like roadkill on a leash.

[ elias roth ]

there is no tact in admitting to rottenness

[ identité ] elle naît d'un brasier et crève entre les dents. roth et sa délicate consonne fricative qui glisse sous les incisives avant que la langue n'ait le temps de fourcher, mais Dieu sait que ça toujours été fallacieux. e-lie-as, saint patron des hérétiques ; ça aura eu pour vocation d'être prophétique. littéralement : arrachée aux pages de l'ancien testament, l'identité décrit. figurativement : arrachée aux pages de l'ancien testament, l'identité prédit. et si l'ire s'exorcise par les flammes, c'est l'onomastique qui l'aura voulu. if I be a man of God, let fire come down from heaven and consume thee and thy fifty. (2 Kings 1:12) grand bien leur fasse, ils avaient raison d'y croire. ça sent l'infection à plein nez. [ surnom·s ] on l'appelle cowboy à raison d'être exactement ça ; le garçon aux bovins. l’œuf et la poule, impossible de déterminer qui du surnom ou de la persona a précédé l'autre. elias est vaguement conscient de sembler s'être échappé d'un roman de steinbeck ou de mccarthy ; d'être, malgré lui, le symbole de quelque chose de Grand et de difficilement quantifiable. cut him open and he'll bleed americana. quand la lumière le frappe juste comme il faut, le stéréotype chatoie et paraît presque flatteur : blue jeans, white shirt, le twang qui ondule sous le sourire bienveillant et les infatigables bonnes manières. galant et ô combien quaint, elias charme par vertu de ne jamais prétendre être charmant. suffit qu'un nuage s'invite pour qu'il —a study in shifting light— soit révélé sous un autre jour. de wholesome il passe à American Gothic, grant wood, oil on beaverboard. le puritanisme frugal, la work ethic fanatique, et le frisson qui parcourt ton échine. the seedy underbelly of rural america, ou tout ce que la bible belt produit de pire comme déchet, ignare et réprimé. c'est pourtant pas faut d'avoir voulu rise above it. faut croire que les grandes plaines l'ont trop acclimaté à l'altitude zéro. [ âge ] dix sept-ans et quelques poussières. dix-sept ans et beaucoup de poussière. dix-sept ans et surtout la poussière. ayant fêté son anniversaire à une trentaine de kilomètres à l'ouest de la death valley —le scorpion ramené à son climat d'origine—, elle a eu là-bas tout le loisir de s'immiscer dans chaque fissure, à travers les tissus jusqu'à pénétrer la moelle osseuse. l'histoire officielle raconte qu'il est parti "prendre l'air chez sa tante margaret", une version des faits que seuls ses parents continuent à maintenir. le reste de la ville aura vite fait de décrypter le code : l'ironiquement baptisé new eden, la thérapie cognitive, une profonde léthargie chimiquement induite. et, avant tout, d’innombrables heures passées à étudier le papier peint, sweating the crazy out. tout ce que la fournaise aura réellement réussi à annihiler, c'est ce qu'il lui restait d'innocence. on lui promet qu'il a encore toute la vie devant lui, ce qui se voit tout de suite démenti par la raideur dans ses joints, une fatigue bone-deep, un petit fragment de désert rien qu'à lui, à chérir comme un souvenir. si seulement il ne savait pas mieux, il appellerait ça rigor mortis. [ vit à el reno depuis ] toujours moins six mois. and then some, persuadé que quatre éternités au moins se sont écoulées depuis juin dernier. [ grade ] junior. [ type d'élève ] studieux et appliqué, discret et mesuré. ce qu'il manque en talent, il compense par le travail ; jack of all trades and master of none, s'intéresse à tout faute d'être passionné de rien. [ rapport avec les parents ] les respecte beaucoup trop pour pouvoir en être proche, plus des concepts inviolables aux contours humains que de véritables individus faits de chair et d'os. il les aime comme il aime Dieu : inconditionnellement, enflé à la foi aveugle, mais aussi par habitude ; parce qu'il n'a jamais connu un monde duquel ils ne sont pas l'immuable étoile du nord. une dynamique devenue coping mechanism depuis que la famille nucléaire s'est scindée. tous, ils s'appliquent à soigneusement s'éviter dans une chorégraphie qui est effortless d'être une seconde nature—n'est pas roth celui qui, stoïque, qui ne plonge pas sa souffrance dans les versets de l'évangile pour ultimement se noyer dans le labeur, amen. si le silence résonne juste un brin moins fort dans la solitude, c'est davantage dans un espoir de mimétisme qu'ils refusent aussi véhément de se regarder dans les yeux : elias va mieux en pensant qu'ils vont mieux et, en retour, ils vont mieux en pensant qu'elias va mieux. la supercherie est en marche. ils ont fusillé leurs économies dans son traitement, et lui prétend que cervelle peut être guérie autrement que par ablation. et quand, dans l'obscurité, le plancher soupirer sous ses pas, ils jurent qu'ils dorment trop profondément pour l'entendre. [ type de logement ] "not el reno proper", à mi-chemin entre ce trou et le suivant, la ferme familiale —Dairy Is Good For You!