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| boxing the stars | ft. pandore | |
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| Sujet: boxing the stars | ft. pandore Lun 8 Juin - 19:34 | |
| Le nouveau couple de l'année, San Pablo et Hunter Briggs, jure tout autant qu'une pelouse jaune et sèche dans cette rue. Peut-être est-ce d'ailleurs la raison pour laquelle il ne s'y aventure exclusivement que de nuit : le ciel sombre, l'écho de ses pas sur le bitume et la lune qui tient la chandelle. Same hot date depuis des semaines. Si ce sont ses fréquentations devenues douteuses — les filles et garçons à papa, la cuillère en argent dans le fond du gosier — ou un réel attachement pour les grandeurs et les façades cossues qui le pousse dans les bras des beaux quartiers, il s'en contrefout. La seule chose qui compte, c'est d'être invisible, dissimulé par l'heure tardive. Parce que s'il prétend éhontément que le toc à sa réputation de jean-foutre des bas-étages n'a pas la moindre incidence sur le charme insensible, celui qui le prendra en flagrant délit d'idylle passionnée avec l'upper east side de Crockett n'est pas encore né, ou alors très bientôt six pieds sous terre. Pourtant, au fond, il l'aime bien cette avenue. Il en aime l'hypocrisie des jardins bien entretenus et des rideaux tirés tandis que, derrière la porte, secrets et murmures se font la part belle. Rien de plus adapté à son charisme de cul-terreux. Derrière le crâne, bien dissimulée sous les excuses, se découvre pourtant une autre raison à sa toute nouvelle qualité nommée ponctualité. Right on cue, comme tous les jeudis soirs depuis des semaines, les deux lasers sont là, empreinte tiède sur l'arrière de sa nuque tandis qu'il prend le départ de la course. Elle est assise sur l'avant-toit de la maison. Il l'a déjà vue faire, les fois où il a eu un peu d'avance, preuve s'il en fallait une que même le plus glandu de tous les glandeurs est capable d'une certaine discipline si le jeu en vaut la chandelle. Il a vu la danse ; le glissement souple à travers l'entrebâillement de la fenêtre, la démarche féline, le pas assuré sur les tuiles. La façon dont elle prend place, petit point éclatant dans l'obscurité. Étoile parmi les étoiles. Et si le chasseur — d'étoiles filantes — n'a jamais osé plus d'un coup d’œil dans la direction, elle ne s'est jamais gênée de le suivre jusqu'à ce qu'il disparaisse. Au fil des entrevues effleurées, la foulée a ralenti devant la bâtisse, comme une invitation. Hèle si tu l'oses, mais elle n'a jamais osé. Elle est restée l'inconnue, curieuse, si proche et à la fois si loin, perdue dans les hauteurs de sa tour d'ivoire. A deux doigts de la foutue métaphore à base de Raiponce et de sa longue chevelure dorée. Condamnée à être sauvée par l'incarnation du prince charmant le plus minable qui soit. Il est vraiment tard, cette fois, lorsque Hunter remonte l'allée, le pick up truck abandonné plus loin car considéré comme tâche dans le paysage, et s'arrête devant la boîte aux lettres. Il a découvert le nom de famille deux semaines auparavant, lorsqu'il est revenu sur ses pas à la fin d'un circuit. L'étoile n'était déjà plus à sa place. Elle avait fondu dans l'obscurité, ou étaient-ce les ombres qui l'avaient avalée. Ça a fait naître quelque chose dans l'arrière-gorge, lorsqu'il a relié les points — Conroy et drame synonymes pendant des semaines, dans le journal ou dans les couloirs du lycée. Quelque chose qu'il s'est empressé de faire taire car parfaitement inapte à gouverner les émotions, moins encore à les exposer de manière socialement acceptable. Faudrait-il encore qu'il sache les reconnaître et les nommer, ces fichues émotions. A croire que ses parents ont manqué de lui lire ce chapitre dans la grande histoire de l'enfance. Celui-là, et tous les autres avec. Prince charmant de pacotille devenu petit Poucet bien sûr de lui, les cailloux armés dans une main, l'impatience dans l'autre, il adresse une rapide prière silencieuse à une force supérieure dont il doute allègrement de l'existence. Il manquerait plus qu'il se trompe de fenêtre et qu'il alerte le patriarche. Ça provoquerait, sinon la fin de sa vie, à coup sûr la fin de son