let's go back (soranae)

elle broie du noir danae, elle se sent seule. ce poids sur la conscience qui l'écrase, cette culpabilité qui la broie, sans relâche. et impossible d'en parler à qui que ce soit. pas même à ses amis et complices, avec qui le sujet est un tabou tacite. alors elle tourne en rond avec sa mauvaise humeur danae, son calme légendaire qui s'effrite au fil des mois, tout comme ses relations. celle avec diego qui a tourné en enfer, celles avec ses amis qui sont devenues distantes, et celle avec soren qui est devenue froide. elle en peut plus danae, elle a besoin de quelqu'un. et là tout de suite, elle a besoin de son grand frère. elle en peut plus de cette ambiance tendue entre eux dès qu'ils se croisent, de ces regards fuyants à table le soir. ils ont toujours été très proche et danae, elle voudrait retrouver cette complicité. alors aujourd'hui, elle a décidé de relancer la tradition du pic nique du samedi midi. eux deux, sur la plage, autour d'un bon petit repas, à parler de tout et de rien, à rester là le plus longtemps possible pour fuir la maison. elle avait un peu peur qu'il refuse soren, mais à sa grande surprise il a accepté quand elle lui a demandé quelques jours plus tôt. alors depuis elle prépare tout gaiement. elle espère danae, elle espère que ça leur permettra de se rapprocher à nouveau.

assise sur sa petite couverture, les pieds dans le sable, elle attend danae. soren avait quelque chose à faire avant, alors ils doivent se retrouver directement sur la plage. le panier rempli de nourriture à ses côtés, le regard sur les vagues, le cœur battant. danae presque stressée de voir son frère, de se retrouver seule à seule avec lui. danae l'hypocrite qui vient chercher l'affection de son frère alors qu'il entrerait dans une rage noire s'il savait qu'elle était amoureuse de son ami. pas seulement amoureuse, mais convaincue que c'est l'amour de sa vie. car si elle n'était pas obligée de lui mentir au quotidien, elle pourrait être là pour lui après son accident, et ils pourraient être heureux. mais déjà quand ils avaient encore tout pour eux, il manquait quelque chose. l'approbation de soren, la permission pour s'aimer librement, pour cesser de se cacher. mais danae qui a toujours eu trop peur de perdre l'affection de son frère en révélant leur histoire. et maintenant, il n'y a plus d'histoire à révéler. des pas qui la tirent de ses pensées, ses yeux qui se lèvent pour rencontrer ceux de son frère. « ah, te voilà ! » elle se lève danae, un peu gauchement. elle déteste se sentir aussi mal à l'aise en la présence du seul qui a toujours été là pour elle. « ça va ?» l'espoir qui résonne dans son cœur, la volonté de tout réparer.

@soren black

elle a voulu qu’ils reprennent leur habitude de se retrouver le samedi midi à la plage, et il sait pas trop quoi en penser, soren. ils ne se sont pas retrouvés juste tous les deux depuis ce qui lui semble être une éternité, et s’il aime sa soeur, la distance entre eux depuis quelques mois s'apparente à un gouffre infranchissable pour lui. il prétexte un truc à faire au matin, mentionne vaguement l’équipe, mais la vérité, c’est qu’il préfère ne pas se retrouver à faire le trajet avec elle jusqu'à la plage. besoin de se retrouver seul avec lui-même et sa connerie, un instant, parce qu’il ne sait pas comment prendre cette tentative de rapprochement de la part de sa frangine. pourtant, c’était si naturel entre eux, avant, jamais l’un sans l’autre, inséparables dans les sorties comme à la maison. puis l’alcoolisme du père qui s’est dégradé, les coups plus réguliers, le gouffre qui s’est creusé entre eux. il l’aime, mais une part de lui lui en veut, de ne rien dire, de ne rien faire, de ne pas assumer ses conneries quand elle en fait. et ces derniers temps, elle les enchaîne. il comprend pas pourquoi, soren, elle qui a toujours été la plus sensée des deux, celle avec le plus de matière grise, ça lui ressemble pas de se mettre dans le pétrin toute seule. il sent bien, que quelque chose cloche, qu’il doit y avoir quelque chose qui la travaille, pour qu’elle se comporte ainsi, mais le lien est brisé entre eux, et il ne sait plus comment l’approcher, comme lui tirer les vers du nez. avant, il n’avait jamais aucun problème à la faire parler. elle lui racontait tout, sans se poser de questions, c’était facile. mais maintenant… il jette un coup d’oeil à son téléphone, pour regarder l’heure, lâche un soupir en se rendant compte qu’il va être en retard - comme toujours. il sort de sa cachette sur la jetée, prend la direction de leur coin à eux, sur la plage, là où ils se retrouvaient tous les samedis, avant. il la repère déjà, assise un peu plus loin sur une couverture, et il arrive pas à savoir s’il a envie de la rejoindre ou de faire demi-tour. il finit par s’approcher, les mains fourrés dans les poches, le visage renfrogné alors qu’il arrive à sa hauteur, parce qu’il est pas à l’aise, de se retrouver seule avec elle, et que ça l’énerve de ressentir cette gêne avec sa propre soeur. elle finit par remarquer sa présence, se lève, à peu près aussi à l’aise que lui alors qu’elle garde ses distances, et une part de lui aimerait la retrouver, venir poser ses lèvres sur son front avant de la prendre dans ses bras, mais non. ça bloque, à l’intérieur, un mur invisible dressé entre eux, et ça le tue. raclement de gorge alors que les mains restent fichées dans les poches. “yep, désolé du retard, ça a duré plus longtemps que prévu.” excuse en carton, mais elle n’est pas obligé de le savoir. haussement d’épaule à sa question, parce qu’elle sait, que c’est pas facile en ce moment, c’est jamais facile, l’été, parce qu’ils ont plus de cours, qu’ils sont tous les trois à la maison, qu’abi est plus excitée que jamais, et que le vieux est nettement moins patient que le reste de l’année. “à ton avis ?” l’amertume dans la voix, et il sent qu’il pourrait s’énerver facilement, mais il prend sur lui, lâche un soupir en détournant le regard, la mâchoire qui se serre une seconde alors qu’il essaie de faire un effort, de laisser couler pour cette fois. “et toi ?” le regard qui se plante dans les prunelles, parce qu’il sent bien qu’elle lui cache un truc.

le cœur qui se serre en pensant à leur relation perdue. les black si proches, il y a pas encore si longtemps de ça. le contact et la conversation faciles, les confidences échangées sans hésitation, la complicité sans égale. et puis il y a eu diego, et le début des mensonges. danae qui s'est mis à rentrer plus tard que d'habitude, avec des excuses pas toujours très légitimes. et soren qui comprenait pas où allait sa sœur quand elle clamait aller chez solar alors qu'elle n'y était clairement pas. et soren qui pouvait pas comprendre pourquoi elle lui cachait de plus en plus de choses. et puis l'incendie, ce fameux soir qui a explosé la vie de danae. et depuis elle coule danae, elle coule toujours plus profondément, elle se noie. sans pouvoir demander à qui que ce soit de lui tendre la main. car ses amis se battent déjà avec leurs propres démons, car elle a dû repousser diego, fatiguée de devoir lui mentir constamment. car soren ne la comprend plus, car soren subit les foudres du paternel à sa place. et elle dit rien danae, car elle a toujours été terrifiée par la colère alcoolisée palpable dés qu'elle passe le seuil de la maison. car elle fait des crises de panique dès qu'elle croise le regard du père écumant de rage. sauf que trop, c'est trop. beaucoup de remise en question pour danae depuis sa dernière conversation avec diego durant laquelle elle s'est presque littéralement arracher le cœur. différentes phases qui s'alternent depuis, les larmes qui coulent à n'en plus finir, et la volonté d'arranger ce qu'elle peut. alors ce samedi, il est consacré à son frère. celui qui a toujours été là pour elle, celui qui mérite de la gratitude, qui mérite des efforts. alors même si elle s'attend à voir un soren vénère débarquer, elle fera les efforts qu'il faut pour apaiser leur relation. et le voilà soren, pas forcément l'air ravi d'être là. elle choisit d'ignorer son léger retard, et sa réponse remplie d'amertume. elle préfère également ne pas répondre au retour de sa question, car aujourd'hui c'est le retour du pic nique traditionnel, et les mensonges n'ont pas leur place. elle s'en fait la promesse danae, pas un seul mensonge ne sortira de sa bouche aujourd'hui. « je suis contente que tu sois là. » de la même façon, elle préfère ignorer le malaise palpable entre eux, le contact inexistant en guise de bonjour alors qu'avant, c'est d'une étreinte qu'ils se seraient accueillis. alors elle se rassoit, et l'invite à la rejoindre d'un sourire plein d'espoir. « j'ai préparé et été chercher tout ce que tu aimes. » l'invitation à ouvrir le panier rempli de merveilles, à oublier leur quotidien désastreux pour un repas plein de tranquillité, pour une fois.

@soren black

il le voit bien, qu’elle évite de répondre, qu’elle fuit sa question, se contente d’une pirouette pour se rattraper et esquiver en beauté, et ça pourrait l’énerver, vraiment, il a presque envie de forcer, de bousculer la frangine pour qu’elle finisse par cracher le morceau. mais elle a l’air tellement honnête quand elle lui dit qu’elle est contente qu’il soit là, elle a l’air d’avoir mis tellement d’effort pour que ça se passe bien, aujourd’hui, qu’il prend sur lui, soren. il se dit qu’après tout, pourquoi pas, il ne perd rien à essayer, à tenter de rester civil pour voir où ça va les mener, tous les deux, habité par l’espoir qu’ils arriveront à se retrouver, un jour. que peut-être, c’est le premier pas vers la réconciliation. mais pour autant il reste sceptique, parce qu’il a accumulé tellement d’amertume ces derniers mois, sans jamais pouvoir vraiment l’évacuer, que ça le ronge de l’intérieur, que ça se répand, pire que la gangrène, et il sait pas s’il va y arriver, à oublier, à pardonner. particulièrement borné quand il le veut, il en a conscience. mais il sait pas encore gérer ça. “à partir du moment où y a à bouffer, j’allais pas refuser, tu me connais.” il essaie de se détendre, de lâcher prise, mais ne parvient pas encore à contenir la tension dans sa voix alors qu’il se laisse tomber dans le sable à ses côtés. et pourtant il aimerait, revenir comme c’était avant entre eux, pouvoir retrouver cette facilité à parler de tout et de rien, l’entendre lui raconter sa vie, lui raconter ses dernières conneries, dont il est particulièrement fier, comme toujours. mais non, impossible, ça bloque, il est incapable de se laisser aller, pas encore. il hausse un sourcil quand elle lui présente le panier, l’ouvre du doigt pour vérifier ses dires, et en admirerait presque l’effort, parce qu’effectivement, il y a tout ce qu’il aime, de son paquet de chips préféré au sandwich au fromage, en passant par ses bonbons favoris. elle semble bien décidée à tout mettre en oeuvre pour qu’ils finissent par faire la paix. la tension dans les épaules qui se relâche légèrement alors que l’ombre d’un sourire vient planer sur ses lèvres. “tu t’es surpassée à ce que je vois.” il attrape les chips, ouvre le paquet pour venir piocher dedans avant de le lui tendre. “alors, dis moi tout. ça fait une éternité qu’on a pas fait ça. pourquoi maintenant ?” parce qu’il arrive pas à comprendre d’où ça lui est venu, ce besoin de réinstaurer ce petit rituel qui leur était si cher, alors que tout semble les opposer maintenant.

le besoin de retrouver ce petit rituel rien qu'à eux. avant c'était eux deux contre le reste du monde, et ces derniers temps c'est plutôt eux deux l'un contre l'autre. et danae débordée par l'explosion de la culpabilité, de la peur, du chagrin, de la colère de tous les côtés, n'a pas su retenir le fil précieux de leur relation. alors maintenant, il est temps. tout arranger, tout réparer, petit à petit. elle sait bien que soren lui en veut et ne se laissera donc pas amadouer si facilement, mais elle est déterminée à faire tout ce qu'il faudra pour revenir dans sa vie. car son quotidien est bien vide sans les rires et bêtises de son frère. elle est d'ailleurs agréablement surprise de voir soren faire des efforts pour glisser de l'humour dans la conversation, et alléger l'ambiance déjà tendue au simple bonjour. alors elle joue le jeu danae, elle jouera jusqu'à ce que ça redevienne naturel, comme avant. « ah je savais bien que j'arriverais à te piéger comme ça ! » le petit rire qui semble forcé alors qu'elle voudrait tant qu'il soit léger. mais c'est déjà une petite victoire de le voir s'asseoir à ses côtés de sa propre volonté, alors qu'il est d'habitude obligé d'occuper la chaise voisine à la sienne à la table familiale. des repas silencieux, des repas tendus, des repas qu'elle déteste. c'est d'ailleurs pour ça que les deux jeunes black avaient instauré le pic nique du samedi midi, une façon d'échapper à l'ambiance de la maison et d'enfin passer un bons moment autour de la nourriture. alors c'est un sourire qui se dessine sur ses lèvres alors qu'il cède à sa curiosité et observe tout ce qu'elle a rassemblé dans le panier qu'elle a eu du mal à se trimbaler de chez eux jusqu'ici sur son skate. elle a passé la matinée à courir à l'épicerie du centre-ville pour acheter tout ce qu'il faut, à cuisiner des petits mets simples mais qu'ils aiment tant tous les deux, et à tout assembler avec espoir. alors ça lui fait plaisir danae, de le voir reconnaître ses efforts. et puis vient déjà les questions, qu'elle sait pourtant inévitables. « tu me manques, c'est tout. » elle attrape le paquet de chips qu'il lui tend pour en fourrer quelques unes dans sa bouche, lui évitant de devoir en dire davantage. l'honnêteté comme leitmotiv dorénavant, elle s'en fait la promesse. il faut simplement qu'elle arrive à contourner les sujets épineux pour lui éviter de devoir mentir. car elle a besoin d'eux deux, de leur relation. soren et danae contre le monde.