— s'élève d'entre les champs de maïs comme une excroissance spontanée si pas tout à fait naturelle. cluster de bâtiments dépareillés et, à en croire les quelques camarades de classe qui y ont été invités au fils des années, juste un poil troublant. ils sont unanimes : it looks bigger on the inside than it does on the outside. [ vit avec ] avec ses deux parents, avec une soixantaine d'animaux, avec la menace constante de la prochaine saison des tornades, avec sa honte, avec son zippo qui ne quitte jamais longtemps sa niche dans le creux de sa paume droite, avec ses mains qu'il ne reconnait plus comme les siennes, avec les protestations de ses muscles, avec la pitié des autres. mais, tout ça, c'est négligeable. elias vit avec son deuil. qui se manifeste par sa culpabilité. elle s'est enfoncée sous ses ongles et entre ses deux, serpente et retourne ses intestins, enduit les parois de ses paupières. qui se manifeste par le fantôme de sa sœur, éternellement juste à l'orée de ses sens, une ombre en bas de l'escalier ou un frisson dans les hautes herbes. il vit avec. parce que c'est sa seule option. [ délits ] baptême dans la gazoline. de prophète, elias renaît en Avenging Angel. a repeint le ciel pour qu'il reflète sa fureur : un orange ardent et apocalyptique. à la charge d'incendie volontaire aurait dû s'ajouter celle de la tentative d'homicide. emphase sur l'échec, Motherfucker s'en est tiré. malgré le cliché —isn't it always the quiet ones?—, elias aussi. le juge a décidé qu'il était trop triste pour répondre de ses actions. comme si lui et sa tristesse étaient deux entités distinctes. comme s'il n'était plus que ça : une carcasse animée par son désespoir. [ tue le temps en ] précisément en laissant le temps le tuer. immobile, il met le vieil adage à l'épreuve et défie la foudre de frapper une seconde fois. le purgatoire rencontre le complexe du martyr : le Temps, délectablement long, aime prendre son temps. roth, qui n'aura jamais aussi bien porté son nom, injecte de larges doses de Rien à ses journées en tirant son inspiration là où il la trouve encore : vides comme le paysage, plates comme la ligne d'horizon. la nuit, il se repent autrement. s'est épris des néons et de la saveur métallique que laisse le sang dans le fond de sa gorge. à défaut de véritables étincelles, se sustente aux métaphores. les tempes qui crépitent, les phalanges qui brûlent, et elias prend feu sur un parking désert quelque part sur la route 81. night sky en deux dimensions, tapisserie de constellations violettes ; en bon chrétien, il trouve le salut dans le châtiment de la chair. il s'allonge et ne fait plus qu'un avec le panorama. topographie de droites parallèles, le souffle aussi orageux que le tempête qui gonfle au loin, and it hurts everywhere. [ quel genre d'ami·e c'est ] l'assurance tranquille du Gars Sûr (trademark) invite à s'approcher, mais pourvu que ça ne soit pas de trop près. chroniquement dévoué, garçon-vitrail, disposé à distribuer tous ses plus beaux éclats à qui les demande tant que les débris, tout ce qui tranche, demeurent unilatéralement les siens. volontairement impénétrable jusqu'à accidentellement énigmatique, il élude avec l'élégante agilité de l'acrobate, érige son affable courtoisie en rempart et renverse les positions. question de discipline ; il s'est appris à ne tolérer la vulnérabilité que chez les autres. carbure à la loyauté, le code moral si rigide qu'il est souvent tout ce qui soutient la colonne vertébrale. holler et instantanément il répond présent, mais lui met un point d'honneur à ne jamais nécessiter l'assistance de quiconque. sa carrière de jock prématurément avortée dévoile son essence profonde : il faisait partie des équipes de basket (en défense, toujours) et d'athlétisme, mais il n'y a que le sprint qui lui manque. bon sur le terrain mais meilleur sur la piste ; animal politique, grégaire, qui navigue aisément les dynamiques de groupe, mais à la souche, not a team player. [ a déjà trahi ou déçu ] et l'a vécu comme si lui avait été trahi. comme si lui avait été déçu. [ sa vision de l'avenir ] an early grave. s'il a suffisamment de chance. [ groupe ] howard.

