strange agony (cadence)

« Hey Nate, c’pas ta nana ? »
Regard qui se tourne, capte le profil, plus loin. Silhouette familière, cheveux blonds, courbes qu’il connaît par cœur. Cadence, son odeur, sa façon de marcher. Comme une seconde nature, l’avoir près de lui devenu habitude, si fort, si vite. Sa nana.
Qui rit, qui parle, il en sait rien, c’trop loin, mais il la voit, avec un gars, un gars quelconque, un autre dont il ne connaîtra jamais le nom. Un autre qui la regarde comme si elle était la lune et le soleil – parce qu’elle a ce pouvoir-là Cadence.
Et ça le gave.
Elan de possessivité, maladive, toxique, alors que le regard n’a rien à faire là, alors qu’elle devrait le rejoindre, se glisser contre lui, rire avec lui, pas avec un mec qui n’a rien pour lui – qui n’est rien, personne. Souffle, même pas un mouvement de la main pour ses potes qu’il abandonne alors qu’il rejoint en quelques pas rapides le duo. Alors qu’il passe son bras autour des épaules de la blonde, serre un peu fort alors qu’il la ramène contre lui, un peu brusque. Jamais violent, pas avec elle. Mais toujours trop brusque, toujours à la bouger trop fort, à se l’approprier encore. Parce qu’elle est à lui.
A personne d’autre.
Il lance un regard noir au gars qui tremble dans ses converses alors qu’il pose un baiser sur la joue de la blonde, alors qu’il marque son territoire, comme le putain de connard trop fier qu’il est, imagine qui lui colle à la peau – et a définitivement un fond de vérité quand même.
Abandonne le mec comme il a abandonné sa bande, s’en fout complètement, ne lui doit rien si ce n’est un dernier regard sombre alors qu’il emmène sa copine plus loin, alors qu’il se détend à peine, alors qu’il soupire en tournant le couloir, sans même savoir ce qu’elle a comme cours et pourquoi. Est-ce qu’il s’en fout ? Probablement. Il n’a pas demandé, ne connait ses horaires que parce qu’il la ramène quand ça coïncide, ou quand elle traîne avec Ellie et qu’elles le dépassent dans le parking.
Il la regarde en la relâchant un peu, fait la moue, comme un gamin, mécontent du tour de cette journée. « C’était qui ça ? » Aura oublié dans deux jours, aura oublié dans cinq minutes. Parce qu’il s’en fout, parce que peu importe qui est le crétin qui s’approche d’elle, qui a envie de lui faire les yeux doux, de l’avoir pour lui. Elle est avec lui. Qu’ils le veuillent ou non, bande de cons qui ne peuvent que rêver – mais pas de trop près. Jamais trop près, parce que son copain est un psychopathe et que tout le monde le sait.
Ça lui va très bien. Au moins ils gardent leurs distances. Mais visiblement, celui-là a pas eu le mémo et il se demande si le retrouver et lui foutre la frousse de sa vie servirait à les faire s’éviter.
Il soupire et se passe la main dans les cheveux, retourne son attention vers sa copine devant lui. Elle a répondu ou pas ? Son cerveau va trop vite, il a perdu le fil de la discussion déjà. « Qu’est-ce que tu faisais avec lui ? On avait dit qu’on se retrouvait à la sortie, non ? » Lui coupe la parole ou pas, il en sait rien. Il est gavé. L’envie de faire demi-tour maintenant implantée dans sa tête.
Il le fera probablement pas.
Mais rien l’empêche de retrouver le gamin plus tard.