@soren black

le rire est forcé, il le sait, il l’entend, parce qu’il la connaît, la frangine, et qu’on ne le dupera pas aussi facilement. et pourtant il retient les remarques, il s’interdit de lever les yeux au ciel, parce que les efforts sont là, parce qu’elle essaie, vraiment, de recoller les morceaux. et qu’il n’a pas envie d’être celui qui brise tout avant même d’avoir essayer. il préfère prendre sur lui et essayer de faire un effort, même si clairement, ça lui en coûte, et que c’est pas du tout naturel pour lui. mais c’est sa soeur. “vile créature qui joue sur mes faiblesses pour m’appater. ça devrait être interdit par la loi.” le regard de biais alors qu’il plisse les yeux pour jouer les pauvres victimes, mais ça ne dure pas longtemps. le sourire qui revient vite étirer les lèvres, parce que la connerie, c’est son langage, et qu’il est tout de suite plus à l’aise, la tension qui redescend l’espace d’une seconde. la main qui plonge dans le paquet de chips, et il attend une réponse honnête à sa question, parce que c’est pas normal. il comprend pas pourquoi elle a voulu réinstaurer le pic nic à la plage comme ça, du jour au lendemain, quand clairement les rapports sont à peine cordiaux entre eux ces derniers temps. il doit forcément y avoir une raison, mais il n’arrive pas à mettre le doigt dessus. sa soeur qu’il connaissait si bien avant, mais qui lui échappe maintenant, presque devenue une inconnue à ses yeux à mesure que la distance entre eux s'agrandit. et si elle a l’air sincère quand elle avoue qu’il lui manque, la façon dont elle a de se jeter sur les chips ne trompe pas. il y a autre chose, il le sent, mais elle n’a pas l’air décidé à lâcher le morceau, et ça l’agace. parce qu’elle avait pas ces barrières là, avant, il avait pas besoin de forcer quoi que ce soit pour qu’elle lui parle, qu’elle lui dise ce qu’elle avait sur le coeur. non, ça venait tout seul. la mâchoire qui se sert un instant, parce que ça l’énerve, cette situation, et qu’il se sent complètement impuissant. “je vois pas de quoi tu parles, on se voit tous les jours.” il joue au con, parce que ya encore de l’amertume qui traîne, qu’il arrive pas à céder si facilement. il finit par lâcher un soupir, espère que ça relâchera la pression l’espace d’une seconde. “tu m’auras pas danae, je te connais. y a un truc qui va pas, je le sais. alors arrête de tourner autour du pot et dis moi ce qui se passe.” il essaie de pas être trop dur, de garder un minimum de douceur dans la voix, mais c’est maladroit, parce que que y a trop d’enjeux pour qu’il puisse être serein.