sharp knives to cut your spite

the cornfield's tassels are wicks burning toward the sky, and the fields
are sutured by utility poles marching like a procession of crosses.

on one side of the field I-55 stretches out, and semitrucks vibrate
with that low drone of travelling forever, flashing their lights at one another—
hello, I'm here, goodbye— and they continue on alone.
on the other side

of the field the only child hums a song of loneliness and mourning
but he doesn't know that yet.

a heartland fairytale / Avant d'être quoi que ce soit d'autre, Elias est fils du silence. Une route solitaire, une parcelle de grand air, et presque rien d'autre : c'est le Royaume du Vide. Depuis son épicentre, le monde est plat, infini, et tout à lui. Tout ce que touche la lumière. Façonné à son image même avant de l'être à Son image, il est pur produit de son environnement. La légende raconte qu'il serait né du néant et d'une fenêtre ouverte. Qu'il aurait un trou béant dans la poitrine et ça serait pour ça qu'il a tout le temps froid. Les soirs de tempête, si on posait l'oreille contre son torse, on aurait pu entendre le vent hurler sa sinistre mélodie entre ses côtes. Maintenant que l'incision est double —exit wound de l'autre côté du sternum—, maintenant qu'il est le seul héritier du silence, naturellement, la musique s'est arrêtée. Le vent ne fait plus que le traverser, d'un bout à l'autre de la cage thoracique. A chaque fois, c'est comme se faire arracher le cœur. He would know. Le sien est déjà six pieds sous terre.
Entre la famille Roth et la région, l'histoire s'écrit depuis plus d'un siècle. Settlers originaux, hillbillies y compris au sens le plus strict du terme, les ancêtres d'Elias ont franchi les Appalaches avec rien d'autre qu'une poignée de bêtes et les vêtements sur leur dos. Aujourd'hui, le troupeau est significativement plus large, et c'est la différence la plus flagrante. A la ferme, présent et passé se superposent. On subit le temps seulement par petite dose, aussi peu souvent qu'on peut se le permettre. Les pas des pères se lisent encore dans la boue et sont, par conséquent, faciles à retracer. Suffit de regarder l'architecture pour deviner qui exactement y a imprimé sa paume. La Conquête de l'Ouest rencontre le brutalisme des sixties rencontre tout ce qui a pu être récupéré. Si Elias regarde suffisamment bien, dans la résistance au changement ambiante, il peut aussi discerner son avenir. Tout ce qui est réconfortant et tout ce qui stagne.