idylle avec San Pablo. Pire encore, la fin des petits rendez-vous secrets avec l'étoile fureteuse perchée sur son avant-toit. Le premier lancer est un raté. Le caillou s'écrase sur les tuiles avec un ploc minable. Quel est le comble pour un membre titulaire de l'équipe de football du lycée ? Sa vise de loser. Le fullback s'étire, fait rouler les épaules. Le deuxième, gling. Les autres pleuvent. Doucement. Le rythme régulier. Une pause entre chaque jet et l’œil acéré. Lorsque, enfin, le rideau bouge et la silhouette se devine derrière la vitre, il songe rapidement à se carapater comme l'animal pris au piège. Mais comme Prudence et Précaution ont oublié de se pencher sur son berceau à sa naissance (comptez plutôt sur Impulsivité et Idiotie pour avoir été de la partie), il reste immobile tandis que l'ombre disparaît à nouveau derrière la fenêtre. Le temps s'étire. En bas, Hunter peut entendre les secondes qui s'égrènent. Ce qu'il attend, il n'en a foutrement pas la moindre idée. Jusqu'à ce que l'étoile réapparaisse et reprenne sa place de reine sur le toit. De là, il la voit. Aperçue au lycée, entre deux portes ou dans les couloirs ; aperçue depuis le trottoir. Là, en bas, plus près que jamais, il la voit vraiment. Il est tenté de lui demander la permission de monter. Se résigne. Stick to the plan. "Tu descends ?" Le silence, pour une fois, est ami et permet un timbre de voix suffisamment bas pour n'être entendu par des oreilles indiscrètes et mal avisées, suffisamment haut pour qu'elle comprenne. Pourtant, c'est le nouvel ami Le Silence qui lui répond. Orateur aussi peu talentueux qu'il est débatteur contesté, il sort l'autre carte. Celle qu'il connaît par cœur. Provocation qui lui brûle la langue, il tente un pas, lève la tête, les yeux plissés par l'assurance. "T'as pas envie d'arrêter de mater les gens depuis les hauteurs, et de vivre un peu par toi-même ?" Pour une autre, ça aurait pu sonner comme du venin. Pas pour elle. Étoile, elle, elle n'a que les promesses. |
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| Sujet: Re: boxing the stars | ft. pandore Mar 9 Juin - 16:19 | |
| Le regard perdu dans les étoiles, Pandore observe la nuit qui s'installe sur la ville, Attendant patiemment que l’ombre mouvante apparaisse, Comme un mirage lointain, Comme un mirage insaisissable.Puis il apparaît, seul, accompagné de l’écho de ses pas. Les prunelles posées sur la silhouette vaporeuse, dans cette avenue qu’elle ne connaît que trop bien, elle se contente de le contempler. Le temps de quelques instants, la rêverie l’emporte, face à ce garçon, devenu sans qu’elle ne sache pourquoi, son rendez-vous imaginaire du jeudi soir. Un doux rendez-vous qu’elle ne manquerait sous aucun prétexte. Il ne dure qu’un court instant, seulement quelques minutes, peut-être même quelques secondes, le temps que son ombre ne soit emportée par l’obscurité de la nuitée. Pourtant, Pandore revient, chaque jeudi soir, sur le toit, pour le voir, lui. Tel son échappatoire, à la tombée de cette nuit, oubliant les cris incessants de ses parents au rez-de-chaussée, l’interminable repas pendant lequel elle a dû prêter allégeance pour ne pas que son cœur explose, le manque constant de sa défunte sœur. What a shit. Tous, composants de cette vie merdique, où elle essaye simplement de rester debout. Elle vient donc se réfugier, là, profitant de l’absence de toute vapeur terrestre quand les ruelles deviennent sombres et sans vie. Là, où la nuit l’enveloppe d’une douce caresse, Avec sa brise légère et fraîche, Là où son corps est occulté par cette délicate obscurité.Et si le mirage ne dure qu’une poignée de secondes, l’imagination romanesque se met à dessiner chacun des traits, chaque détail de cette silhouette sombre et imprécise. La scène se répète, semble passer en boucle, une fin toujours si décevante, lorsque l’ombre mouvante finit par se perdre dans l’horizon. Et dans son esprit flotte un ; à jeudi prochain. L’échos de ses pas qui s’éloigne la laisse dans un profond silence. Elle reste, juste le temps qu’il faut, pour qu’elle puisse inhaler l’une de ses cigarettes. Juste le temps qu’il faut pour qu’elle puisse faire le plein de nicotine avant de rentrer