ça lui fait plaisir danae, de le voir jouer le jeu, de le voir se joindre aux plaisanteries, mirage de leur ancienne complicité. le premier sourire sincère qui se dessine, l'impression d'avancer, au moins un peu. elle sait qu'elle a pris la bonne décision de vouloir relancer leur vieille tradition pic nique, même si elle avait pour cela dû affronter le regard empli d'incompréhension et de méfiance de son frère. le même regard qu'il lui lance maintenant, clairement déterminé à comprendre ce qui cloche chez sa sœur. danae coincée, l'honnêteté qu'elle veut sincère mais ses conneries qu'elle doit cacher. les chips qu'elle tente de savourer tranquillement sous le regard inquisiteur de son frère, réfléchissant activement à la meilleure façon de lui répondre honnêtement sans trahir tous ceux à qui elle tient. « fais pas comme si tu ne comprenais pas. on se voit, mais on ne se parle plus, on ne passe plus de temps ensemble, on est devenus des étrangers. » les mots qui sortent tout droit du coeur, la tristesse et le regret qui teintent sa voix. à cause de cet éloignement contre nature, à cause de tous ces secrets qu'elle est obligée de garder pour elle-même. des secrets qui lui pèsent de plus en plus, qui lui bouffent la vie et son énergie. « j'ai besoin de toi soren, je ne sais pas vivre sans toi à mes côtés. » car c'est la stricte vérité. son grand frère, celui qui sera toujours là pour elle, jusqu'à la fin. le seul auquel elle peut faire totalement confiance, le seul à qui elle pourrait avouer ce qu'il s'est passé ce soir là sans avoir peur qu'il ne lui tourne le dos. car les deux jeunes black c'est la loyauté avant tout, confiance née au milieu des violences familiales. mais malgré tout, elle ne peut se résoudre à lui avouer la vérité. car elle veut pas, elle peut pas, voir l'horreur et la déception se glisser dans ses yeux. « et ces petits moments tranquilles me manquaient, loin de nos problèmes, les yeux dans les vagues. » douce paix emplie d'innocence, les jeunes black occupés à refaire le monde en oubliant les drames familiaux. eux deux voire eux trois quand abi les accompagnait. la jeunesse déterminée à fuir loin des ombres parentales.

@soren black désolée du retard

le regard qui se détourne au mot étranger, parce qu’il sait qu’elle a raison, elle vient appuyer du doigt sur le noeud du problème, entre eux. ses mots qui viennent décrire à la perfection la relation qui les unie aujourd’hui, fantôme de ce qu’elle a pu être. paquet de chips abandonné alors qu’il contemple la mer, fait la sourde oreille en surface quand l’émotion dans la voix de sa soeur vient le piquer en plein coeur. il joue les durs, soren, parce qu’il ne sait plus être naturel avec elle. trop de distance, de non-dits, trop de temps passé loin de l’autre. rancune accumulée qu’il a du mal à dépasser. pourtant du genre à facilement lâcher le morceau, avec danae, il a la rancune tenace. probablement parce qu’ils étaient si proches, justement, que de sa part il ne tolère pas l’écart, le renfermement. le silence qui s’étire, parce qu’il n’est pas prêt à prendre la parole, pas encore. les mots lui échappent, pas vraiment du genre à s’exprimer facilement quand il s’agit des maux du coeur. c’est encore elle qui brise le silence, donne un coup de masse supplémentaire sur ses défenses déjà fragiles, et il ne peut pas l’ignorer plus longtemps, ne peut plus rester enfermer dans sa colère face à la détresse qui irradie de sa frangine. c’est plus fort que lui. le visage qui pivote vers elle, les prunelles qui viennent se planter dans les siennes pour être certain que le message passera. pas seulement dans son cerveau, mais jusqu’à son coeur, qu’il vienne s’ancrer dans ses tripes. “tu sais que je suis là. toujours.” presque blessé de voir qu’elle ait pu seulement penser qu’elle ne pouvait pas compter sur lui en toute circonstance. se seraient-ils tant éloignés que ça sans qu’il ne s’en rende compte ? à atteindre ce point de non-retour, pour qu’elle puisse s’imaginer devoir vivre sans lui ? soupir qui lui échappe alors qu’il passe une main dans ses cheveux, cherche quoi dire, quoi faire pour faire disparaître ce malaise qui s’installe et qui le rendrait presque émotif. déjà trop à son goût. incapable de trouver les mots, parce que ça n’a jamais été sa tasse de thé, il préfère se rapprocher sur la serviette, passer un bras autour d’elle, la laisser caler sa tête sur son épaule avant de poser ses lèvres sur le sommet de son crâne. “on a qu’à faire ça plus souvent, alors. comme avant.” lui aussi, ça lui manque, même s’il ne l’avouera pas. trop fier pour ça. trop con surtout. la distance de danae qui le tracasse encore, l’inquiétude toujours présente à l’arrière du crâne, il ne peut s’empêcher de se redresser, cherche le regard de la frangine. “tu sais que tu peux tout me dire, hein ? si y a un truc qui va pas, ou quelqu’un qui t’emmerde, tu sais que je suis là ? je peux même casser des gueules si y faut.” non pas qu’il ait besoin de son autorisation pour ça, mais ça, elle n’a pas besoin de le savoir.