Tes sorties prendre l'air pour te changer les idées, penser à autre chose qu'à ta mère et ses appels incessants te demandant de l'aide. Tu fais ce que tu peux, mais t'aimerais en faire plus, mais alors beaucoup plus. Or, ne pas être en mesure de le faire à un effet très néfaste sur ton humeur, ce dont pourrait d'ailleurs témoigner le vieux grand-père qui t'a regarder de travers tout à l'heure et que t'a méchamment rabrouer à l'aide d'un joli doigt d'honneur et de jurons plus coloré les uns que les autres qui l'on presque fait mourir d'une crise de cœur tant il avait été choquer par ton manque de respect et ta vulgarité. Non pas que t'en ai quelque chose à foutre. De toute façon, à cet âge, on est déjà à l'article de la mort, non ? Qu'il pète au frette aujourd'hui ou demain, qu'elle est la différence ?
Aller marcher et prendre des photos, voilà la seule chose qui peut te rendre ta bonne humeur en cette après-midi qui a commencer sur une mauvaise note. Tu marches donc, sans aucune destination bien précise en tête. Tu marches juste. Tu attends que quelque chose d'intéressant attire ton regard et celui de ta caméra, quelque chose ou quelqu'un qui va te donner envie de le prendre en photo. Cela dit, jusqu'ici, rien ne t'interpelle, rien qui ne sorte de l'ordinaire, rien que t'ai vraiment envie d'immortaliser dans une image. Tu changes donc tes plans et décide d'aller t'acheter un nouveau t-shirt. Il te reste un peu d'argent que tu peux encore dépenser alors pourquoi pas ?
Après t'être faufilé dans une boutique de vêtements pour homme et femme dont l'insigne coloré t'a attiré, tu t'es de suite mis à la recherche de ce fameux chandail que t'avais l'intention d'acheter. C'est en passant tout près de la section réserver aux femmes, que t'a alors reconnus une petite tête blonde qui t'es bien trop familière pour que tu ne puisses te tromper. Une tête qui appartient à Junior Lasgow, soit l'une de tes anciennes partenaires de vol. Incapable de résister à la tentation de te payer de sa tête, tu t'es approché d'elle sans faire de bruit, bien décidé à la faire sursauter pour te marrer. En t'approchant, t'as pu remarquer qu'elle mettait des trucs dans son sac sans les payer. Or, cela ne te surprenait même pas, ni te choquait. Je dirais même que le contraire t'aurais plutôt surpris. Après tout, c'est de Junior dont on parle ici. Elle a l'air toute mignonne et innocente avec sa petite gueule d'ange, mais ses petits doigts agiles, eux, ils sont bien loin de l'être. Témoin à l'appui !
Alors qu'elle est en train de glisser un bout de vêtement dans son sac, le bruit que fait le mécanisme de ton appareil quand tu l'a prend en photo, brise le silence. Un air faussement choqué plaqué sur le visage, tu lui dis quand elle se retourne enfin : « Je devrais sûrement aller montrer ça au manager de la place, tu ne penses pas ? Voler les honnêtes gens.. je suis scandalisé ! » Bien sûr, tu n'étais pas sérieux et n'avais aucune réelle intention de dire à qui que ce soit ce que tu venais de voir. Tu as toi aussi déjà volé. Cela dit, tu ne l'as pas fait depuis que t'as été placé en centre. Et pour cause, tu n'as plus envie de t'attirer des problèmes. T'essaies de rester de clean. T'essaies de t'éloigner du mec que t'as jadis été, et ce, en vivant le plus honnêtement possible.
ça fait mal de faire des erreurs, mais ça permet de savoir qui on est réellement.
Des couleurs qui te font envie, tes tenues que tu imagines porter. Seulement la grimace qui s'ensuit une fois que tes pupilles se posent sur l’étiquette. Plutôt crever que de devoir allonger des billets pour de simples bouts de tissus qui dans quelques semaines iront forcément rejoindre le petit pas au pied de ton lit, ces fringues que tu ne mets plus, certains qui te font à présent horreur mais que tu prétexteras vouloir mettre lorsqu’une main curieuse et trop vieille pour se trimballer avec voudra piocher. De longues minutes passées dans la cabine d’essayage, si tu ne peux les avoir, tu auras au moins de bons clichés à poster sur tes réseaux, séance shopping pour simple légende. Il y en a des vêtements que tu voudrais ramener, ça te déchire le cœur de devoir les reposer, tu sais parfaitement l’effet qu’ils auraient si tu te pavanais devant certains garçons, pour ne pas dire devant lui. Après tout, ce n’est pas son simple regard que tu cherches à attirer ?
La raison Junior, c’est la seule chose à laquelle tu dois penser. Mais quand après avoir regardé qu’aucun visage n’est en ta direction, le geste est facile. C’est inévitable, ça tombe dans ton sac, tu feinteras l’excuse d’avoir oublié de les déposer, après tout, l’expression désolée sur ton visage, parfois on pourrait te donner le bon dieu sans confession, c’est dans le regard que ça se joue, et si tu arrives à simuler le plaisir charnel, tu arrives tout aussi bien à jouer la pauvre gamine qui a la tête en l’air. C’était sans compter sur le bruit qui se déclenche et sa voix qui vient te faire sursauter. “PUTAIN.” Que tu lâches sans retenue aucune, alors que ton cœur lui s’emballe à une vitesse folle, que le cintre retourne à sa place et cette fois les regards interrogateurs de ces femmes qui vous dévisagent. “Tu te prends pour qui ? Le FBI ?” Les sourcils qui se froncent et le sac où les objets du délit semblent avoir pris position, tu enfonces tes doigts dans son avant-bras, sans ménagement, qu’il ait mal ou pas ça t’importe peu, t’as qu’une envie maintenant, c’est de disparaître.
“T’as intérêt à effacer cette photo sinon…” Tout en l’emmenant un peu plus loin, le pas se veut rapide, en le tirant lui, son appareil et son sourire moqueur, pour chance, les vigiles n’ont rien remarqué, et les bornes semblent ne pas fonctionner, merci les coupures récurrentes d’El Reno ! “Qu’est ce que tu fais là ? T’aimes prendre des photos des femmes dans les cabines, espèce de pervers !” T’as du mal à décolérer quand même, mais faut pas oublier que Kasper a été ton maître dans l’art du vol, il y a… ce que tu penses être des décennies.
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Tes sorties prendre l'air pour te changer les idées, penser à autre chose qu'à ta mère et ses appels incessants te demandant de l'aide. Tu fais ce que tu peux, mais t'aimerais en faire plus, mais alors beaucoup plus. Or, ne pas être en mesure de le faire à un effet très néfaste sur ton humeur, ce dont pourrait d'ailleurs témoigner le vieux grand-père qui t'a regarder de travers tout à l'heure et que t'a méchamment rabrouer à l'aide d'un joli doigt d'honneur et de jurons plus coloré les uns que les autres qui l'on presque fait mourir d'une crise de cœur tant il avait été choquer par ton manque de respect et ta vulgarité. Non pas que t'en ai quelque chose à foutre. De toute façon, à cet âge, on est déjà à l'article de la mort, non ? Qu'il pète au frette aujourd'hui ou demain, qu'elle est la différence ?
