still mine/jarty

Jamais une dispute avec Artemis Swanson n’avait duré aussi longtemps. Il aurait été plus simple et rapide pour toi de plier le genou devant elle pour obtenir son pardon, mais tu n’avais pas l’impression que c’était à toi de la faire. C’est elle qui refusait d’abandonné son jouet de remplacement, parce que disons les choses comme tu croyais qu’elles étaient ; Hunter Briggs n’était rien d’autre qu’un vulgaire passe-temps pour oublier le mal que tu lui avais causer en l’abandonnant pour partir vivre ta vie. Est-ce que tu étais un sale enfoiré doublé d’un égoïste ? Oui, mais tu n’avais jamais prétendu être autre chose lorsque tu étais avec elle. Artemis avait le droit à la version cash de ta personnalité pour le moins sombre. Au travers de tout ça, néanmoins, elle savait combien elle comptait dans ta vie et surtout à quel point tu es très amoureux d’elle. Quoi qu’il en soit, tu te disais que cela prendrait bien fin prochainement et tu prenais ton mal en patience. Artemis finirait par s’ennuyer autant de toi que tu t’ennuyais d’elle et vous vous réconcilierais, comme d’habitude. C’est donc avec confiance et une pincée d’arrogance que tu te dirigeais vers la soirée organisée. T’avais en tête de trouver l’objet d’Artemis, tu voulais aussi en prendre un deuxième, parce que si tu ne voulais pas partir en date avec ta petite amie, il était tout à fait hors de question qu’un autre garçon s’en approche. Les rumeurs de votre séparation commençaient déjà à se rependre, ça ne te plaisait pas. Artemis et toi n’étiez pas séparé, complètement ridicule. Vous viviez une période tumultueuse, mais tous les couples d’adolescents mégalomanes finissent par en vivre ! Il ne faut pas être fait très fort pour immédiatement sauter en mode rupture. Le thème fluo de la fête te plaisait bien et tu avais opté pour un outfit à la fois thématique et ridicule. Tu ne passerais pas inaperçu, et c’était tant mieux. T’avais bien envie qu’Artemis te voit. Tu étais littéralement obsédé par elle. Tu voulais la voir revenir le plus rapidement possible vers toi et tu étais même prêt à l’accueillir les bras grands ouverts et effacé l’ardoise de sa liaison avec Hunter. Elle n’avait pour ça qu’à revenir et te dire ce que tu voulais entendre. Autrement… Bref. Aujourd’hui c’était la fête, c’était le début de l’été. C’était aujourd’hui que commençais les vacances et tu voulais en profiter à fond. Tu vois au loin le bateau et tu souris gentiment, tu voulais faire le tour et attendre un peu avant de partir à la recherche de l’objet d’Artemis. Puis au détour, qu’est-ce que tu ne vois ? Artemis, en compagnie d’un garçon qui n’était ni Hunter, ni toi. Tu fulmines et tu t’avances comme un lion en direction de sa proie. Tu te plantes près du duo de fortune, un garçon de la même année que toi et que tu ne supportais pas de voir en peinture. Je vous dérange peut-être ? Petit sourire hypocrite accroché au lèvre, timbre de voix amicale, mais au fond de toi tu étais en train de le détruire à coup de bâton de baseball. Puisque tu en parles, oui. Le garçon, James, était définitivement en mode séduction et tu n’arrivais pas à lire sur le corps de ton amoureuse si elle était ou non favorable aux avances, dans tous les cas toi tu ne l’étais pas et tu comptais bien le faire déguerpir. De toute façon, ton ex est libre comme l’air maintenant, dégage Lancaster. Tu échappes un petit rire, pas le genre de rire drôle, plutôt le genre de rire qui sous-entend que la personne est dans la merde. Écoute, quoi que les gens disent, c’est ma copine. Dégage d’ici. À moins que tu ai envie que tout le monde sache ce que tu gardes si précieusement dans ton portable, hein, James ? Tu pointes mollement sa poche, ce téléphone portable rempli de preuves sur un secret qu’il tente de dissimuler. La tête de James se défait et se défend en t’accusant de dire n’importe quoi. Un soupire s’échappe de tes lèvres et tu murmures quelques choses à son oreille. James regarde Artemis puis sans dire un mot de sauve comme un voleur, tu te retournes, triomphants vers ta belle Artemis, mais ce n’est pas une princesse en détresse qui te fait face mais une furie.

Jamais. Jamais, depuis qu’ils sont ensemble, n’est-elle restée si longtemps loin de Jules de sa propre volonté. Et ça la tue. Elle refuse de s’abaisser à faire le premier pas vers lui, refuse de s’abaisser à revenir, pas après son départ, pas après son retour de fils prodigue à l’improviste, en pensant que tout lui était acquis. Pas après cette soirée, dans la piscine. Elle digère encore mal le fait qu’il se soit cru avoir le pouvoir de lui dire qui elle pouvait voir ou pas, surtout quand il s’agit d’Hunter. Et puis y a Liv, aussi. Liv, la déception dans son regard, l’amertume dans sa voix quand elle a su, quand Artemis a fini par cracher le morceau. Elle le sait, que Liv ne porte pas Jules dans son coeur, loin de là. Et elle sait que dans le fond, elle a raison. Elle comprend la position de sa meilleure amie, parce que c’est elle qui l’a récupérée quand elle était au plus bas, c’est elle qui a dû recoller les morceaux, et c’est encore elle qui devra récupérer Artemis si ça foire à nouveau. Et quand on parle de Jules, c’est difficile de croire qu’il n’y aura pas une prochaine fois, une prochaine engueulade, un nouveau déchirement. Mais en même temps, ça lui manque. Ses bras autour d’elle, ses lèvres sur sa peau, son odeur sur ses draps. Tout lui manque. Elle qui refusait de se mettre en couple, finalement, d’y avoir goûter et de se l’être vu arracher, ça a créé un vide, un trou béant dans la poitrine qu’elle n’arrive pas à combler. Mais elle fait l’autruche, Artemis, enfouit la tête dans le sol pour éviter de voir la réalité en face. Et puis de toute façon, c’est à lui de s’applatir au sol, pas à elle. Elle en est convaincue, c’est lui qui porte tous les tords, et il est hors de question qu’elle joue les donzelles en détresse pour le bon plaisir de monsieur. S’il n’est pas foutu de ravaler sa fierté mal placée, c’est son problème. Elle fait l’aveugle sur le fait qu’elle a exactement le même problème, et qu’à ce rythme là, ils en seront encore à se déchirer et à s’en vouloir dans dix ans. Elle jette un dernier coup d’oeil à son portable, toujours pas de réponses de Liv, et elle ne sait pas si sa meilleure amie viendra à la soirée de l’épave, mais en tout cas, il est hors de question qu’ell-même ne s’y rende pas. Pas après que sa licorne ait disparu. Elle le savait bien, qu’elle aurait dû l’enfermer dans un coffre fort, mais maintenant, c’est trop tard, et si quelqu’un tombe dessus, fini l’image de la femme forte qu’elle aime se donner. Crop top jaune fluo, trait d’eye liner assortie et mini-jupe noire à taille haute, il ne manque plus que les baskets blanches à enfiler et la voilà parée pour la soirée. Arrivée sur place, elle jette un oeil pour voir si elle croise le regard de Liv, mais non, personne à l’horizon, si ce n’est Parker-sapin-de-noël qui scintille de mille feux à l’horizon. Elle pourrait presque sentir la tension commencer à la démanger, mais elle est tirée de ses reflexions par l’arrivée d’un type qu’elle connait de vue sans réussir à remettre un nom sur le visage, et qui clairement ne l’approche pas pour parler de la pluie et du beau temps. Elle pense d’abord à l’envoyer chier, parce qu’elle est pas vraiment d’humeur, mais sa tête lui dit quelque chose, et elle se rappelle : Jules ne peut pas le saquer. La main qui vient se poser sur la hanche, sourire charmeur, les cils qui battent, si le Lancaster est dans les parages, elle ne veut pas rater une occasion de remuer le couteau dans la plaie. Et elle n’a pas à attendre cinq minutes pour que le plan fonctionne. Les yeux qui roulent vers le ciel alors qu’elle croise les bras, laisse l’autre répondre à sa place vu qu’il fait ça très bien. Elle hausse les sourcils, lâche un ricanement quand il l’appelle sa copine, parce qu’elle ne supporte pas ce mot, cette marque de possessivité. Elle attend que le dénommé James roule des mécaniques et face partir Jules, mais apparemment, elle a parié sur le mauvais cheval, parce qu’il ne faut pas plus qu’un murmure pour le faire déguerpir. Elle souffle, lâche un soupire de frustration en regardant l’autre fuir. “Tous des lâches, sérieux.” Evidemment, Jules jubile, et rien que de voir ce petit sourire narquois, ça la rend folle, elle a envie de l’étriper. “T’avais rien de mieux à foutre, ce soir ? Personne d’autre à aller emmerder ? Et pour rappel, je suis plus ta copine.” Plus depuis qu’il s’est barré comme un lâche, lui aussi.

JLa réaction de la petite blonde te satisfait pleinement, savoir qu’elle est furieuse que tu as réussi à le faire fuir te faisait, honnêtement, plaisir. Artemis n’est pas contente, mais à l’heure actuel il ne serait pas faux ou exagéré de dire que la ligne est mince entre l’amour et la haine et tu savais que vous dansiez dangereusement sur cette limite depuis ton retour. Au fond, tu te disais que tant qu’elle pensait un minimum encore et toujours à toi, rien n’était perdu. Même si à cet instant précis elle te crache au visage que tu devrais trouver une autre personne à faire chier et qu’elle te souligne qu’elle n’est plus ta petite amie. Inévitablement que ces mots-là frappent directement dans ton cœur et cela atteint ton armure d’arrogance qui craquelle. Artemis Swanson a toujours su et saurais toujours quoi dire pour t’atteindre, tout comme toi d’ailleurs, envers elle. Vous étiez fous l’un de l’autre, mais vous pouviez tout aussi bien être le plus grand ennemi de l’autre. Votre relation explosive et passionnelle était une véritable arme à double tranchant. Tu hausses les épaules. « Arte, c’est qu’une… » Dire que vous traversiez une ‘’mauvaise passe’’ serait le comble de l’ironie. Tu avais vu qu’elle avait changer sa photo de profil sur les réseaux sociaux, que tu n’y apparaissais plus en première page. Tu avais blessé ta douce. C’était donc, forcément, bien plus grave qu’une mauvaise passe. « C’est tendu entre nous, je le sais, mais mes sentiments pour toi sont toujours les mêmes. » Tu étais toujours aussi ouvert avec elle. Tu tentes le diable, tu sais qu’elle n’arrive jamais à résister bien longtemps lorsque tu t’imposes physiquement à elle. Tu n’étais pas très bâti, en tout cas si elle te comparait avec Briggs, forcément que tu étais une asperge pas bien solide sur tes jambes. C’était surtout sur le magnétisme qui vous poussait l’un vers l’autre que tu comptais. « Tu sais, il ne manque pas grand-chose pour que nous passions l’éponge sur ce qui s’est produit. » Malgré toute ta lucidité, pour toi, le soucis n’était pas spécialement que tu partes sans l’annoncer, mais plutôt ta requête envers son jouet. « Je n’aime pas cette situation, toi non plus, pourquoi est-ce que tu tiens à éternisé ça ? » Tu t’approches d’elle et prend le risque de poser doucement une main sur sa joue et tu plonges tête première dans ses grands yeux expressifs. « Tu sais que je t’aime. »

Elle arque un sourcil au dessus d’un regard sceptique alors qu’il tente de s’expliquer, de mettre des mots sur ce qui se passe entre eux ces derniers temps, curieuse de voir comment il va s’en tirer. Pas un mot ne sort de sa bouche alors qu’il cherche les siens, elle attend patiemment, le laisse pédaler dans la semoule dans son coin alors qu’elle jubile de le voir galérer. Rire mauvais qui lui gratte la gorge lorsqu’il parvient enfin à s’exprimer. “Tendu ? C’est un euphémisme.” Les bras qui se croise sur la poitrine, comme pour marquer un peu plus la distance qui les sépare, au propre comme au figuré, pas prête à faire le moindre effort pour arranger les choses pour le moment. Elle refuse d’entendre parler de ses sentiments quand elle-même est encore bien trop aveuglé par la rancune et la blessure qui lui lacère l’âme. Bras qui reste définitivement croisés devant elle alors qu’il se rapproche. Elle sait pertinemment ce qu’il essaie de faire, jouer sur ce magnétisme qui les attire l’un vers l’autre, auquelle elle a toujours eu du mal à résister. Mais pas cette fois. Elle refuse de se laisser avoir. Pas quand ils se trouvent devant l’épave, devant tout le monde, devant moults regards indiscrets. “Là-dessus on est d’accord.” Pas grand chose, en effet, pour qu’elle accepte de passer l’éponge sur son départ et ses remarques désobligeantes concernant Hunter. Et Liv. Le problème, c’est qu’ils n’ont sûrement pas la même idée en tête, elle le sent. Il suffirait qu’il s’excuse, reconnaisse ses torts, l'entièreté de ses torts, et elle pourrait passer outre le fait qu’il ait décidé de tenter de la contrôler. Mais elle le connaît assez pour savoir que dans son cerveau, il se croit probablement innocent, blanc comme neige, exempt du moindre soupçon de culpabilité. La preuve, pas la moindre tentative d’excuse de sa part, simplement un rapprochement physique, et elle peut sentir ses nerfs qui se mettent en boule, la tension qui la gagne, comme toujours, déchirée entre l’envie de l’embrasser et celle de lui coller son poing dans la gueule. Elle plisse les yeux, sourire narquois aux lèvres alors qu’elle vient poser une main sur son torse. “Tu sais, c’est pas moi qui éternise tout ça, comme tu dis…” La main qui se pose sur sa joue, ces mots qui l’ont fait fuir si longtemps, dont elle a tant rêvé pendant son absence, après son départ, mais qui maintenant ne font que remuer le couteau dans la plaie. Elle reste impassible un instant, le regard perdu dans le sien, avant de repousser violemment sa main, de faire un pas en arrière. “Tu sais que tu m’emmerdes, Jules ? C’est pas à coup de je t’aime à deux balles que t’arrangeras les choses.”