firebug / Longtemps la seule tâche sombre à un tableau immaculé, Elias fume de façon régulière depuis l'âge de ses treize ans. Officieusement, même un peu avant ça ; chaque fois qu'il en a eu l'occasion, les cigarettes dérobées une à une dans les paquets de son père. Pas par esprit de rébellion, pas pour le thrill, et certainement pas pour le buzz blême de la nicotine—tout ce qui l'a jamais intéressé, c'est ce qu'il se passe à l'extérieur. En jouant avec le feu, Elias s'est entiché de la pratique mystique de l'Art pour l'Art. Autour de ses Malboros Red il a tissé sa propre mythologie : la clope malicieusement exposée derrière une oreille pour détourner l'attention de ses doigts qui, en contrebas, qui pétillent furieusement sous les étincelles. Sa thérapeute parle de trouble du contrôle des impulsions. Puisque la lucidité est une malédiction, il n'a pas eu besoin d'insight professionnel pour lier sa fascination pour les flammes à la discipline stoïcienne qu'il applique à tous les pans de sa vie. Perversion incluse. Elias n'est rien si pas rigoureusement méthodique. Seulement logique qu'il ait trouvé sa décharge en défiant l'ordre par le chaos. A l'autel du feu sacré, seules les commodités abondantes ont été sacrifiées. Les champs et leur monotonie morose, dans lesquels semer des cendres comme Thésée déroule le fil d'Ariadne ; les interminables après-midis d'été et la nécessité de marquer le passage du temps qui devient vitale, voir les minutes se consumer au risque d'être, sinon, à jamais prisonnier de leur emprise, ou les longues nuits d'hiver où il a toujours semblé qu'il s'agissait du seul moyen de retrouver un peu de chaleur ; sa curiosité qui, il s'avère, ne connait aucune limite. La fumée du bûcher grimpe jusqu'aux portes des cieux et Elias, les genoux au sol, l'euphorie toute religieuse du pèlerin arrivé au terme de son voyage, partage avec l'Eternel le même amour incandescent de la combustion. Le feu illumine, le feu guide, et parfois —L'Ordre dans Le Chaos—, le feu purge.

my mother is in the church getting the sadness prayed out of her. i am a skeptic in spite. out of spite. i am in the backseat getting naked. i am in the back row blowing bubbles. i am trying to catch the light how i can. she is doing the same thing, only keeping her hands cleaner. holding still. doing a better job of saying yes and bless you. this way or that one? shame? or a softer word for it? whatever it is they say. a bruise by any other name. do you see it? it's not different gods we are trying to get to. it's a different kind of worship.

cleanseth in his blood / Spartiate aguerri, Elias connait mal la délivrance aux bras de Morphée. Depuis qu'il n'y a plus de respiration sereine sur laquelle se calquer de l'autre côté du mur, l'exercice s'est prouvé impossible. Les pilules auraient pu être une solution si seulement ce n'était pas d'un amarrage à la réalité trop catégorique dont il souffrait. Aussitôt prescrites, aussitôt poured down the drain. A choisir, il préfère l'exhaustion aux rêves lucides—better the devil you know than the devil you don't. Les souvenirs de thalasso, ou la narcose brumeuse à laquelle ils semblent désormais se résumer, restent à portée de main et servent de rappel. S'il est condamné au sort de mort-vivant, ça sera sous ses conditions. Ergo, le chemin de croix devient littéral et prend des airs de crossroads. A mesures égales, la prédestination et le conditionnement. Ce n'était qu'une question de temps ; d'avoir eu le berceau posté au bord de Mother Road, le romantisme qui jaillit des pots d'échappement était appelé à rencontrer l'ethos patriotique qui bouillonnait déjà dans les veines. Les journées s'étirent et sont endurées sous le signe de la soumission monacale ; austères et prosaïques, jamais plus proches de la rédemption que dans le travail. A la nuit tombée, l'élastique snaps. Les heures plongent sous les roues du pick-up truck et, soudainement, c'est la course contre la montre. L'obscurité est technicolor jusqu'à que la vision se pare de rouge. A défaut de se permettre le sommeil, Elias opte pour l'engourdissement, et s'il plisse les yeux suffisamment fort, c'est presque la même chose. Et l'abandon de soi, il le trouve aux poings d'étrangers—la compassion sans attaches. En sa qualité de prophète, lui suffit de cracher du sang sur l'asphalte et Nulle Part se fait hallowed ground. Neon Cathedral, la seule qui veuille encore de lui. Il déploie sa gorge en offrande et sous les coups atteint la consécration. Et lorsque la douleur crie assez fort pour noyer les feulements de la conscience, enfin il sombre. Enfin, il dort un peu. Le lendemain, six heures tapantes, il traîne sa carcasse lancinante dans son footing matinal. The Man, his Boulder. Rinse and repeat.

 [ pseudo / prénom ] puppy/sloth/oeil de lynx  [ type de personnage ] inventé baby.  [ pays ] le royaume.  [ avatar à réserver ] vip club.   [ crédits ] pinterest, julykings, john mccarthy, sk osborn  

Grace Mulder a écrit:

j'en redemande tout en sachant que je suis pas prête

Spoiler: