jamais je ne remettrai mon cœur entre tes mains.

jamais je ne remettrai mon coeur entre tes mains ; adallie

fatiguée de toujours devoir lui courir après. l'irritation à son apogée alors qu'elle avance vers ce satané sanctuaire qu'elle hait à l'idée qu'il préfère y passer ses journées plutôt que de lui accorder un semblant d'attention. au moins cette fois elle a une raison de se pointer, alors peut-être qu'il daignera poser son regard sur elle. l'exaspération qui remonte au souvenir de l'imbécile qui traite adriel de chien de garde, à qui elle a dû tirer les vers du nez pour comprendre la situation. sauf qu'elle comprend pas, allie, pourquoi adriel a été menacé un mec qui ne l'a même pas touchée. y'a plus rien qui fait sens avec lui depuis plusieurs mois. oh comme les crises d'angoisse avaient été violentes à la pensée qu'il ne veuille plus rien avoir à faire avec elle, puisqu'il s'obstine à l'éviter depuis son retour. mais il s'embêterait pas à aller coincer un lycéen contre un casier parce qu'ils avaient simplement rigolé ensemble dernièrement, si elle comptait plus pour lui, si ? la question qui l'avait tenue éveillée toute la nuit, l'incertitude qui lui avait vrillé l'estomac. les mêmes doutes qui la stoppent devant le bâtiment, la peur qu'enfin il lui dise qu'eux deux c'est fini. la peur qu'il sache tout et qu'il la regarde avec le même dégoût qu'elle balance à son père. presque tentée de faire demi-tour allie, mais ça serait lui concéder la victoire. les pas reprennent, plus sûrs d'eux qu'auparavant. les regards qui se tournent vers elle quand elle entre, l'impression d'être une bête de foire qui ne font qu'aggraver son humeur alors qu'elle traverse le salle la tête haute. elle s'arrête à quelques pas de lui, le regarde frapper dans ce putain de sac sans prêter attention à sa présence. et enfin, il s'arrête. le coeur qui s'arrête alors que ses yeux se posent sur son torse ruisselant avant de rapidement s'en éloigner. ces mêmes yeux qui se plissent au ton et aux mots clairement ennuyés, de l'huile qu'il renverse sur le feu naissant dans son estomac. « bonjour à toi aussi adriel. je vais bien, merci de t'en soucier. » le sourire mielleux qu'elle ne se permet que puisque non, elle ne décèle heureusement aucun dégoût dans son regard. « et toi, comment ça va ? » l'intérêt qui n'est pas feint malgré le ton utilisé. parce qu'elle aimerait réellement savoir allie, comment va le meilleur ami qu'elle ne voit presque plus. alors elle attend de voir s'il va même daigner lui répondre, avant de déchaîner sa rancœur.

jamais je ne remettrai mon coeur entre tes mains ; adallie

ça lui brise le cœur allie, de voir l'état de leur relation. le besoin d'une raison pour venir le voir, marcher sur des œufs dès qu'ils s'adressent la parole. et avant, il l'aurait accueillie avec au minimum un sourire. la différence de traitement lui fait l'effet d'une gifle, une qu'elle se prend dès qu'elle essaie de lui parler ces derniers temps. l'impression d'être des étrangers alors qu'il est celui qu'elle appelle et ressent her home. la transition brutale quand il avait été arrêté, la douleur des horreurs racontées à son sujet décuplée quand il avait commencé à refuser ses visites. allie repoussée et rejetée sur le côté comme une malpropre, soudain indigne d'être à ses côtés. le mensonge évident qu'elle se prend en pleine gueule, parce qu'adriel avant il lui mentait pas. la douleur qui réapparaît, à l'idée qu'il puisse même plus se confier à elle, qu'il puisse même plus lui dire ce qui ne va pas. et il évite son regard comme d'habitude dernièrement, et la colère gronde. elle peut entendre le tonnerre au loin, et elle a envie de tourner les talons avant qu'elle regrette ce qui risque de sortir de sa bouche. les joues qui chauffent alors qu'elle réalise qu'elle est pas la bienvenue. et allie, elle avait toujours été la bienvenue avec lui, tout comme l'inverse avait toujours été vrai. la relation en cendres, sans même savoir pourquoi. alors elle ignore à nouveau sa question, parce qu'après tout cette histoire avec l'autre imbécile du lycée, c'est qu'un prétexte. « je t'ai fait quoi ? » autant qu'il la renie maintenant pour toujours, plutôt que la laisser lui courir après avec désespoir. sa fierté piétinée par l'attitude lassée qu'il affiche en face d'elle. le besoin de savoir plus fort que la peine qui écrasera son cœur à l'écoute de la réponse.

jamais je ne remettrai mon coeur entre tes mains ; adallie

elle prend presque ça pour un bon signe allie, qu'il se lève pour enfin lui faire face. mais elle devine à son regard soudain dur qu'il s'apprête pas à dire ce qu'elle espérait. le sang qui reflue de son visage à ses mots. "silas m’a tout raconté." le son autour d’eux qui ne semble plus lui parvenir, les secondes qui s’allongent tandis que doucement, la panique s’infiltre et se propage dans ses veines. l’expression calme, qu’elle s’est tant entraînée à perfectionner devant le miroir, qui se glisse sur son visage alors que les vertiges qui l’assaillent lui donnent l’impression de tomber dans le vide. impossible. mais c’est peut-être bien du dégoût qu’elle aperçoit dans les yeux qu’elle connaît par cœur, après tout. son monde qui s’écroule alors qu’elle maudit silas de tout son être. « et qu’est-ce qu’il t’a raconté exactement ? » le ton méfiant pour cacher l’espoir auquel elle s’accroche alors qu’elle le sait déjà vain. peut-être, que ce n’est qu’un malentendu. après tout, elle a beau lui reprocher un paquet de trucs, silas serait pas assez bête pour avouer la vérité maintenant. à moins qu’il ne soit encore plus vicieux qu’elle ne l’imaginait, et qu’il n’en profite pour tourner les choses à son avantage. car après tout, elle l’a pas vu se promener avec un cocard dernièrement. les mains qui se mettent à trembler sous l’intensité de son regard, sous le poids de ses mots suivants. les reproches qui pèsent sur son cœur, la vérité qui tranche net. « je suis désolée… » qu’il sache la vérité ou pas, elle en est pas moins désolée. pour l’avoir trahi, pour l’avoir déçu. au point que la douleur transparaisse dans son regard. « tu peux compter sur moi, je te le jure. ça changera jamais, ça. » allie prête à tout pour lui, le seul qui a su pénétré son cœur dès leur plus jeune âge. celui qu’elle cherche toujours du regard dans les couloirs du lycée, celui pour lequel elle guette les notifications sur son téléphone. eux deux depuis toujours. alors le bordel qu’est devenu leur vie, leur relation, ça la tue. elle voudrait que ça soit comme avant, juste eux deux et parfois silas qui ramène le bout de son nez, et elle qui râle de sa présence. c’était tellement plus simple comme ça. avant. avant qu’adriel soit accusé d’un truc qu’elle a toujours du mal à croire, avant qu’ils soient séparés pendant plusieurs mois, avant qu’elle fasse l’erreur de trop avec celui qu’il faut surtout pas. elle donnerait n’importe quoi allie, pour revenir en arrière.

jamais je ne remettrai mon cœur entre tes mains ; adallie

elle a aucun contrôle sur la situation allie, et c'est sûrement ce qui l'angoisse le plus. il pourrait très bien décider de la planter là et de plus jamais lui adresser la parole, et elle pourrait rien y faire. coupable. parce qu'elle est coupable. le mot qui résonne dans son esprit, et si c'est lui qui a été accusé d'horreurs, au final c'est bien elle la coupable. il a été acquitté, mais elle serait définitivement emprisonnée, loin, très loin du cœur d'adriel. la peur de ce qu'elle peut lire dans son regard qui la fait trembler, et il lui faut du temps allie, pour comprendre. que non, il sait pas. qu'il lui en veut même pas pour le pire de ses actes. et si sa relation avec sa prétendue victime le blesse, elle ose même pas imaginer comment il réagirait s'il apprenait le secret qui la pourrit de l'intérieur. mais il enchaîne adriel, les mots sont durs, le ton est tranchant, et elle recule d'un pas face aux reproches. elle encaisse tout allie, parce qu'il a le droit d'être en colère, mais ses sourcils se froncent alors qu'il continue. « silas ? laisse moi rire. » l'enfoiré qui passe pour l'agneau blanc alors que c'est peut-être bien le pire d'eux deux. elle pourrait se targuer qu'elle l'a toujours su, que toutes ces années passées à le détester avaient une raison, si ça la rendait pas encore plus coupable. et puis il s'attaque à sa fierté, à sa personne, et elle peut plus allie. « ah donc j'aurais dû le larguer, lui et ses côtes cassées ? et j'aurais dû rester assise dans un coin, toute seule pendant que t'étais pas là ? » et la phrase finale fait mal, et elle s'apprête à rétorquer allie, mais son regard bloque sur ses mains en sang. et comme à chaque fois qu'il se blesse les poings, elle referme doucement ses mains sur ses phalanges, témoignage physique qu'elle sera toujours là pour lui. « tu ne m'as même pas laissé venir te voir, adriel. » le souvenir de la détresse face à ce rejet qui lui revient en mémoire, tous ces trajets vers la prison pour finir refoulée par le garde qui partait annoncer sa visite à son meilleur ami. « tu peux me reprocher ce que tu veux, mais la vérité c'est que t'as commencé à me laisser derrière avant que je fasse quoique ce soit. » et elle aimerait justifier toutes ses erreurs comme ça allie, ça serait tellement plus simple. elle sait bien qu'elle ne peut pas, mais elle veut au moins essayer de comprendre, pourquoi il a été le premier à bousiller leur relation.

jamais je ne remettrai mon cœur entre tes mains ; adallie

elle déteste ça allie, toute cette tension avec adriel. eux deux, ça a toujours été évident, ça a toujours été simple. leurs différences, ça leur a jamais posé de vrais problèmes. bien sûr qu'adriel aime pas quand elle traîne trop avec junior, et bien sûr qu'elle s'inquiète à chaque fois qu'il se blesse en se battant. mais jamais, ça n'a risqué de les séparer. elle y a même jamais pensé allie, parce qu'eux deux, c'est pour toujours et c'est évident. peu importe ce qu'il se passera après le lycée, ils trouveront un moyen de rester ensemble. alors tout ce bordel, elle l'a pas vu venir allie. jamais elle n'aurait imaginer voir ce regard là se poser sur elle. et ça bout à l'intérieur d'elle, quand il mentionne silas. « évidemment qu'il a pas hésité. » toute prudence envolée, la rage qu'il puisse penser silas comme un bon samaritain. silas, là pour elle. ah ça, il avait été là, et un peu trop d'ailleurs. beaucoup trop. « qu'est-ce qu'on s'en fout de si je l'aimais ? ça s'appelle de l'empathie, adriel. le mec s'est fait défoncé, j'allais pas en plus de ça le larguer sur son lit d'hôpital putain ! » le ton qui monte, et heureusement que toute la salle a fuit leur confrontation. et elle les remercie allie, parce qu'adriel il y va pas de main morte quand il insulte sa meilleure amie depuis le bac à sable. les yeux qui se plissent pour faire face au choc, alors qu'elle recule comme frappée. et elle voudrait bien le frapper elle aussi, y'a la paume de sa main qui la démange, mais elle en a même pas la force. trop estomaquée par ce qu'il vient de lui balancer à la gueule. « va te faire foutre adriel. » les paroles si semblables aux murmures des couloirs du lycée qu'elle croirait les entendre tout autour d'elle, les voir la pointer du doigt depuis les ombres de la pièce. « de toute la ville, je pensais pas que ça serait toi qui m'insulterait en premier de traînée en face. » ils pourraient pas être plus près l'un de l'autre, mais elle a l'impression qu'ils sont plus éloignés que jamais. « ils ont jamais compté tous ces gens là, et tu le sais. » les relations à foison pour combler la solitude ressentie depuis toujours, et aucune qui a jamais atteint son cœur. une pensée dirigée vers junior, peut-être la seule exception, celle qu'elle refuse de voir en face. « y'a toujours eu que toi. » le seul depuis l'enfance, le seul qui hante ses pensées jour et nuit. « c'est toi, adriel, qui m'a repoussé le premier. je n'ai fait que te courir après depuis que t'as été arrêté, et t'as jamais pris la peine de m'adresser un regard. » y'a plus que de la douleur dans son corps, et elle sait qu'elle ira vomir dès qu'elle sera rentrée chez elle. « reste avec silas, si c'est un si bon ami, s'il est si meilleur que moi. » la vérité qu'elle voudrait lui balancer à la gueule, mais même là, elle est incapable de lui faire du mal volontairement. alors faut qu'elle parte allie, parce que c'est trop dur. la proximité de leurs corps, l'intensité de son regard, la peine qui vrille son cœur. elle reste là, noyée dans ses yeux pendant une longue et douloureuse seconde, avant de lui tourner le dos et de s'en aller. et c'est peut-être l'un des trucs les plus difficiles qu'elle a eu à faire, mais elle peut pas supporter tout le mal qu'il pense d'elle à cet instant. allie et adriel, c'est pas toute cette rancœur, c'est pas toute cette amertume.