et de l'autre côté du hall, cady ne pense pas. se laisse emporter, rie un peu trop fort à l'histoire d'elkie, et oublie vite que le monde autour d'elle l'observe. les yeux qui papillonnent et le rire cristallin qui se propage un peu trop loin, elle ne pense pas à nate. nate, qui n'est jamais bien loin, nate qui garde toujours un œil sur elle, nate qui la surveille par dessus la foule. elle l'oublie tellement facilement qu'il faut qu'il la rejoigne, qu'il la serre un peu trop fort contre lui, pour qu'elle soit ramenée à la réalité. oh-oh. un baiser sur sa joue comme pour signaler à quiconque oserait l'oublier qu'elle est à lui, et elle sent déjà les frissons parcourir son échine. elle a merdé, cady. parce qu'elle sait bien que nate est du genre possessif, du genre à ne se sentir homme que par la valeur de ce qu'il détient, du genre à la vouloir pour lui, exclusivement. jalousie maladive qui émane de tout son être à l’idée de la voir trop près d’un autre, le voilà qui l'entraîne dans la direction opposée, sans un mot pour elkie et sa moue confuse, sans considération pour ce qu'il pouvait bien lui raconter. il l'emmène au loin, sa marchandise sous le bras, le sang bouillonnant déjà trop fort dans ses veines pour se retenir plus longtemps. et dans son geste, pas la moindre douceur. entre eux, plus de douceur depuis pas mal de temps, à vrai dire. trop longtemps qu'elle attend que les choses changent, s'améliorent. et pourtant toujours la même latence, toujours le même ennui. avec lui, même les engueulades ont un goût de rengaine.
l’emprise ne se relâche qu’au bout d’un moment, comme s’il avait besoin d’un temps pour s’assurer qu’elle est bien là, bien à lui. et il la regarde frotter ses poignets endoloris, l’air complètement déphasé, comme s’il n’en était pas le responsable. et elle, les joues érubescentes de l’humiliation d’avoir été traînée comme une gamine au milieu de la foule, marmonne un semblant de plainte - j’étais en pleine conversation... interrompu en route par la possessivité explosive de nate - c’était qui ça ? pourtant il n’en a rien à foutre de sa réponse, trop doué dans son rôle de mâle alpha en carton-pâte, et détourne déjà le regard, sans même prendre la peine de remarquer que sa 'copine' ne lui répond pas. soupir d’une situation déjà trop familière, elle sert des dents alors que l’interrogatoire se poursuit. - qu’est-ce que tu faisais avec lui ? on avait dit qu’on se retrouvait à la sortie, non ? trop saoulée de son comportement, quand les rôles devraient être inversés, elle préfère ignorer. à quoi bon ? c'est toujours pareil avec lui. et des fois, quand elle pense trop fort à nate, à toutes leurs engueulades et à leur avenir ensemble, elle se dit qu'elle préférerait le voir mort qu'à ses côtés pour le restant de sa vie. qu'elle pourrait peut-être appuyer sur la gâchette, si l'occasion se présentait. et ça lui fait peur de penser comme ça, parce qu'après tout elle est sensée l'aimer plus que tout au monde. non. après tout, elle l'aime plus que tout au monde. mais il y a quelque chose de dérangeant entre eux, d'obsédant. quelque chose qui ne demande qu'à exploser. et à cet instant précis, la détonation ne lui semble pas si lointaine. - pourquoi tu ne me fais pas confiance ? les mots ont du mal à sortir, comme si elle avait peur de le voir réagir trop fort, mais une fois prononcés, impossible de les récupérer.

@nate davenport

Spoiler:

Il sait qu’il devrait pas. Qu’on parle d’eux, de lui. Qu’on les regarde de travers. Qu’ils ont pitié de Cadence, qu’ils sont tristes pour elle, qu’ils se demandent ce qu’elle fout encore avec lui, pourquoi elle supporte la colère, la possessivité, les corps qui se suivent dans son lit en soirée. Pourquoi elle est encore là, à le regarder avec ses yeux blessés, plein de colère, choquée et humiliée. Pourquoi elle l’abandonne pas là, tout de suite, pour se trouver un mec aimant et doux – au lieu de l’enfoiré possessif qui tape une crise et la traîne en dehors du lycée comme s’il en avait un droit quelconque.
Il le sait, pourtant ça l’arrête pas.
Ça l’arrête jamais.
Question sortie, même pas de réponse – il s’en fout, il l’aurait pas entendu de toute façon. Enchaîne plutôt les interrogations, maladif, l’envie de faire demi-tour, de lui apprendre. Nate, besoin d’être le meilleur, le seul. Besoin qu’elle le regarde lui, qu’elle soit avec lui, mentalement et physiquement. Ses potes qui se marrent quand elle rit à une blague, quand elle rejette ses cheveux en arrière. Qui le charrient, qui lui disent qu’elle va filer. Peur habituelle, résiduelle, de la voir se barrer, sa jupette qui flotte dans le vent. Peur de la voir le quitter – parce qu’au fond, ce serait pour le mieux. Nate qui défie le destin, comme d’habitude.
Elle ne répond pas et il le voit, l’agacement dans son comportement, sa posture, la haine dans ses yeux. Est-ce qu’ils se sont aimés vraiment ? Il la regarde et il se demande. A quoi elle ressemblait, Cadence, quand elle l’admirait ? Quand elle aimait se blottir dans ses bras ? Quand elle était heureuse de le voir, quand ses sourires lui étaient destinés ? Et lui ? Comment il était, quand il l’accueillait avec un rire et un baiser ? Quand elle comptait plus que tout ?
Passé qu’il rechigne à creuser. Regrets qui ne feront rien avancer, pensées qui se forment et disparaissent aussi vite.
Pourquoi tu ne me fais pas confiance ?
Parce que c’est en lui qu’il n’a pas confiance. Parce qu’elle devrait s’enfuir en courant. Parce qu’elle devrait le larguer. Parce qu’il est un connard. Parce qu’il est un monstre – le bruit du pare-brise encore dans les oreilles. Parce qu’il ne mérite rien d’elle, mais qu’elle est là. Et qu’il s’accroche, si fort, trop fort, enferme l’oiseau dans une prison de fer au lieu de la laisser voler.
« C’est une vraie question ? Ou t’as juste envie de jouer la victime ? » Parce qu’elle l’est probablement. Mais plutôt crever que d’assumer. Qu’il pourrait agir autrement, qu’il devrait. Qu’Ellie le tuerait si elle savait ce qu’il se passe réellement. Mais peu importe.
Nate qui se passe la main dans les cheveux, sur le visage et souffle. Essaie de se calmer mais y a les drogues qui pulsent dans ses veines, y a la colère dans ses yeux, y a la grimace quand il repense à la scène. Contre eux, contre lui. Contre la vie en général. Ouvre une porte du couloir, classe déserte qui fera l’affaire. « Viens. J’ai pas envie d’avoir un scène en public – encore. » Parce qu’ils se disputent, que tout le monde le sait. Mais qu’ils n’ont pas vraiment besoin de spectateurs pour ça. Parce que ni l’un ni l’autre n’a forcément envie de voir étaler leur vie privée au grand jour, pas comme ça. Il la regarde, soutient son regard sans flancher. « Cadence. » Fait un signe vers la salle, lui laisse qu’à moitié le choix. Mais il la touche plus, il la force pas non plus.
Pas cette fois, pas pour ça.

