement. Parker en veut toujours à sa mère de lui faire vivre ça ; ça a pris un décès pour qu'elle lui adresse à nouveau la parole. Atlanta ce n'était pas le septième ciel, tout juste l'absence de tragédie, mais chez les Cal on n'a jamais prétendu à rien de plus. Le départ se fit dans la douleur et les récriminations hurlées depuis la banquette arrière d'un van de location. "Runnin' to the other side of the country isn't gonna make you any less of a failure and the sooner you realize that, the less likely you are to ruin both our lives." Howard à la place de travaux d'intérêt général, ou la fausse bonne idée de lâcher Parker parmi son espèce dans l'espoir de la calmer. C'est presque si ça a marché ; entourée de gens qui lui ressemblent, madame fuck-ton-sentiment-d'appartenance n'à plus rien envie de prouver à quiconque.

MOMMY DEAREST. Du côté paternel du code génital, un trou béant. Par préservation ou manque de curiosité, Parker s'en fout. Du côté maternel, Miss Georgia 1999, sa mère compliquée et instable, alcoolique en réhabilitation chaotique, sublime exemple de MILF devant le décolleté de qui plus d'un tween boy a rencontré son éveil sexuel. Ex-reine de beauté qui vit dans le regard qu'on pose sur elle, qui ne réussit à affronter son inexorable déclin qu'à condition d'être suffisamment engourdie, Kelsey Calverley s'est désintéressée de l'éducation de sa fille à la seconde où elle s'est rendue compte que celle-ci n'est pas son clone parfait. Ne s'y est reconnectée —très marginalement— qu'une décennie plus tard, lorsque le drame lui a arraché 50% de sa progéniture. Après des années à vivre en tant qu'étrangères sous le même toit, à partager la forme de leurs bouches et un goût pour la liqueur mais strictement rien d'autre, à éprouver tant de mal à s'aimer sous l'hostilité, Kelsey tente maladroitement de réparer les ponts. De faire connaissance. Parker ne lui en laisse pas l'occasion. Prend la porte et scelle les lèvres, celles qu'elle s'arracherait bien pour pouvoir les lui rendre. Y a le ressentiment, mais y a pas que ça. Caporal Death Wish a pour projet de mourir jeune elle aussi, et Kels s'en remettra un peu mieux si elles s'aiment un peu moins.

[ pseudo / prénom ] soybean de mélèze-tombay, unième du nom [ type de personnage ] fossile  [ pays ] citoyenne du monde (#abolishborders) [ avatar à réserver ] bridget satterlee  [ crédits ] dieu.  

parker calverley a écrit:

et Mul la mettra au ban, fatalement

la reine a écrit:

Peach, right. Bruising like one.

Parker Calverley a écrit:

Parker s'est docilement prêté aux quolibets quand elle a débarqué en ville, donnant lieu à l'ultime Trailer Parker. Ha. Clever. Transformé en Bruiser lorsqu'ils ont appris à avoir peur d'elle ; son altesse des ecchymoses connue pour aller au contact.

caldwell & calverley:

Citation :

HOW DARE YOU