dans sa cellule, dans cette foutue prison. Dernier soupir qui passe la barrière de ses lippes, avant qu’elle fasse demi-tour et qu’elle abandonne la nuit derrière elle. Allongée sur son lit, gribouillant sur son carnet de dessin, laissant son esprit engourdi retracer sur la feuille blanche, la silhouette de ce garçon. Les pensées qui virevoltent, alors que le calme semble s’être enfin abattue sur la maison des Conroy. Incapable de déterminer l’heure qu’il était, certainement bien trop tard pour que ses parents puissent être encore réveillés. Cette pensée l’apaise, certaine qu’elle ne croisera pas son paternel avant plusieurs heures. Ses doigts qui passent délicatement dans sa chevelure blonde, un sursaut prend possession de son corps. Gling, sonorité à répétition. Le froncement du front, intriguée par le bruit qui semblait s’écraser contre sa fenêtre. Le corps qui se lève, qui s’approche de l’ouverture, jetant un œil à travers la vitre. Une silhouette, une personne en bas de chez elle. Les membres qui se figent un instant, imaginant alors que l’ombre mouvante se trouvait là, juste en face de sa maison, de sa fenêtre. Les mouvements, encouragés par la curiosité, l’assurance du moment, la fenêtre s’ouvre et le corps reprend place sur le toit. La silhouette qui n’en est plus une, laisse apparaître les traits du jeune homme sous ses iris émeraudes. Sa rêverie du soir, devenue soudainement bien trop réelle. Il est là, à quelques mètres. Celui qu’elle a observé si longuement, Celui qu’elle a déjà croisé au lycée, Lui, membre de l’équipe de football, Sous la lumière des projecteurs, Alors qu’elle, à l’inverse, S’obstine à rester dans l’ombre.Elle l’écoute, reste silencieuse, reste impassible. Venait-il réellement de lui demander de descendre ? Les yeux toujours posés sur lui, la provocation la pique. Il l’avait donc vu. Elle qui se croyait invisible, intouchable sur son perchoir, la voilà à découvert. Sentiment qu’elle détestait. « Et qui te dis que je ne vis pas par moi-même ? » Des mots peut-être énoncés un peu froidement, mais elle est comme ça pandore, l’impulsivité au bout des lèvres, qui cache ce qui se passe réellement à l’intérieur d’elle. Sans ajouter le moindre mot, le moindre signe, elle se tourne et repasse par l’entrebâillement de la fenêtre. Tirant le rideau, elle se tourne, passe en revue les options qui s’offrent à elle, rester là, enfermée dans cette chambre qui la comprime, ou, descendre et rejoindre ce garçon. La rébellion lui brûle les veines, le choix est vite fait, elle enfile un sweet à capuche, descend les quelques marches sans faire le moindre bruit avant de sortir de chez elle. Et bien qu’elle aurait dû être effrayé à l’idée de rejoindre un inconnu en plein milieu de la nuit, elle était surtout effrayée par ce qui se trouvait dans cette maison. Son paternel, le fantôme de sa sœur aux quatre coins de cette maison. Elle venait de braver l’interdit. Une règle énoncée par son père, un couvre-feu mit en place suite au décès de sa tendre soeur, qu’elle prenait plaisir à désobéir en sachant pertinemment, que les foudres de son paternel s’abattraient sur elle. S’approchant du jeune homme, soudain déconcertée par cette proximité, elle, qui s’était habituée à l’observer de loin. « Ça t’arrives souvent de balancer des cailloux aux fenêtres des filles que tu ne connais pas ? » Son regard qui divague jusqu’à la fenêtre de sa chambre, comment avait-il pu savoir qu’elle serait là ? Derrière cette vitre ? Et l’idée qu’il puisse ne pas savoir, qu’il ne sache pas qu'il s’agissait de sa chambre s’insinua dans son esprit. « Le prends pas mal hein, mais je crois que t’es complètement taré. » Elle secoua doucement son visage, laissant apparaître une très légère grimace, finalement amusée par cette pensée, se disant qu'elle devait l'être tout autant pour être descendu. « Et maintenant que je suis là, on peut savoir pourquoi tu m'as fait descendre ? » Le regard interrogateur, elle devait cependant bien lui reconnaître une chose, son courage. Elle qui avait passé des semaines à l’observer dans le noir sans jamais avoir osé lui adresser la parole. @hunter briggs |
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