– c’est une vraie question ? ou t’as juste envie de jouer la victime ? la question esquivée par un retour de bâton en pleine figure, comme si elle n’avait aucune raison d’être posée. comme si ses craintes étaient infondées. victime. ça résonne en elle. à tel point qu'elle n'arrive pas à savoir s'il a choisi ce mot volontairement pour la piquer là où ça fait mal, ou s'il est juste trop bête pour comprendre que ça la ramène à des souvenirs qu'elle préférerait oublier. parce qu'elle a souvent été victime, cady. victime de son premier copain. victime de ceux qui ont fait circulé la vidéo. victime accès de nate. victime de pas mal de mecs, en réalité. et qu'il l'utilise contre elle, se serve de ce "statut" pour mettre fin à une discussion, pour lui rappeler ce qu'elle était avant lui, ça la blesse plus que de mesure. – tu sais quoi nate ? va te faire foutre. se retourne sans pour autant partir, bien consciente que tous les regards sont posés sur eux. et quand ils la voient comme ça, les joues rougies de colère et les yeux tournés vers ses pieds, les autres doivent bien se demander pourquoi elle l’aime. pourquoi elle l’a choisi, lui, quand la file d’attente était déjà largement remplie de prétendants de son rang. pourquoi elle ferme autant les yeux, sur ses crises de jalousie et tous les bruits de couloir à leur sujet. pourquoi elle s’inflige ça. c’est que les gens ont du mal à comprendre leur fonctionnement. les actions qui écorchent les cœurs quand les mots ont du mal à sortir, comme preuve de leur affection. parce qu'au final, cady aime nate, c’est indéniable. elle aime sa relation avec lui, la sécurité qu’il lui apporte. sa façon de regarder droits dans les yeux de ceux qui murmurent à son passage. et la vérité, c’est qu’elle ne se verrait avec personne d’autre. malgré les disputes, malgré la jalousie. tout ça, c'est juste la conséquence explosive de la passion qui les animent. d'un côté, elle, et sa façon passive-agressive de pardonner sans jamais oublier, se confrontant à lui et son éternel manque de confiance en... tout. et d'une certaine façon, elle sait qu'il n'y peut rien, qu'ils sont comme ça et que c'est leur façon d'être ensemble. mais être avec lui, parfois, c'est comme être étouffer sous un oreiller. ne jamais être sûre de pouvoir respirer, mais toujours y parvenir de justesse. alternance continuelle entre peur de mourir et excitation d'avoir survécu. c'est presque aussi exaltant qu'épuisement comme relation. – viens. j’ai pas envie d’avoir un scène en public - encore. il calme le jeu, cherche à poser une trêve dans un endroit un peu plus discret que le hall du lycée, mais garde surtout en tête qu'ils ont un public autour, et que ce public parle. typical nate. la soutient du regard, comme pour la convaincre de le suivre dans la salle de classe, tout en lui laissant le luxe du choix. et elle hésite. parce que justement, est-ce qu'elle a vraiment le choix ? si elle ne le suit pas, est-ce qu'il la rattrapera sur le parking pour s'excuser et lui dire que "t'façon jsuis qu'un connard, pardonne-moi" jusqu'à ce qu'elle craque ? ou alors est-ce qu'il la laissera partir, mais lui fera la gueule jusqu'à tant qu'elle revienne vers lui ? au final, qu'est-ce qu'il restera d'aujourd'hui ? parce qu'elle a l'impression de l'avoir déjà vécue, cette scène. – cadence... mais il abaisse la voix, plonge son regard droit dans dans le sien, lui montre à quel point il sait être doux quand personne ne regarde. et elle frémit. parce que nate, il a ce pouvoir sur elle. cette façon de lui retourner l'estomac d'un seul un coup d’œil, de lui donner envie de rentrer dans cette salle de classe pour voir à quelle sauce elle va être mangée. cette force étrange qui éveille ses désires les plus malsains, brouille ses sens, la pousse à ignorer son instinct et fermer la porte derrière eux. à laisser sa colère dehors, pour le laisser souffler un peu. – désolée... j'ai dépassé les limites. voit bien qu'il a dû mal à redescendre, qu'il déglutis avec difficulté. s'arrête pas pour autant, cherche à le rassurer du mieux qu'elle peut. – ce gars là-bas, il compte pas... j'suis à toi, tu le sais. j'aurais pas- s'interrompt quand elle remarque le diamètre de ses pupilles, la tension dans ses veines. – nate... t'es défoncé là ?

@nate davenport